Nouvelle-Calédonie : élections-clés six mois après le référendum sur l'indépendance

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Par Claudine WERY - Nouméa (AFP)
Publié le 11 mai 2019 - 22:21
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A la mi-journée, la participation dans le référendum pour ou contre l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie était largement supérieure à celle pour les élections provinciales de 2014 à la même heure
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© Theo Rouby / AFP
Vote lors d'un référendum sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie, le 4 novembre 2018 à Nouméa
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Six mois après le référendum qui a rejeté l'indépendance, les électeurs calédoniens sont appelés aux urnes dimanche pour renouveler les institutions locales de l'ultime mandat de l'accord de Nouméa qui doit achever le processus de décolonisation.

Dans le paysage sortant, les indépendantistes du FLNKS ((Front de Libération Nationale Kanak Socialiste) dirigent le Nord et les Loyauté tandis que le Sud est aux mains de la droite loyaliste. Calédonie Ensemble (CE, droite modérée) préside actuellement l'exécutif.

Quelque 169.635 électeurs sont inscrits pour ce scrutin, restreint à la "population concernée" par l'avenir politique de l'archipel, de sorte qu'un des obligations majeures pour figurer sur les listes est de résider de manière continue dans l'archipel depuis au moins novembre 1998.

Au total, 25 listes, soit pas moins de 934 candidats, sont en lice: 11 listes dans la province sud (40 élus), la plus riche et la plus peuplée (108.516 électeurs), six dans la province Nord (22 élus) et huit dans la province des îles Loyauté (14 élus).

Dans une architecture institutionnelle à plusieurs étages, 54 des 76 élus provinciaux siègent à l'échelle territoriale au Congrès, qui élit ensuite un gouvernement collégial.

Le mode de scrutin de listes proportionnel à un tour nécessite d'obtenir au minimum 5% des inscrits pour pouvoir participer à la répartition des sièges. Un système qui, compte tenu du poids démographique du Sud, engendre une "sur-représentativité" des provinces indépendantistes, dénoncée par la droite.

En effet, une liste du Sud doit rassembler 5.425 voix pour avoir des élus, tandis qu'il n'en faut que 2.000 dans le nord et 1.000 aux Loyauté. Mandat après mandat, les indépendantistes gagnent du terrain depuis 1998 et disposent dans le Congrès sortant de 25 élus sur 54.

- Jeu égal -

Six mois après le référendum sur l'indépendance perdu avec un score de 43,3% bien supérieur aux annonces des sondages, les indépendantistes espèrent surfer sur cette dynamique et prendre les rênes du Congrès et du gouvernement.

Incapable de s'unir, la droite, fracturée en deux blocs irréconciliables - Calédonie Ensemble (CE,droite modérée) et l'Avenir en Confiance (proche de LR)- n'exclut pas l’hypothèse.

"Je crains une instabilité si les indépendantistes ont la majorité parce qu'on va rentrer dans un tunnel difficilement compréhensible (...) où un pays, majoritairement contre l'indépendance sera gouverné par les indépendantistes", estime le député Philippe Gomes, tête de liste C.E dans le Sud.

Un jeu égal entre les deux camps adverses est également probable tandis qu'en cas de victoire loyaliste, une alliance entre CE et Avenir en confiance semblerait hasardeuse tant toutes les précédentes tentatives ont tourné au fiasco.

Dans ce contexte, Paris va devoir échafauder un nouveau statut pour la Nouvelle-Calédonie avec des partenaires qui ont tous des visions divergentes de la fin de l'accord de Nouméa.

Cette semaine, Paul Néaoutyine, président de la province nord et incontournable interlocuteur du FLNKS, a affirmé que "la pleine souveraineté était la seule porte de sortie" de cet accord.

Persuadés que le rapport de force peut s'inverser, les indépendantistes veulent aller "jusqu'au bout" du texte, qui prévoit l'organisation d'un deuxième et éventuellement d'un troisième référendum.

La mouvance LR veut organiser "au plus vite" les prochains référendums, espérant améliorer le score des pro-français et discuter ensuite "avec fermeté" avec le FLNKS.

Enfin, CE considère qu'il "ne sert à rien" de poser encore deux fois la même question "qui donnera le même résultat". Ce parti, partisan d'un dialogue constant avec les indépendantistes, prône un référendum "d'avenir partagé" sur une solution "de souveraineté dans la République".

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