Woerth, parlementaire respecté, déjà trois fois relaxé et à nouveau mis en examen

Auteur:
 
Par Baptiste PACE - Paris (AFP)
Publié le 29 mai 2018 - 21:33
Image
Laurent Wauquiez, président de LR, à Arcachon en Gironde, le 6 février 2018
Crédits
© Nicolas TUCAT / AFP/Archives
Eric Woerth a été mis en examen mardi pour "complicité de financement illégal de campagne" dans le cadre de l'enquête sur des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, a annoncé à l'AFP son avocat.
© Nicolas TUCAT / AFP/Archives

Eric Woerth, mis en examen dans le cadre de l'enquête sur des soupçons de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, est un parlementaire respecté, réputé pour son calme en toutes circonstances, qui avait déjà été inquiété, et relaxé, dans l'affaire Bettencourt.

Depuis 2015, M. Woerth était devenu l'archétype du dirigeant inquiété par la justice et finalement mis hors de cause au terme d'un long calvaire médiatique. Comme un avertissement lancé aux commentateurs et aux opposants dès qu'une nouvelle affaire politico-financière est portée sur la place publique.

Réélu député de l'Oise en 2017, Eric Woerth a connu deux fois ce scénario. Il a d'abord été inquiété dans l'affaire de la vente contestée de l'hippodrome de Compiègne révélée par le Canard enchaîné en 2010 et soldée par un non-lieu de la Commission d'instruction de la Cour de justice de la République. Un "torrent de boue" de quatre ans, avait-il commenté à l'époque.

Il fut ensuite doublement relaxé dans l'affaire Bettencourt en 2015 après "cinq ans d'accusations malveillantes et mensongères, parfois instrumentalisées par des femmes et des hommes politiques sans scrupules", selon ses termes.

La justice soupçonnait M. Woerth et Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, d'avoir conclu un arrangement selon lequel le premier aurait remis la légion d'honneur au second. En échange, M. De Maistre était soupçonné d'avoir fait embaucher en 2007 l'épouse du député, Florence Woerth.

L'ancien maire de Chantilly (1995-2017) avait également été relaxé de l'accusation de "recel" d'une somme qui lui aurait été remise par M. de Maistre alors qu'il était trésorier de campagne de Nicolas Sarkozy. "La démonstration" n'en avait pu être faite malgré "une forte suspicion de remise d'argent", avait alors dit le président du tribunal, Denis Roucou.

- "Premier cercle" des donateurs -

C'est toujours comme trésorier de cette campagne présidentielle victorieuse de 2007 que M. Woerth est à nouveau inquiété par la justice, alors que Nicolas Sarkozy lui-même a été mis en examen fin mars sur fond de soupçons de financements occultes par le régime de l'ex-dictateur libyen Mouammar Kadhafi.

Selon son avocat, les enquêteurs reprochent à M. Woerth le versement d'environ 11.000 euros en liquide aux collaborateurs de la campagne. Lui et son trésorier adjoint Vincent Talvas ont soutenu que ces fonds provenaient de dons anonymes par courrier.

"Je l'affirme catégoriquement: je n'ai rien à voir avec cette affaire libyenne", a assuré M. Woerth mardi sur Twitter.

Cet épisode judiciaire est un nouveau coup dur pour ce parlementaire respecté de ses pairs, élu en juin 2017 président de la prestigieuse commission des Finances de l'Assemblée nationale, un poste dévolu à un responsable de l'opposition.

Expert en finances, diplômé de HEC et de Sciences-Po, ancien de chez Arthur Andersen France, Pechiney et Bossard, M. Woerth (62 ans) fut en politique d'abord un pilier de la Chiraquie: trésorier de la campagne de 1995 puis conseiller parlementaire d'Alain Juppé à Matignon.

Mandataire financier de l'UMP naissante en 2002, puis trésorier du parti sous le magistère de Nicolas Sarkozy, il devient secrétaire d'Etat à la Réforme de l'Etat dans le gouvernement Raffarin de 2004 à 2005.

Il prend une part active à la conquête du pouvoir de M. Sarkozy en gérant notamment le "premier cercle" des importants donateurs et devient ministre du Budget (2007-2010), puis du Travail et de la Fonction publique (2010) avant d'être contraint de quitter le gouvernement après les révélations autour de l'affaire Bettencourt.

Soutien de Nicolas Sarkozy lors de sa vaine tentative de retour, puis réélu député dans le marasme ambiant des Républicains en 2017, M. Woerth ferraille régulièrement contre les choix budgétaires de la majorité d'Emmanuel Macron comme sur l'abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Mais "chez lui, il n'y a jamais d'agressivité politique, de virulence", relève une députée de l'actuelle majorité.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.