Lille : Aubry ménage (encore un peu) le suspense pour 2020

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Par Frédéric DUMOULIN - Lille (AFP)
Publié le 28 septembre 2018 - 19:38
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La maire de Lille Martine Aubry à la mairie de Lille, le 3 août 2018
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© Philippe HUGUEN / AFP/Archives
La maire de Lille Martine Aubry à la mairie de Lille, le 3 août 2018
© Philippe HUGUEN / AFP/Archives

Martine Aubry continue officiellement de ménager le suspense sur sa candidature à Lille en 2020 mais semble bien décidée à mener cet ultime combat politique, notamment pour faire rempart au libéralisme "à tout crin" d'Emmanuel Macron, avec qui "la cassure est totale".

"Je ne dirai rien" sur les élections municipales, a tenu d'emblée à évacuer la maire socialiste lors de sa conférence de presse de rentrée. Tout en glissant un peu plus tard, au détour d'une phrase, qu'il serait "bien temps ensuite de présenter un projet".

Car, à 68 ans, l'ex-ministre de l'Emploi de Lionel Jospin qui avait porté l'emblématique loi sur les 35 heures, est bel et bien dans les starting-blocks. Après avoir lancé en juin son think-tank, "Lille 2030", Mme Aubry a désormais elle aussi son micro-parti, avec une association de financement "Lille avenir", sur laquelle elle pourra s'appuyer pour mener campagne.

Face aux journalistes, celle qui dirige la capitale des Flandres depuis 2001 a égréné toute une série de grands chantiers en cours dans la ville et qui devraient être achevés... d'ici les municipales. Autant de réalisations qu'elle entend mettre en avant lorsqu'elle aura à défendre son bilan devant les Lillois.

Qu'importe si elle avait assuré après sa réélection en 2014 qu'elle ne souhaitait pas faire plus de trois mandats.

"Sauf circonstance exceptionnelle !", rappelle-t-elle aujourd'hui. Et, justement, l'ex-première secrétaire du PS, qui se revendique de "l'Ancien monde" voit dans l'émergence du "Nouveau monde" macronien... une circonstance exceptionnelle.

"Je ne voudrais pas que Lille devienne comme la France, je veux qu'on laisse cette ville mixte, où toutes les catégories sont les bienvenues", martèle Mme Aubry qui n'a jamais vu d'un bon oeil l'émergence d'Emmanuel Macron. "Macron ? Comment vous dire... Ras-le bol !" avait-elle notamment lâché dès septembre 2015 alors qu'il n'était encore que ministre de l'Economie.

- Le beffroi, dernier bastion PS -

Lors de sa conférence de presse, Mme Aubry ne s'est d'ailleurs pas fait prier pour dire tout le mal qu'elle pensait de la politique menée par le chef de l'Etat.

"L'année dernière, c'était le budget de l'injustice, cette année, c'est le budget de la casse sociale (...) On ne peut pas laisser faire ça, on est en train de casser la France", met-elle en garde.

"Comment peut-on parler comme ça quand on est président de la République ? Pour moi, depuis qu'il a dit des gens qu'ils ne sont rien, la cassure est totale", assène encore Mme Aubry.

Des arguments qui font grincer des dents certains, y compris à gauche. "Elle habille l'abandon de sa promesse de ne pas se représenter en se drapant dans un anti-macronisme primaire. Ca ne fait pas un projet", critique un élu socialiste.

"Le problème", c'est que derrière elle, "c'est le désert. Personne n'a réussi à s'imposer comme son successeur naturel, que ce soit Audrey Linkenheld ou François Lamy".

Et le Parti socialiste, longtemps hégémonique dans le Nord, a quasiment tout perdu en quatre ans: le département, la région, la métropole lilloise et ses députés... Le beffroi apparaît ainsi comme le dernier bastion à sauver.

Martine Aubry pense in fine tirer son épingle du jeu et s'amuse, en attendant, des ambitions affichées par les prétendants à sa succession, qu'ils soient déjà lancés - Christophe Itier et Valérie Petit, qui s'affrontent pour l'investiture LREM, et Thierry Pauchet (LR) - ou qu'ils en rêvent, comme le patron du groupe socialiste au Sénat Patrick Kanner. Devenu l'ennemi de Mme Aubry, celui-ci se verrait bien en recours si elle renonçait. Sans oublier La France insoumise, qui a ravi les deux sièges de député au PS en 2017.

"Je souhaite qu'elle soit candidate et je ferai tout pour qu'elle gagne. Elle est un rempart contre toutes les dérives, libérales et populistes", défend auprès de l'AFP son premier adjoint Pierre de Saintignon, fidèle parmi les fidèles qui, lui, entend raccrocher en 2020.

"Aujourd'hui, sur le papier, c'est elle qui gagne. Mais gare au combat de trop !" prévient un élu local.

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