Bac et brevet : rédiger sa copie en basque ou breton peut coûter cher

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Par Sandra FERRER avec Colette LARRABURU à Bayonne - Brest (AFP)
Publié le 04 juillet 2018 - 20:28
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Entre 1.400 et 3.000 personnes ont défilé samedi dans le centre-ville de Rennes pour défendre les écoles Diwan où est proposé un enseignement bilingue breton-français
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© JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP/Archives
Rédiger toute sa copie ou une partie de celle-ci en basque ou en breton risque de coûter cher aux dizaines d'élèves qui ont fait ce choix lors de certaines épreuves du brevet et du bac.
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Rédiger toute sa copie ou une partie de celle-ci en basque ou en breton risque de coûter cher aux dizaines d'élèves qui ont fait ce choix lors de certaines épreuves du brevet et du bac: seuls les exercices composés en français seront en effet évalués.

"Cette année encore certains candidats ont composé en langue basque lors de l'épreuve de sciences" du brevet des collèges, regrette mercredi dans un communiqué le rectorat de l'académie de Bordeaux.

Ces copies ont été corrigées "en distinguant les parties d'exercices rédigées en basque qui, conformément à la réglementation, ne pouvaient pas bénéficier de points; et les parties appelant un type de réponse autre que rédigé (schémas, calculs, formules mathématiques…) lesquelles, si elles étaient correctes, ont pu obtenir des points", précise le rectorat.

Dans cette académie, la rédaction en langue régionale est autorisée pour les épreuves de mathématiques du brevet depuis 2012, mais pas en sciences.

Comme l'an dernier, 179 collégiens ont rédigé leurs copies de sciences en basque. Mais cette année, le rectorat a donné des consignes pour que ces copies ne soient pas distribuées aux correcteurs bilingues pour être évaluées, selon la Fédération des écoles immersives en basque, Seaska.

"Nous avons la conviction qu'une nouvelle politique linguistique est mise en place par Jean-Michel Blanquer (le ministre de l’Éducation, ndlr)", a regretté le directeur de Seaska, Hur Gorostiaga, évoquant en outre une réduction de postes d'enseignants en euskera.

A l'appel de Seaska, une centaine de personnes, parents d'élèves et enseignants, ont manifesté mercredi matin devant le rectorat de Bordeaux. La fédération prévoit aussi de manifester au passage du Tour de France le 28 juillet au Pays Basque.

Seaska a reçu, mercredi, le soutien du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, dont l'exécutif rappelle dans un communiqué que "le Président de la République a affirmé le 21 juin dernier son attachement aux langues régionales lors d'un déplacement à Quimper", en promettant de "pérenniser leur enseignement".

- "Pas logique" -

Du côté de l'académie de Rennes, quinze élèves de terminale sont aussi concernés: les parties rédigées en breton aux épreuves de sciences du brevet et de mathématiques du bac ne seront pas évaluées.

Dans ces deux cas, "toutes les copies ont été corrigées en valorisant les réponses en français et en langage scientifique (schémas, calculs, formules mathématiques…). Les parties d'exercices rédigées en breton, conformément à la réglementation, ne peuvent pas bénéficier de points", indique mercredi dans un communiqué le rectorat de l'académie de Rennes.

"C'est mission impossible pour l'enseignant, ou on corrige tout ou on corrige rien", a pesté Youn Le Roi, représentant dans le Finistère de la FSU (Fédération syndicale unitaire), et enseignant de mathématiques. "On devrait tout corriger, on a des correcteurs parfaitement habilités à corriger des copies en breton", a-t-il ajouté.

"Les élèves ne sont pas du tout évalués sur leurs compétences mais sur leur choix linguistique", a abondé Pascale Chevillard, directrice du collège Diwan du Relecq-Kerhuon, près de Brest, et responsable pédagogique du secondaire pour le réseau. "Une enseignante bretonnante a dû, à son grand désespoir, mettre des mauvaises notes même si les réponses étaient justes car rédigées en breton", a-t-elle témoigné, précisant que 55 copies avaient été rédigées en breton dans l'académie.

Quinze élèves de terminale du lycée Diwan de Carhaix ont de leur côté passé l'épreuve de mathématiques dans cette langue, selon Loeiz Donal, directeur de l'établissement de 380 élèves.

"Ça fait deux ans qu'on demande au rectorat l'autorisation de passer les maths en breton et qu'on nous la refuse", a regretté Ismaël Morvan, l'un de ces quinze lycéens. "Tout notre programme scolaire est en breton, ce n'est pas logique de ne pas pouvoir passer les épreuves en breton", a-t-il jugé, se disant "inquiet" pour l'obtention de son diplôme.

Dans l'académie de Rennes, seules les épreuves d'histoire et de géographie du bac peuvent être passées en breton. Même chose pour les collégiens, qui peuvent aussi composer les maths en breton. Mais pas les sciences.

Dans un courrier adressé mercredi au président Emmanuel Macron, 28 parlementaires bretons plaident la cause de cette langue: "Le breton, au titre des langues de France, entend légitimement être soutenu davantage par l'État".

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