Déserts médicaux : le gouvernement dévoile son plan de lutte vendredi

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Par AFP
Publié le 12 octobre 2017 - 20:17
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Agnes Buzyn, le 28 septembre 2017 à Paris
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© Lionel BONAVENTURE / AFP/Archives
La ministre de la Santé Agnès Buzyn lors d'une conférence de presse le 28 septembre 2017 à Paris
© Lionel BONAVENTURE / AFP/Archives

Doublement des maisons de santé, développement de la télémédecine, délégation de tâches entre professionnels... Le gouvernement présente vendredi son plan de lutte contre les déserts médicaux, un problème rencontré par des millions de Français confrontés à la pénurie grandissante de médecins.

"J'ai placé la question de l'accès aux soins au rang de mes priorités", a redit mercredi, devant l'Assemblée, la ministre de la Santé Agnès Buzyn, qui se rendra vendredi à Châlus (Haute-Vienne) avec le Premier ministre Edouard Philippe.

L'urgence de la situation est illustrée par les nombreux cas médiatisés de médecins cherchant désespérément un successeur pour partir à la retraite, ou de communes obligées de faire appel à un chasseur de têtes pour recruter des médecins roumains, sans oublier les patients en mal de médecin traitant.

La France n'a jamais compté autant de médecins (plus de 215.000 en 2015) mais la profession, vieillissante et mal répartie, peine à se renouveler, en particulier chez les généralistes libéraux.

Tout le pays est concerné, et pas seulement les campagnes, selon l'Ordre des médecins, qui prédisait l'année dernière un quart de généralistes en moins en 2025 par rapport à 2007.

Fin 2015, 8% de la population résidait dans une commune manquant de généralistes, selon la Drees.

La pénurie laisse les élus "impuissants" voire "désespérés", selon Isabelle Maincion, co-présidente de la commission santé de l'Association des maires de France, qui espère un plan "décoiffant".

Nombre d'élus réclament des mesures contraignantes, mais la ministre a déjà fait savoir qu'elle ne toucherait pas à la libre installation, rappelle Mme Maincion, favorable à plus de "souplesse" dans la labellisation des maisons de santé pluri-professionnelles.

Conformément à une promesse du candidat Macron, le gouvernement entend doubler le nombre de ces structures (910 en mars 2017) et développer les centres de santé (où travaillent des salariés), en leur consacrant 400 millions d'euros sur le quinquennat.

- favoriser la coopération -

"Il n'existe pas de solution unique", a rappelé Mme Buzyn, qui a consulté élus et blouses blanches.

Au développement des maisons de santé s'ajoutera ainsi celui de la télémédecine ou encore des "pratiques avancées entre professionnels" (infirmiers réalisant des actes médicaux par exemple). Les médecins hospitaliers ou libéraux devraient également pouvoir se détacher "dans les zones désertifiées".

Il s'agira de favoriser la "coopération" entre professionnels et entre la ville et l'hôpital, de dépasser "les cloisonnements institutionnels" et d'accélérer "l'innovation organisationnelle" grâce à un fonds dédié.

Une stratégie saluée par le chirurgien Guy Vallancien, membre de l'Académie nationale de médecine et fervent défenseur du "partage de tâches" entre professionnels, domaine où la France accuse un retard par rapport aux pays anglo-saxons.

Pour lui, la "moitié des actes médicaux pourraient être délégués", comme la vaccination, actuellement expérimentée par les pharmaciens, ou l'"établissement de certificats d'aptitude au sport".

Un "chantier difficile" parce qu'il heurte "la tradition des médecins responsables de tout", reconnaît-il.

La suppression du numerus clausus (nombre d'étudiants admis en seconde année de médecine, récemment relevé par le précédent gouvernement), en revanche, ne semble pas à l'ordre du jour, à la satisfaction des syndicats d'internes, qui la jugent inefficace pour lutter contre les déserts médicaux.

Mieux vaut "favoriser les stages" dans les cabinets de ville, estime Maxence Pithon, président du syndicat d'internes Isnar-IMG.

En plus des incitations financières, l'"accompagnement" est en outre indispensable pour attirer les praticiens dans les zones en besoin, "en aidant par exemple leurs conjoints à trouver du travail" ou "des places en crèche", fait-il valoir.

Isolement, horaires à rallonge... Les conditions d'exercice de leurs aînés ne séduisent plus les jeunes, à la différence du salariat ou de l'exercice en groupe.

Une évolution qui ne doit pas forcément être imputée à la "féminisation de la profession", insiste Olivier Le Pennetier, président de l'intersyndicat des internes (Isni), car "on n'a pas besoin d'être une femme pour aller chercher un enfant à la crèche".

Dans tous les cas, il n'y aura plus de médecin "au pied de chaque clocher de France", prévient leur premier syndicat, la CSMF.

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