"C'est pourri" : des électeurs pro-Brexit mécontents du projet d'accord

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Par Joe JACKSON - Boston (Royaume-Uni) (AFP)
Publié le 14 novembre 2018 - 18:45
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Des passants dans la ville de Boston, dans le Lincolnshire le 5 mars 2015
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© LINDSEY PARNABY / AFP/Archives
Des passants dans la ville de Boston, dans le Lincolnshire le 5 mars 2015
© LINDSEY PARNABY / AFP/Archives

Dans la petite ville de Boston, sur la côte est de l'Angleterre, qui a voté massivement pour le Brexit, le projet d'accord de divorce conclu mardi avec Bruxelles est accueilli avec dédain et mécontentement.

Bien que les détails du texte ne soient pas encore connus, les habitants de cette ville à 161 km au nord de Londres affichaient mercredi leur préférence pour une rupture franche avec l'Union européenne.

Le projet négocié par la Première ministre Theresa May, "c'est pourri", déclare à l'AFP Kathrine Denham, 74 ans.

"Elle renie tout ce pour quoi nous avons voté", estime cette retraitée pro-Brexit. "Nous devrions simplement partir, je ne sais pas pourquoi nous traînons".

Lors du référendum de juin 2016, 52% des Britanniques se sont exprimés en faveur d'un départ de l'UE. A Boston, environ trois quarts des habitants ont voté pour le Brexit.

- "Couteaux dans le dos" -

"On va se faire avoir", redoute un agriculteur à la retraite, John Taylor, 70 ans, interrogé sur le marché aux abords de la plus grande église paroissiale d'Angleterre et de son impressionnante tour de 82 mètres de haut.

"Ca va être une sacrée pagaille", prédit-il aussi à propos de la bataille parlementaire qui attend Theresa May pour faire approuver l'accord. "Si elle garde son poste, elle aura de la chance".

Pour les habitants de Boston interrogés, la dirigeante a peu de chance de l'emporter face à un Parlement divisé entre fervents eurosceptiques et europhiles.

"Je ne pense pas qu'elle ait la moindre chance de gagner parce qu'elle reçoit tellement de coups de poignards dans le dos", juge Brenda Taylor, une aide à domicile de 58 ans, promenant ses deux lévriers dans un parc.

"Elle va devenir un bouc émissaire", prédit cette pro-Brexit.

"Si nous partions tout simplement, ils seraient plus enclins à négocier avec nous", ajoute son mari, favorable à un "no deal", une sortie sans accord de l'UE.

- "Cadeau empoisonné" -

Au cours des dernières décennies, le Lincolnshire, région agricole fertile, a connu une forte augmentation du nombre de migrants venus d'Europe de l'Est pour travailler dans ce secteur.

Selon les chiffres du gouvernement, environ un quart de la population de Boston, forte de 65.000 habitants, est maintenant originaire de l'UE.

Ce changement démographique rapide, conjugué au sentiment de n'avoir aucune prise sur le processus politique, a nourri le vote en faveur du Brexit, avancent d'autres habitants qui refusent l'organisation d'un second référendum sur le Brexit.

"Nous avons voté, c'est fait", déclare David Holmes, 35 ans. Pas convaincu par le plan de Theresa May, il souhaiterait que les négociations soient confiées au chef de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn.

"J'aime Corbyn car il dit les choses comme elles sont", affirme-t-il.

Les habitants de Boston qui ont voté pour rester dans l'UE ne semblent pas non plus convaincus par le projet d'accord, tout en se montrant compatissants envers Theresa May.

"Elle a reçu un cadeau empoisonné et s'en sort remarquablement bien", considère Bryan Kirkham, retraité de 70 ans.

Mais pour lui, "la sortie, c'est la sortie, et pas d'accord vaut peut-être mieux qu'un truc bidon".

Joshua Wright, un informaticien de 26 ans qui a voté contre le Brexit, est las de tous ces débats. "Les gens veulent un Brexit +dur+, un Brexit +doux+ et toutes sortes de choses, moi j'en ai juste assez".

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