Attaques de l'Aude : l'enquête se poursuit, hommage national mercredi

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Par Ambre TOSUNOGLU, Grégory DANEL à Paris - Trèbes (France) (AFP)
Publié le 26 mars 2018 - 22:36
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Le portrait du lieutenant-Colonel Arnaud Beltrame parmi des bouquets de fleurs, à la gendarmerie de Carcassonne, le 25 mars 2018
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© Eric CABANIS / AFP
Le portrait du lieutenant-Colonel Arnaud Beltrame parmi des bouquets de fleurs, à la gendarmerie de Carcassonne, le 25 mars 2018
© Eric CABANIS / AFP

Après le recueillement, retour à l'enquête: deux proches du jihadiste Radouane Lakdim, qui a assassiné quatre personnes dans l'Aude, étaient toujours lundi en garde à vue, la compagne du tueur étant, comme lui, fichée pour radicalisation.

Une cérémonie d’hommage national au lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, tué en "héros" après s'être substitué à une otage, aura lieu mercredi à partir de 11H30 aux Invalides. Le président Emmanuel Macron prononcera un éloge funèbre de l'officier de gendarmerie qui a succombé samedi matin à ses blessures infligées la veille par l'assaillant de l'attaque revendiquée par l'Etat islamique.

Le procureur de Paris François Molins fera le point sur les investigations lors d'une conférence de presse lundi à 19H00. Les enquêteurs cherchent toujours à déterminer les raisons du passage à l'acte de l'assaillant jihadiste et à trouver d'éventuelles complicités.

La compagne du tueur, âgée de 18 ans, est "fichée S" (pour "Sûreté de l'Etat") et suivie par les services de renseignement. Français d'origine marocaine abattu par les forces de l'ordre après une équipée meurtrière vendredi à Carcassonne et Trèbes (Aude), Lakdim était également fiché "S" et suivi à partir de 2014 par les spécialistes du renseignements.

Aucun "signe précurseur pouvant laisser présager un passage à l'acte terroriste" n'avait pourtant été décelé chez ce petit délinquant radicalisé, selon le procureur de Paris François Molins.

Sa compagne avait été interpellée vendredi soir et un ami du tueur, un jeune homme de 17 ans, avait été arrêté dans la nuit de vendredi à samedi.

L'autopsie du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, tué après s'être livré à Lakdim pour sauver une otage du supermarché de Trèbes, a mis en évidence des lésions par balles non létales et "révélé une plaie gravissime de la trachée et du larynx par arme blanche".

- "coupable naïveté" -

La mort de l'officier de gendarmerie, qui aurait eu 45 ans en avril, a suscité une immense émotion et des hommages dans tout le pays pour un homme "tombé en héros".

Le pape François a salué "le geste généreux et héroïque" du gendarme, et condamné "de tels actes de violence aveugle".

Une minute de silence a été observée à midi dans les supermarchés de France, en hommage "à toutes les victimes de l'attentat", selon l'enseigne Système U.

Dans la ville voisine de Narbonne, des gerbes de fleurs ont été déposées devant la gendarmerie.

A Trèbes, encore sous le choc, la vie reprenait progressivement. Mais peu d'élèves se sont rendus lundi matin à l'école primaire L'Aiguille, située à quelques encablures du supermarché de cette petite ville calme traversée par le canal du Midi, et où les élèves avaient été confinés pendant quelques heures.

"Mon enfant est en CE1. Tout le week-end, il n'a fait qu'en parler... c'était un peu dur pour lui, il a passé la matinée, presque toute l'après-midi jusqu'à 16H sous les tables", a rapporté une jeune mère, Nadia.

"Quelques jours après le drame, ce qui est important c'est d'assurer la prise en charge psychologique des victimes, c'est fondamental", a déclaré à Carcassonne Elizabeth Pelsez, déléguée interministérielle à l'aide aux victimes.

Les attentats de l'Aude ont pris progressivement une tonalité plus politique, avec des critiques très vives de la droite et de l'extrême-droite contre le gouvernement.

La présidente du Front national Marine Le Pen a réclamé lundi la démission du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, "dont les premiers mots devant la caméra c'est de dire +nous ne savions pas qu'il était radicalisé+". Elle a fustigé une "défaillance profonde" du gouvernement dans la lutte contre le terrorisme.

Laurent Wauquiez, président de LR, a dénoncé la "coupable naïveté" d'Emmanuel Macron. Il a réclamé le rétablissement de l'état d'urgence et l'expulsion des étrangers fichés S, comme le président de Debout La France Nicolas Dupont-Aignan.

M. Wauquiez a également réitéré sa demande de rétention administrative des fichés S les plus dangereux. L'ex-Premier ministre Manuel Valls a lui aussi évoqué une éventuelle "rétention administrative" des fichés S les plus dangereux et plaidé pour une "interdiction du salafisme".

Le président du groupe MoDem à l'Assemblée, Marc Fesneau, a dénoncé une "instrumentalisation" par M. Wauquiez et Mme Le Pen de ces attaques, avec des propos "accusatoires à l'encontre de l'Etat", contraires à "ce dont le pays a besoin".

- Attaques en trois temps -

Les attaques terroristes de vendredi se sont déroulées en trois temps. Peu après 10H00, Radouane Lakdim, a entamé son équipée meurtrière en volant une voiture à Carcassonne, blessant grièvement son conducteur portugais et tuant son passager, un viticulteur à la retraite.

Après avoir tenté de s'en prendre aux parachutistes du 3e RPIMa, il a tiré sur des CRS revenant d'un jogging, blessant un policier.

C'est en criant "Allah Akbar" qu'il a ensuite surgi et fait feu vendredi dans le Super U, tuant un salarié quinquagénaire du supermarché et un client, maçon retraité. Il a ensuite tiré sur le lieutenant-colonel Beltrame, déclenchant l'assaut du GIGN qui l'a abattu.

Trois autres personnes ont été blessées: un CRS, un gendarme du GIGN et l'automobiliste portugais, qui était toujours entre la vie et la mort.

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