Auschwitz raconté par ses objets dans la première exposition itinérante hors de Pologne

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Par AFP
Publié le 29 novembre 2017 - 15:24
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Un uniforme de prisonnier dans l'exposition "Auschwitz, il n'y a pas si longtemps, pas si loin", qui
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Un uniforme de prisonnier dans l'exposition "Auschwitz, il n'y a pas si longtemps, pas si loin", qui s'ouvre le 1er décembre à Madrid
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D'une baraque de prisonniers au masque à gaz d'un soldat nazi, des centaines d'objets sortent de Pologne pour la première exposition internationale itinérante, qui démarre à Madrid, consacrée au camp d'extermination d'Auschwitz où moururent 1,1 million de personnes entre 1940 et 1945.

De véritables lettres jetées des trains. Un wagon du même modèle que ceux ayant servi à acheminer les victimes. Un morceau de la clôture électrique du camp. Des dessins de prisonniers conservés dans une bouteille cachée dans le camp. Les chaussures minuscules d'un enfant...

Le visiteur se trouve soudain touché par un de ces objets, en particulier.

L'exposition "Auschwitz, il n'y a pas si longtemps, pas si loin" s'ouvre vendredi dans la capitale espagnole et y reste jusqu'au 17 juin, avant de se poser dans une douzaine de villes d'Europe, d'Amérique, d'Asie et d'Océanie (dont la liste n'a pas encore été communiquée).

Auschwitz-Birkenau - le plus grand des camps de concentration, de travail forcé et d'extermination construits par l'Allemagne nazie en Pologne occupée - a été libéré il y a 72 ans.

L'an dernier, deux millions de personnes l'ont visité, comme le symbole de la Shoah, terme hébreu pour "anéantissement" qui désigne l'extermination des Juifs.

Mais tout le monde ne peut pas faire ce voyage. Et les rescapés disparaissent, tel le Hongrois Imre Kertesz - prix Nobel de littérature, mort l'an dernier - qui y avait été déporté à 15 ans.

"Il est très important qu'Auschwitz sorte dans le monde", dit à l'AFP Luis Ferreiro, directeur du projet et dirigeant de la société espagnole Musealia qui l'a conçu avec une équipe d'experts dirigée par l'historien néerlandais Robert Jan van Pelt.

"C'est la première fois qu'une importante collection d'objets originaux sort du musée national Auschwitz-Birkenau et quitte la Pologne pour une exposition itinérante", dit M. Ferreiro et "la plupart des objets exposés n'ont jamais été présentés publiquement".

D'autres institutions et collectionneurs privés de différents pays ont également collaboré.

Documentée, didactique, l'exposition rend notamment compte du processus de sélection des victimes. Le médecin nazi Josef Mengele assistait à l'arrivée des trains pour "chercher des jumeaux" à utiliser pour ses expériences mortelles, dit le texte.

Une table d'opération en témoigne, même si on ne peut "dire avec certitude que c'est celle qu'utilisait Mengele", dit M. Ferreiro.

- Comment montrer les chambres à gaz? -

"Chaque chose a fait l'objet d'un débat sur la meilleure façon de l'exposer", explique Fernando Arlandis, coordinateur des expositions au Centre Arte Canal de Madrid.

"Il était possible de reconstituer une chambre à gaz, que le visiteur y entre comme par jeu, du genre +je suis dans une chambre à gaz+. On n'a pas voulu faire ça mais montrer les preuves physiques de ce qui s'est passé", dit-il.

Au mur, apparaissent des phrases d'un commandant SS d'Auschwitz, Rudolf Hoss disant en 1946: "J'ai observé les morts dans la baraque II, protégé par un masque à gaz. En fait, la première exécution au gaz ne m'a pas tellement marqué".

Un masque à gaz "utilisé à Auschwitz" semble alors parler de lui-même, à côté d'une boîte de Zyklon B, le pesticide à base de cyanure utilisé pour les exécutions de masse.

Les dessins du prisonnier polonais Jan Komski (1915-2002) témoignent des crémations des corps, des violences: l'un d'eux représente un "kapo" nazi monté sur une carriole, tirée par des prisonniers qu'il fouette.

Dans une autre salle, apparaît une des baraques en bois où s'entassaient les prisonniers, tout récemment achetée à un Polonais.

Un million de Juifs ont péri à Auschwitz à partir de 1940.

Mais aussi des Polonais, des tziganes, des prisonniers de guerre soviétiques et d'autres nationalités, et des personnes considérées comme "éléments indésirables" par le Troisième Reich d'Adolf Hitler, tels les homosexuels.

"On ressent une présence croissante du racisme, de l'antisémitisme, de la xénophobie" actuellement, a dit à Madrid l'historien polonais Piotr M. A. Cywinski, directeur du musée d'Auschwitz, assurant que "cette exposition, en ce moment particulier, peut jouer un rôle crucial pour nos écoles, nos sociétés".

La visite est gratuite pour tous les élèves d'Espagne.

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