Mélenchon revient à une confrontation directe avec Le Pen

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Par Baptiste BECQUART - Paris (AFP)
Publié le 23 janvier 2019 - 17:49
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Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France Insoumise, le 18 janvier 2019 à Marseille
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© Christophe SIMON / AFP/Archives
Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France Insoumise, le 18 janvier 2019 à Marseille
© Christophe SIMON / AFP/Archives

Le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a multiplié ces derniers jours les attaques frontales contre Marine Le Pen, disputant à cette "opposante de confort" à Emmanuel Macron la défense des "gilets jaunes".

"Le Pen rejoint l'UE", "Le Pen adhère au club du système", "Le Pen fait les yeux doux au système": ces titres défilent depuis le weekend sur la page d'accueil du blog de Jean-Luc Mélenchon, à l'approche des élections européennes.

Vendredi déjà, il consacrait à la patronne du Rassemblement national plusieurs minutes de ses voeux, dans des accents rappelant la confrontation directe des campagnes présidentielle et législatives de 2012 - quand il avait défié Marine Le Pen sur ses propres terres, à Hénin-Beaumont.

Le patron des députés LFI a attentivement observé le meeting de lancement de la campagne européenne du Rassemblement national, samedi dans le Vaucluse. Marine Le Pen y a notamment rencontré une délégation de "gilets jaunes" pour apparaître comme seule alternative à Emmanuel Macron.

M. Mélenchon écrit: "Les passages les plus applaudis de son discours sont les plus grossièrement antimigrants. Ses enthousiastes sont peu regardants. Car si elle dit vouloir rétablir les frontières nationales, elle affirme aussi vouloir conserver en même temps Frontex, l’agence européenne de garde-frontières. Cette Europe-là lui convient".

Il ajoute: "Sur l’Union européenne, le discours de Marine Le Pen est devenu des plus conciliants pour ses traités et ses institutions. (...) Elle confirme que son parti, contrairement à LFI, n’a pas l’objectif de sortir des traités européens".

Parallèlement, les cadres insoumis postent sur les réseaux sociaux des comparatifs entre les revendications des "gilets jaunes" et les propositions du RN, les estimant incompatibles sur les institutions et les salaires, notamment.

- "Hémorragie" -

Il s'agit de réagir "en légitime défense" contre "le confusionnisme" entre RN et LFI entretenu par "les grands médias", la Macronie et une partie de la gauche, qui "traitent Mélenchon en ennemi public numéro 1 et "servent la soupe à Marine Le Pen", affirme à l'AFP Thomas Guénolé, coresponsable de l'Ecole de formation insoumise. Ce politologue a lui-même écrit une tribune dans Valeurs actuelles soulignant le "gouffre" qui sépare le "populisme de gauche", de "justice sociale" porté par LFI, et le "populisme de droite", "identitariste" du RN.

"Mélenchon s'est engagé à fond derrière les +gilets jaunes+, mais il a été piégé par Le Pen, ce qui l'oblige à remettre des digues", observe un responsable d'une autre formation de gauche. Et Marine Le Pen en personne a malicieusement avancé que des "convergences" existaient avec LFI, en dehors des thèmes migratoires.

"Notre travail est de montrer que les revendications des +gilets jaunes+ ne sont pas résolues par l'extrême droite", "opposante de confort" pour Emmanuel Macron, explique de son côté Manuel Bompard, directeur des campagnes de LFI.

Même si "une alliance avec l'extrême droite n'a jamais été le propos de Mélenchon", la clarification s'est imposée, car "parmi les +gilets jaunes+, sur les ronds-points il y avait des gens proches des Insoumis et des gens proches du RN", analyse Stéphane Rozès, politologue et président de la société de conseils CAP. Or, selon ce dernier, avec cette confrontation directe, "Mélenchon essaie de stopper l'hémorragie vers le RN de certaines catégories populaires qui avaient voté pour lui" à la présidentielle de 2017.

En effet, les Insoumis, engagés "dans une course de vitesse avec l'extrême droite", des mots du député LFI Alexis Corbière en décembre, ne peuvent que constater le retour en dynamique de Marine Le Pen à la faveur des "gilets jaunes".

Dans les sondages, sa liste aux européennes est la seule à rivaliser avec LREM, tandis que la liste LFI est régulièrement reléguée 10 points derrière, autour de la barre des 10%. Pire, selon une enquête Ifop le 8 janvier, le RN a chipé à LFI la place de formation "incarnant le mieux l'opposition", avec 35% contre 30 (-12 en quatre mois).

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