Suppression de l'ENA : son directeur pointe une "responsabilité collective"

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Par Hervé ASQUIN - Strasbourg (AFP)
Publié le 26 avril 2019 - 21:31
Mis à jour le 27 avril 2019 - 00:26
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Emmanuel Macron a annoncé jeudi soir la "suppression de l'ENA" lors de sa première grande conférence de presse solennelle à l'Elysée. Directeur de l'école, Patrick Gérard pointe une "responsabilité collective" et admet qu'il "faut passer à la vitesse supérieure" pour ouvrir davantage les portes de la haute fonction publique aux étudiants d'origine modeste.

QUESTION : L'annonce de la fermeture de l'ENA était assez brutale. Comment a-t-elle été ressentie ?

REPONSE : Les élèves et les agents de l’ENA sont des fonctionnaires. Ils savent que leur mission est de mettre en œuvre la politique du gouvernement. En revanche, ce qui les a profondément blessés, c’est d'entendre, pendant les dix jours qui ont précédé, des hommes politiques ou des commentateurs qui ignoraient ou niaient leur profond engagement au service de l’Etat. Maintenant, il faut attendre les propositions que fera M. Thiriez (Frédéric Thiriez, désigné par Emmanuel Macron pour conduire une mission sur la formation des hauts fonctionnaires, NDLR).

QUESTION : L'ENA compte-t-elle être associée à une réforme dont elle est la première victime ?

REPONSE : Nous aurons l’occasion de faire part à Frédéric Thiriez des transformations déjà entreprises et des propositions que nous avons à mettre sur la table pour répondre aux nombreux défis. Mais nous n'avions pas attendu pour ouvrir le concours de l'ENA dès cette année aux docteurs en sciences ou nous rapprocher des universités de Paris Sciences et Lettres ou de celle de Strasbourg. Il y a aussi des enseignements communs avec d’autres écoles du service public et surtout l'ouverture d’une deuxième classe préparatoire intégrée à l'ENA. On l'ignore trop souvent mais l'école a créé dès 2009 à Paris une classe destinée aux étudiants brillants d'origine modeste. Depuis dix ans, une dizaine d'entre eux ont réussi le concours et intégré l'école et plus de 80, d'autres concours administratifs importants.

QUESTION : L'ENA se reconnaît-elle une part de responsabilité dans ce qui lui arrive ?

REPONSE : La responsabilité est évidemment collective. Il y a d'abord le système éducatif qui n’arrive pas à lutter contre l’autocensure des élèves et étudiants les plus modestes ou les plus éloignés des grandes métropoles. Ils n'osent pas se présenter aux concours des grandes écoles. Mais il y a aussi les gouvernements successifs qui ont restreint l’accès à l’ENA en réduisant le nombre des postes au concours d’entrée – ils étaient 163 dans la promotion Voltaire (celle de François Hollande en 1980, NDLR), ils ne sont plus que 80 aujourd’hui ce qui rend le concours encore plus difficile. Dans le même temps, on créait de nouveaux concours de conseillers de tribunaux administratifs ou de sous-préfets, ce qui incitait certains à renoncer à tenter celui de l'ENA. De notre côté, nous avons sans doute mis trop en avant les savoirs académiques dans le recrutement et le classement de sortie des élèves. Nous avions commencé à y travailler. Mais il faut passer à la vitesse supérieure.

QUESTION : Et vous ? Quelle sera votre avenir ?

REPONSE : J’ai toujours assumé les responsabilités qui m’étaient confiées tant que je pouvais être utile.

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