Grèce : quand le QR Code sert à dénoncer les violences néonazies

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Par Hélène COLLIOPOULOU - Athènes (AFP)
Publié le 15 mars 2019 - 18:56
Mis à jour le 16 mars 2019 - 14:24
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Une femme scanne le QR code d'une étiquette sur les lieux du meurtre d'un travailleur pakistanais par le groupe d'extrême droite Aube Dorée, dans le cadre de l'exposition "La carte noire d'Athènes", l
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© LOUISA GOULIAMAKI / AFP
Une femme scanne le QR code d'une étiquette sur les lieux du meurtre d'un travailleur pakistanais par le groupe d'extrême droite Aube Dorée, dans le cadre de l'exposition "La carte
© LOUISA GOULIAMAKI / AFP

L'exposition "La carte noire d'Athènes" entreprend de dénoncer "la violence raciste" en transportant le visiteur, à l'aide de la technologie du QR Code, sur les lieux de chaque agression néonazie perpétrée dans la capitale grecque.

Cette itinérance à travers la mémoire collective grecque, prévue jusqu'à dimanche, coïncide avec les attaques de mosquées de Christchurch (Nouvelle-Zélande), qui ont fait 49 morts.

"Notre objectif est de renforcer la mémoire collective et ne jamais oublier ces actes répugnants", explique à l'AFP Ilectra Alexandropoulou, représentante de la section grecque de la Fondation Rosa Luxembourg.

La Fondation et l'ONG antiraciste HumanRights360 ont réalisé cette exposition qui débute son parcours au centre culturel Technopolis, près du centre-ville.

"La carte noire d'Athènes" fait apparaître cinquante sites où ont eu lieu des agressions, dont certaines meurtrières, perpétrées en majorité contre des migrants, pour la plupart par des membres ou des sympathisants du parti néonazi Aube dorée.

Dans les rues d'Athènes et de sa banlieue où ont été commises ces violences, le visiteur trouve des étiquettes autocollantes portant un code QR correspondant à chaque acte.

"Une fois que l'étiquette est scannée, le site https://valtousx.gr s'affiche sur l'écran du téléphone portable ainsi qu'une note d'information illustrée", explique Eleni Takou, représentante de HumanRights360.

Vingt-cinq illustrateurs de bande dessinée à travers la Grèce ont contribué.

Leurs dessins, exposés à Technopolis, illustrent pour la plupart les méfaits des "milices" d'Aube dorée, qui sillonnaient les rues d'Athènes entre 2010 et 2014, au pic de la crise: des hommes en noir, crânes rasés, vêtus d'un brassard avec une croix gammée, que l'on voit en train de tabasser à coups de pied, de barres de fer, ou à coups de poings.

Il s'agit de dessins tirés de photos publiées alors dans de nombreux médias.

L'exposition s'inscrit dans le cadre d'une campagne intitulée "Barrez-les" ("X them out" en anglais) dont l'objectif "est de rappeler quelles sont les rues d'Athènes où ont eu lieu ces agressions néonazies", explique un communiqué des organisateurs.

- Topographie raciste -

Après le meurtre du musicien antifasciste Pavlos Fyssas en septembre 2013 à Keratsini, banlieue sud-ouest d'Athènes, poignardé par un membre d'Aube dorée, les dirigeants, actuels et anciens députés de ce parti d'extrême droite, ont été poursuivis et sont jugés depuis 2015 pour constitution d'"une organisation criminelle" et pour une série de violences.

Pour les organisateurs, "l'année 2019 est une année importante pour le procès d'Aube dorée", dont le verdict est attendu avant 2020.

"Ce procès a révélé des dizaines de crimes racistes perpétrés par Aube dorée et l'élaboration de +La carte noire d'Athènes+ est une façon de tracer la topographie de ce genre de violences en vue de sensibiliser le public", expliquent les organisateurs.

Des membres d'Aube Dorée sont soupçonnés de nombreuses violences contre des migrants, des défenseurs des droits de l'homme, homosexuels ou sympathisants de la gauche.

Fondé dans les années 1990 et entré au Parlement pour la première fois lors des élections de 2012, en profitant de l'effondrement de grands partis tenus pour responsables de la crise de la dette, Aube dorée demeure le troisième parti de Grèce, avec selon les derniers sondages quelque 8% d'intentions de vote.

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