Marine Le Pen s'indigne d'un examen psychiatrique la visant

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Par Anne RENAUT, Anne LEC'HVIEN - Paris (AFP)
Publié le 20 septembre 2018 - 15:45
Mis à jour le 21 septembre 2018 - 10:18
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Marine Le Pen s'est insurgée jeudi contre un expertise psychiatrique ordonnée par la justice dans le cadre de l'enquête la visant pour avoir diffusé des photos d'exactions du groupe État islamique sur Twitter, un examen pourtant prévue par la procédure pénale.

"C'est proprement hallucinant. Ce régime commence vraiment à faire peur", a écrit sur son compte Twitter la présidente du Rassemblement national (RN, ex-FN). C'est elle-même qui a rendu publique cette mesure, en joignant à son message l'ordonnance de l'expertise, datée du 11 septembre.

Sollicité par l'AFP, le parquet de Nanterre a rappelé que Mme Le Pen avait été mise en examen pour "diffusion de message violent susceptible d'être vu ou perçu par un mineur", un délit réprimé à l'article 227-24 du code pénal.

Pour ces infractions, la loi impose que les personnes poursuivies soient soumises à une expertise médicale, selon l'article 706-47-1 du code de procédure pénale.

- "Régimes totalitaires" -

Marine Le Pen est poursuivie pour avoir tweeté le 16 décembre 2015 trois photos d'exactions du groupe EI, en réponse au journaliste Jean-Jacques Bourdin qu'elle accusait d'avoir "fait un parallèle" entre l'EI et le FN.

Ces images, qu'elle accompagnait des mots "Daech, c'est ça", montraient un soldat syrien écrasé vivant sous les chenilles d'un char, un pilote jordanien brûlé vif dans une cage et une photo du journaliste américain James Foley, le corps décapité et la tête posée sur le dos.

Quelques semaines après les attentats du 13 novembre 2015, les pires jamais commis en France, cette publication avait immédiatement soulevé un tollé au sein de la classe politique mais aussi au-delà.

"Je croyais avoir eu droit à tout: eh bien non ! Pour avoir dénoncé les horreurs de Daech par tweets, la +justice+ me soumet à une expertise psychiatrique ! Jusqu'où vont-ils aller ?!", a encore tweeté la finaliste de la présidentielle en 2017.

Dans les couloirs de l'Assemblée, la députée, avocate de formation, a affirmé qu'elle ne se rendrait "bien entendu" pas à cet examen. Dans les faits, quand une personne refuse de se soumettre à un examen de ce type, l'expert se borne à constater son absence et à la notifier aux magistrats.

"Dans les régimes totalitaires c'est une des méthodes qui est utilisée contre les opposants", a affirmé Mme Le Pen.

"Ça commence à faire beaucoup, les tentatives pour nous ruiner, les affaires qui sont créées de toute pièce", a-t-elle ajouté, s'estimant "persécutée" par les juges. Le RN conteste la saisie d'une aide publique par la justice, qui enquête sur des emplois fictifs du parti au Parlement européen.

- Soutiens italien, américain -

Son allié italien et ministre de l'Intérieur Matteo Salvini lui a exprimé son soutien, se disant "solidaire avec elle et avec les Français qui aiment la liberté".

Depuis les États-Unis, Steve Bannon, ancien conseiller du président Donald Trump, s'est indigné contre "la psychiatrisation de l'opposition politique", selon lui "une tactique habituelle en URSS, reflétant davantage la folie du régime que celle de sa cible".

"Prochaine étape le goulag?", s'est aussi demandé Nicolas Dupont-Aignan, son ancien allié à la présidentielle, président de Debout la France.

Pourtant exclu du parti depuis 2015, Jean-Marie Le Pen, cofondateur du FN (devenu RN), s'est lui aussi fendu d'un tweet: "L'insolence de certains magistrats n'a plus de limite" à l'encontre de la "cheffe d'un grand parti".

Le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon a estimé que ce n'était "pas avec des méthodes pareilles qu'on fera reculer l'extrême droite". Celui qui avait qualifié Mme Le Pen de "semi-démente" en 2012 a exprimé son "désaccord total avec la psychiatrisation de la décision politique". "Madame Le Pen est politiquement responsable de ses actes politiques".

Il s'agit d'une "poursuite absurde qui dénature la lettre et l’esprit d’un texte destiné à protéger les mineurs", a tancé jeudi soir l'avocat de Mme Le Pen, Me David Dassa Le Deist, précisant que sa cliente, mise en examen depuis le 1er mars, allait demander à être placée sous le statut de témoin assisté - statut intermédiaire entre mis en examen et simple témoin.

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