Allemagne : une église rasée pour agrandir une mine de charbon

Auteur:
 
Par AFP - Berlin
Publié le 10 janvier 2018 - 13:05
Image
L'église désaffectée d'Immerath dans l'ouest de l'Allemagne en cours de démolition pour faire place à l'agrandissement d'une gigantesque mine de charbon, le 9 janvier 2018
Crédits
© Federico Gambarini / dpa/AFP
L'église désaffectée d'Immerath dans l'ouest de l'Allemagne en cours de démolition pour faire place à l'agrandissement d'une gigantesque mine de charbon, le 9 janvier 2018
© Federico Gambarini / dpa/AFP

Une église de l'ouest de l'Allemagne a été rasée en début de semaine pour laisser place à l'agrandissement d'une gigantesque mine de charbon, malgré les protestations d'habitants et militants écologistes, rapportent plusieurs médias allemands.

La destruction de l'église d'Immerath, édifice si symbolique dans cette région rurale coincée entre Ruhr et Pays-Bas que les fidèles l'avaient rebaptisée "cathédrale", est la dernière étape du déménagement de milliers de personnes pour laisser place à une immense mine à ciel ouvert.

"Qui détruit la culture détruit aussi les êtres humains", ont clamé en vain des militants de Greenpeace sur une banderole, lundi matin, avant que les excavatrices ne démolissent pendant deux jours les deux clochers puis la nef, face à d'anciens habitants massés sur le parvis.

L'objectif est de permettre à l'énergéticien allemand RWE, propriétaire du plus gros parc de centrales à charbon d'Europe, d'extraire plus de lignite de l'énorme site voisin de Garzweiler: ce charbon brun, polluant mais très bon marché, a pour particularité d'exiger d'immenses surfaces d'extraction puisqu'on ne le trouve pas en profondeur.

Immerath est devenu un village-fantôme en 2013, lorsque ses 900 habitants ont été transférés dans un nouveau site sorti de terre dans la même commune d'Erkelenz, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, dans le cadre d'un vaste plan de déplacement concernant au total 7.600 habitants de la région.

Les villageois ont retrouvé à Immerath-Neu (Nouveau Immerath) leur école, le jardin d'enfants et même leurs morts, puisque le cimetière a été déménagé. En revanche, leur église a été "déconsacrée" après un ultime office fin 2013 et était promise à la destruction, malgré une bataille juridique remontée jusqu'à la Cour constitutionnelle.

En Allemagne, les déplacements de population liées aux mines de charbon concernent aussi la Lusace, région de l'Est proche de la Pologne, où des villages entiers ont été rayés de la carte. En 2007, une église vieille de 750 ans avait été déménagée de 12 kilomètres entre Heuersdorf et Borna (est), sur deux plateformes roulantes et pour un coût de 3 millions d'euros, pour éviter de la détruire.

L'exploitation du charbon, qui représente encore 40% de l'électricité consommée en Allemagne, reste perçue comme incontournable en plein "virage énergétique" décidé en 2011, dans la foulée de Fukushima, et prévoyant l'abandon du nucléaire d'ici 2022.

Il compromet en revanche les chances de voir le pays atteindre ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre, au point que les appels se sont multipliés ces derniers mois pour planifier la sortie du charbon, faisant de ce sujet un point-clé des tractations pour former un gouvernement.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.