Quand la jeune garde LR harcèle la majorité à l'Assemblée

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Par Charlotte HILL - Paris (AFP)
Publié le 02 août 2018 - 16:51
Mis à jour le 03 août 2018 - 12:00
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Le député LR Fabien Di Filippo à l'Assemblée nationale le 02 août 2017
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© JACQUES DEMARTHON / AFP/Archives
Le député LR Fabien Di Filippo à l'Assemblée nationale le 02 août 2017
© JACQUES DEMARTHON / AFP/Archives

Pour eux, l'affaire Benalla a été du pain bénit. La jeune garde turbulente des députés LR élus en 2017 harcèle depuis des mois la majorité, et déconcerte parfois jusqu'à son propre camp.

Ces trentenaires déjà roués, souvent proches de la ligne droitière du président du parti Laurent Wauquiez, ont "compris qu'il y a une injonction implicite dans un groupe d'opposition: +Ouvre-la !+", note Marc Le Fur, vice-président LR de l'Assemblée.

Fabien Di Filippo, Pierre-Henri Dumont, Thibault Bazin, Robin Reda, le plus discret Raphaël Schellenberger, et parmi les rares femmes Emilie Bonnivard...: lorsque l'hémicycle se dégarnit le soir ou en fin de semaine, l'un de ces jeunes loups est souvent là pour dégainer la parole du groupe.

Certains sont devenus des vedettes du théâtre hebdomadaire des questions au gouvernement, à grands renforts de claquages de pupitres et d'invectives. Aurélien Pradié, 32 ans, un exemple parmi d'autres, a ainsi gratifié Edouard Philippe du titre de "chef d’orchestre du Titanic", alors que le Premier ministre s'exprimait sur l'affaire Benalla.

Ce membre du mouvement "Les Populaires" lancé par Guillaume Peltier au sein de LR se voit régulièrement reprocher de "vociférer" par le président LREM de l'Assemblée, François de Rugy. Lui-même revendique un rôle de "pirate en cravate", et affirme hautement sur Twitter qu'"en politique, les gens sages ont généralement quelque chose à cacher".

Fabien Di Filippo (Moselle), 32 ans et déjà promu secrétaire général adjoint du parti, s'est fait de son côté une spécialité des questions posées en boucle. Sur le projet de loi asile-immigration, la tactique a fait sortir de ses gonds la ministre Jacqueline Gourault, à qui M. Di Filippo demandait sans cesse s'il existait un "plan caché de 40.000 régularisations".

La plupart de ces élus ont été maires très jeunes, à l'instar de Raphaël Schellenberger, plus jeune édile d'Alsace à 28 ans, ou Thibault Bazin, qui devint maire à 23 ans d'une petite ville de Meurthe-et-Moselle. Certains, comme Ian Boucard, ont connu le Palais Bourbon en tant qu'assistants parlementaires.

- Diesel et clopes -

Du côté des ténors LR, ces "jeunes talents" sont salués comme "bons, bosseurs". "Ils ont de l'appétit" et "savent jouer collectif" dans un groupe de "survivants de 2017" qui prépare "l'après-Macron!", déclare à l'AFP Guillaume Larrivé. Plus nuancé, un LR chevronné "regrette dans un sens l'ancien monde, où les partis cadraient avant ces types un peu tout fous".

La ligne jaune est parfois franchie. Robin Reda, 27 ans, porte-parole de Libres!, dirigé par Valérie Pécresse, avait ainsi dû s'excuser après des propos jugés "misogynes" envers Yaël Braun-Pivet, présidente LREM de la commission des Lois. Mais "quand on fait une sottise dans l'opposition, c'est moins grave", juge un de ses collègues LR.

Côté majorité, certains reconnaissent que dans un groupe LR réduit à 103 et qui "n'arrive pas à se positionner", ces jeunes sont efficaces, même si ces "mini-Wauquiez" usent "de vieilles méthodes". "Il y en a que je trouve très réacs pour leur âge", affirme Olivier Véran, ne les trouvant cependant "pas antipathiques".

Un autre LREM, issu de LR, raille des députés qui "parlent à une niche électorale: des gens qui vivent en milieu rural, ont plus de 65 ans, roulent au diesel et fument des clopes. On ne peut pas bâtir un projet politique juste en se faisant l'écho de mécontentements".

Quand elle pense à l'avenir, cette jeune garde prend exemple sur Damien Abad, arrivé à l'Assemblée en 2012, et aujourd'hui vice-président du parti. Le contre-gouvernement LR ("shadow cabinet"), dont l'annonce est attendue prochainement, pourrait leur donner l'occasion de prendre à leur tour du galon.

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