Derviches du Kosovo et d'Albanie : se percer la joue pour son salut

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Par AFP - Pristina
Publié le 27 mars 2019 - 09:48
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Deux derviches du Kosovo dansent face à face lors d'une cérémonie, le 7 mars 2019 à Gjakova
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© Gent SHKULLAKU / AFP
Deux derviches du Kosovo dansent face à face lors d'une cérémonie, le 7 mars 2019 à Gjakova
© Gent SHKULLAKU / AFP

Les autres musulmans d'Albanie et du Kosovo les considèrent souvent avec mépris: les derviches des Balkans accueillent le printemps par des cérémonies les conduisant à la transe, certains allant jusqu'à se percer les joues.

Ces soufis appartiennent à différentes confréries et se réunissent à l'approche du printemps dans des lieux de culte qu'ils appellent les Tekke, petites constructions qui n'ont que peu de ressemblance avec une mosquée traditionnelle et dont les murs sont décorés de signes ottomans traditionnels, épées, drapeaux, sabres.

"A l'image de la nature et de la vie qui commencent à renaître au printemps, nous faisons pareil", explique Sheikh Adrihusein Shehu, chef spirituel de l'ordre des derviches Rifa'i à Prizren, dans le sud du Kosovo.

Gjakova (Djakovica en serbe), dans l'ouest du Kosovo, est l'un des fiefs de ces derviches. C'est là qu'ils sont parmi les premiers à fêter l'arrivée du printemps début mars.

Après avoir longuement psalmodié la profession de foi musulmane ("Il n'y a pas d'autre Dieu que Dieu") en se balançant au rythme des tambourins, certains fidèles atteignent un état de transe et de semi-conscience.

Dans certaines confréries, ils se percent alors les joues avec de longues aiguilles, sans saigner ni montrer de signe de douleur.

Cette pratique est le résultat d'un état de "passion qui explose comme un volcan, un acte de dévotion, un défi à soi-même pour répondre à l'amour de Dieu", explique à l'AFP un dignitaire derviche de Tirana, Agron Juniku, 66 ans.

Tous les soufis des Balkans ne se percent pas les joues. Ce n'est notamment pas le cas des Bektashis qui représentent la quatrième communauté religieuse d'Albanie derrière les musulmans sunnites, et les chrétiens orthodoxes et catholiques.

Sheikh Adrihusein Shehu se défend de tout fanatisme dans les pratiques des soufis d'Albanie et du Kosovo, héritiers du passé ottoman dans la région et souvent soupçonnés d'hérésie par les autres musulmans de la région. "Nous sommes l'avant-garde de la religion islamique", affirme le dignitaire.

Selon leurs chefs, les soufis des Balkans sont restés épargnés par le fondamentalisme violent. Ils assurent qu'un seul d'entre eux a rejoint les rangs jihadistes en Syrie et en Irak, quand ils furent quelques centaines de leurs coreligionnaires musulmans des Balkans.

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