Renouveler les modes de revendications : le casse-tête des syndicats

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Par Bertille OSSEY-WOISARD - Paris (AFP)
Publié le 09 octobre 2018 - 06:00
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Pour attirer de nouveaux adhérents et se montrer plus efficaces, les syndicats réfléchissent à une manière différente de manifester, mais aussi à de nouvelles formes de revendication, comme les "flash-mobs", les pétitions ou une présence accrue sur les réseaux sociaux.

Ce mardi, la CGT, FO, Solidaires et les organisations de jeunesses organisent une nouvelle journée de mobilisation, contre la politique "idéologique" du gouvernement.

Comme toujours, sont programmées un peu partout en France des grèves et les traditionnelles manifestations, avec les leaders syndicaux dans le "carré de tête" tenant une banderole de revendication, des slogans lancés, des tracts distribués, des pétards et des militants chantant l'"Internationale" ou "Bella Ciao". Peut-être aussi un "cortège de tête", fourmillant de jeunes, de syndicalistes, de manifestants et de "black blocs" -- ces militants de l'ultragauche vêtus de noir aux actions parfois violentes contre des cibles symboliques, comme les banques.

"Il y a peu d'originalité dans les manifestations", reconnait Pascal Pavageau, secrétaire général de Force ouvrière.

"Depuis deux ans, des militants préfèrent aller dans le +cortège de tête+ qui est très mélangé, très dynamique", souligne de son côté Eric Beynel, porte-parole de Solidaires.

Il se dit "très mal à l'aise" avec la manière dont les manifestations sont organisées actuellement, avec chaque syndicat sous sa bannière propre et le "côté festival de Cannes" du carré de tête, noyé sous une nuée de caméras, appareils photos de journalistes. Il rêve d'une suppression pure et simple de ce carré de tête, d'un mélange de militants des différents syndicats dans les cortèges et de davantage de pancartes écrites et drapeaux dessinés par les manifestants.

La manifestation organisée le 5 mai par François Ruffin, député de la France insoumise, pour "La fête à Macron", a marqué les militants syndicaux, qui d'ailleurs y étaient nombreux. "Il y avait des familles avec enfants, c'était joyeux, festif, avec des chars, pique-nique géant. Nous, on n'arrive pas à faire tout ça", regrette un haut responsable CGT.

- 'Solutions miracles' -

La manifestation reste l'outil traditionnel de revendication, de même que la grève, qui permet d'"établir le rapport de force, celui qui va peser dans la négociation", souligne M. Pavageau. Pour autant, elles sont de moins en moins suivies, et forcent les syndicats à réfléchir à d'autres formes.

"La réflexion, c'est comment on remobilise les salariés, les agents pour que ce ne soit pas uniquement des mouvements de militants. Il faut aussi qu'on travaille sur le numérique et les façons de créer les communautés, partager nos positionnements auprès du plus grand nombre et pouvoir mobiliser au moment venu et faire nombre", souligne Marylise Léon, numéro deux de la CFDT.

Il n'y a pas "dans les cartons des solutions toute faites", reconnaît-on à la CFDT, ni de "solutions miracles"(FO), mais une chose est sûre, selon Philippe Martinez, le numéro un de la CGT: "il nous faut inventer de nouvelles formes de lutte".

Pour s'inspirer, les confédérations ont les yeux rivés sur les initiatives syndicales dans les entreprises ou en régions. Parmi elles: les "flashmobs", des vidéos humoristiques de militants reprenant des thèmes de films, voire les pétitions sur internet, que les grandes centrales ont jusqu'à présent boudées. Les personnels hospitaliers ne peuvent pas manifester lorsqu'ils sont assignés, mais "ils pourraient porter des blouses noires", avance encore comme idée M. Martinez.

Pour Catherine Vincent, chercheuse à l'institut de recherches économiques et sociales (Ires), le fait de réfléchir à des modes d'action au niveau national qui ne soient pas la grève ou la manifestation, "c'est vieux comme le syndicalisme, mais le phénomène s'est accentué ces dernières années en raison de la désyndicalisation".

Se renouveler est d'autant plus important pour les syndicats qu'ils s'inquiètent de voir les salariés ou agents s'emparer de méthodes radicales, comme la grève de la faim, utilisée cet été dans le milieu hospitalier, ou la séquestration de dirigeants, qui a eu cours notamment au début des années 2000. Il est "aussi important de ne pas laisser la place à des mouvements extrémistes", ajoute M. Pavageau.

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