Mayotte : le gouvernement s'apprête à faire des annonces pour le développement

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Par Ornella LAMBERTI, avec Cécile AZZARO à Paris - Mamoudzou (AFP)
Publié le 14 mai 2018 - 19:11
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La ministre des Outre-mer, Annick Girardin, en déplacement à Mayotte, s'apprête à faire des annonces pour le développement de l'île, dans un contexte tendu avec les Comores, mais dans une ambiance plus détendue que lors de sa dernière visite, malgré le refus des acteurs du mouvement social de la rencontrer.

Alors que son dernier déplacement en mars dernier sur l'île avait été l'objet de manifestations et d'un accueil houleux de la part d'une population très remontée contre le gouvernement face à une immigration massive venue des Comores, la ministre a été accueillie dimanche dans une ambiance plus chaleureuse.

L'intersyndicale et le collectif de citoyens à l'origine du mouvement social qui a paralysé l'île en mars et avril dernier, n'ont pas prévu de manifestation. Mais alors qu'ils devaient être reçus mardi matin par la ministre, ils ont indiqué lundi soir qu'ils ne se rendraient pas à son invitation, dénonçant une "absence de concertation réelle".

"La méthode reste la même: faire semblant d'écouter mais décider pour nous sans nous !", ont-ils déploré, annonçant qu'ils tiendront une conférence de presse mardi, juste avant que la ministre ne dévoile un plan de développement pour Mayotte, en réponse à la demande de la population d'un rattrapage avec la métropole.

La ministre doit apporter "une réponse sur les questions sociales et économiques, parler logements, aménagement du territoire, éducation, santé", avait-elle précisé avant son arrivée.

Mme Girardin devrait notamment reprendre certaines des mesures sociales déjà annoncées par Edouard Philippe mi-avril, comme la création d'une Agence régionale de santé et d'un rectorat "de plein exercice", l'accélération des constructions de classes pour répondre au manque d'infrastructures scolaires, l'exonération de ticket modérateur (le reste à charge) pour les "affiliés sociaux" ou encore des moyens supplémentaires pour le centre hospitalier de Mamoudzou.

Lundi, elle s'est rendue sur le terrain, notamment pour constater à Chirongui (sud) le dispositif de sécurisation des écoles et des transports scolaires mis en place après les violents incidents qui ont eu lieu aux abords des établissements scolaires et dans les transports en début d'année, à l'origine du mouvement de contestation populaire qui a paralysé l'île.

Cette crise sociale majeure n'est pas encore complètement terminée, malgré la levée totale des barrages début avril. La population continue de dénoncer une immigration clandestine massive venue des Comores voisines, source selon elle de l'insécurité de l'île.

-"Guerre civile en marche"-

Une crise ravivée par le conflit diplomatique avec les Comores voisines. Alors que les autorités françaises avaient, pour apaiser les Mahorais, multiplié début avril les expulsions de Comoriens sans papiers, Moroni, qui revendique toujours la souveraineté sur Mayotte, a refusé de laisser revenir sur son territoire ses citoyens refoulés.

Début mai, la France a suspendu la délivrance de visas aux ressortissants comoriens.

La ministre a appelé dimanche à la patience, reconnaissant que le temps des échanges diplomatiques en cas de crise était "toujours trop long".

Elle a dû également démentir une nouvelle fois tout projet de "Communauté de l’archipel des Comores".

Ce projet prêté aux gouvernements français et comorien, qui inclurait Mayotte et les trois îles comoriennes (La Grande Comore, Anjouan et Mohéli), inquiète depuis plusieurs jours population et élus mahorais. Une manifestation contre ce projet a rassemblé plus d'un millier de personnes jeudi à Mamoudzou. Une banderole avertissait notamment d'une "guerre civile en marche à Mayotte".

"Combien de fois faudra-t-il le dire ? Mayotte est Français et restera Français (...) tant que les élus de ce territoire le souhaitent", a assuré la ministre.

Mais les Mahorais ne décolèrent pas. Depuis plusieurs semaines, certains n'hésitent plus à chasser eux-mêmes les clandestins, lors d'opérations de "décasages" (expulsions) plus ou moins violentes.

De nouvelles opérations ont d'ailleurs eu lieu dimanche, à Mtsamoudou (sud). Plusieurs dizaines de personnes, accusées d'être en situation illégale, ont été délogées et leurs habitations détruites par des habitants.

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