Entre "blessures" et "résistances", Philippe commémore l'esclavage et son abolition
Edouard Philippe a plaidé jeudi pour entretenir la "mémoire des blessures" mais aussi "des résistances" face à l'esclavage, lors d'une cérémonie à Paris pour la Journée commémorative du souvenir de l'esclavage et son abolition, le 27 avril 1848.
Ancien maire du Havre, qui fut comme de nombreux ports de la façade atlantique un haut lieu de la traite négrière, M. Philippe a souligné la "dette" de la France et mis en exergue "le devoir de mémoire", à l'occasion d'une allocution dans le jardin du Luxembourg.
"Plus largement, il faut entretenir la mémoire des blessures, mais aussi celle des résistances, ouvertes ou souterraines, car les esclaves ne se sont jamais résignés à leur condition", a poursuivi le Premier ministre, en arguant que le "calendrier commémoratif ne vise pas à figer un souvenir traumatique mais à activer des processus de mémoire, à la fois associatifs et politiques, populaires et universitaires".
Evoquant notamment le souvenir de Louis Delgrès, colonel dans l'armée qui lutta contre le rétablissement de l'esclavage en Guadeloupe après une première abolition en 1794, M. Philippe a affirmé que "le seul choix des esclaves a toujours été la liberté".
"Que ce soit par la religion, par la musique et la poésie ou par la lutte, laquelle n’était pas purement physique mais d’abord morale en ce qu’elle visait à préserver, au sein de la servitude, un espace au moins intérieur, minimal mais décisif, de liberté intellectuelle ou spirituelle", a-t-il ajouté.
"Avant de conquérir un droit à la reconnaissance politique, les esclaves ont inventé des modes d’expression, notamment musicaux, devenus universels. La résilience est d’abord passée par la créativité", a encore salué le Premier ministre, accompagné de plusieurs ministres (Jean-Michel Blanquer, Françoise Nyssen...) et anciens ministres (Jean-Marc Ayrault, Christiane Taubira...).
M. Philippe, qui a souligné l'importance du "travail pédagogique" et remis en ce sens des "prix de la flamme de l'égalité" à plusieurs écoliers et collégiens, a rappelé qu'un Mémorial national serait prochainement édifié à Paris, dans le jardin des Tuileries.
Il a également qualifié "d'immense" la "tâche" de la future Fondation pour la mémoire de l'esclave, présidée par l'ex-Premier ministre socialiste Jean-Marc Ayrault et qui sera créée cette année, comme annoncé le 27 avril par Emmanuel Macron.
Au sein de "l'archipel de dates" pour commémorer l'esclavage, a-t-il dit, celle du 10 mai correspond au vote en 2001 par le Parlement de la loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité, dite loi Taubira.
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