LR : Après six mois, la méthode Wauquiez fait débat

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Par Baptiste PACE - Paris (AFP)
Publié le 22 mai 2018 - 18:09
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Prise de décision solitaire, "intimidation" selon certains, présence parcimonieuse dans les médias: Laurent Wauquiez reste imperturbable mais sa gouvernance suscite doutes et critiques, six mois après son élection à la tête des Républicains.

Certes, 44% des téléspectateurs ont jugé M. Wauquiez convaincant jeudi lors de "l'Emission politique", où celui qui se veut le premier opposant à Emmanuel Macron est arrivé deuxième devant Marine Le Pen (41%) mais derrière Jean-Luc Mélenchon (47%).

De quoi rasséréner ses soutiens alors que leur chef, qui avait plutôt réussi son grand oral sur France 2 en janvier, a depuis perdu du terrain avec la diffusion d'enregistrements dans lesquels il passait au lance-flamme une grande partie de la classe politique devant des étudiants à Lyon.

"Il se trimballe une image d'insincérité terrible", juge une figure du parti.

Difficile également de s'opposer frontalement à Emmanuel Macron, ce "président de droite qu'on n'attendait pas", dixit Jean-François Copé.

"On s’oppose avec un logiciel qu’on employait face à la gauche et c’est une erreur", juge un parlementaire qui ne prise guère l'image "aboyeuse" renvoyée par les jeunes députés en pointe contre le gouvernement (Fabien Di Filippo, Aurélien Pradié...).

Avec 8% d'intention de vote à la présidentielle dans un récent sondage, un certain scepticisme s'installe dans les rangs et la méthode de M. Wauquiez est pointée du doigt, notamment sa relative discrétion médiatique.

"Il ne veut pas commettre la même erreur que Copé" qui avait "démonétisé son image" en multipliant les interventions, explique son entourage.

En interne, le président d'Auvergne-Rhône-Alpes avait averti d'emblée: "les chapelles, c'est terminé". Les instances ont été renouvelées, avec un bureau politique aux accents "rhônalpins", de l'avis général. M. Wauquiez en a également créé ou relancé de nouvelles, du "conseil des sensibilités" au "comité stratégique".

"Ce n'est pas quelqu’un qui partage toujours la décision, plutôt quelqu'un d’intuitif, qui teste des idées, compartimente les choses. Ca crée des frustrations, des incompréhensions", décrypte un dirigeant.

"Si j'en crois le nombre d'élus qui n'ont pas encore intégré l'équipe et qui témoignent de leur disponibilité, ça n'est pas le bagne", assure-t-on à la présidence.

Alors que M. Wauquiez doit déjà compter avec l'opposition interne de Valérie Pécresse, plusieurs membres de "sa" direction décrivent une gouvernance solitaire, un chef s'appuyant essentiellement sur ses proches collaborateurs.

"Il ne règne que par l'humiliation, la menace et l'intimidation", lâche une source proche de la direction tandis qu'une autre le voit enfermé dans "une forme de paranoïa".

-'Sur le temps long'-

"C'est toujours plus facile de se plaindre en dehors des réunions de direction", rétorque la porte-parole Laurence Sailliet.

"Il leur fait un peu peur", relève un soutien, tandis que son entourage ne "nie pas" une prise de décision "rapide" mais jugée préférable à la "cacophonie".

Cité en contre-exemple, le "cas d'école" Darmanin: l'appel à la démission du ministre des Comptes publics, depuis mis hors de cause dans des enquêtes pour viol et abus de faiblesse, est tombé un lundi matin, avant d'être débattu en réunion le mardi. Cacophonie assurée sur un sujet sensible. "Il a maintenu Darmanin au pouvoir", regrette un dirigeant.

"On pourrait arriver au même résultat avec quelque chose de plus participatif", estime un député qui dénonce cependant un "faux procès" intenté au patron de LR, "accessible et à l'écoute, contrairement à ce qu'on croit".

"Laurent Wauquiez, ce n'est pas François Hollande. C'est un chef: il n'hésite pas à trancher. Mais il consulte beaucoup", défend un proche.

Président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau juge qu'il est "trop tôt" pour ausculter la méthode Wauquiez. "Il est sur le temps long, il veut porter l'étendard de la droite sur les cinq prochaines années", rappelle le vice-président Damien Abad.

Mais à un mois du Conseil national consacré à l'Europe, beaucoup ont relevé le propos prêté par Le Canard enchaîné à Nicolas Sarkozy, qui pousserait M. Wauquiez à prendre lui-même la tête de liste LR pour les européennes. Le "baiser qui tue", selon un ténor.

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