Harcèlement : Google fait son mea culpa et promet des changements

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Par Julie CHARPENTRAT - San Francisco (AFP)
Publié le 08 novembre 2018 - 22:23
Mis à jour le 09 novembre 2018 - 02:38
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Accusé d'avoir couvert des cas de harcèlement sexuel, Google a promis jeudi transparence et soutien aux victimes, répondant ainsi à la colère de milliers de salariés qui avaient manifesté la semaine dernière, inspirés à leur tour par le mouvement #MeToo.

"Il faut reconnaître que nous n'avons pas toujours fait ce qu'il fallait par le passé et nous en sommes sincèrement désolés", a écrit le patron du géant technologique Sundar Pichai dans un email aux salariés transmis à l'AFP.

"Clairement nous devons effectuer des changements", a-t-il poursuivi, accompagnant son message d'une série de mesures pour "de plus de transparence" et de "soutien".

Google promet notamment de communiquer régulièrement le nombre de cas de harcèlement sexuels avérés dans l'entreprise et les mesures disciplinaires prises. Quant aux salariés faisant remonter de tels agissements, ils seront mieux soutenus et accompagnés, a assuré le groupe, qui vient de fêter ses vingt ans.

Comme le demandaient ses salariés, Google va aussi mettre fin à la "clause d'arbitrage" obligatoire, qui contraint les employés à recourir à une forme de médiation hors tribunaux plutôt qu'à un procès en cas de harcèlement ou d'agression sexuels. Elle sera désormais "optionnelle".

Cette clause est fréquente dans les entreprises américaines. Le groupe de réservation de voitures avec chauffeurs Uber y avait mis fin, sous la pression, en mai dernier, après une série de scandales.

Google s'est aussi engagé à renforcer les formations obligatoires des salariés sur ce sujet ou encore, plus prosaïquement, à "décourager" la consommation "excessive" d'alcool.

- Une "culture Google" ?-

Google, qui jouit pourtant d'une image moderne et "cool", se voit donc à son tour rattrapé par le mouvement anti-harcèlement #MeToo, né dans la foulée des premières accusations contre le producteur de cinéma Harvey Weinstein l'an dernier.

Dans des dizaines de villes ainsi qu'à son siège de Mountain View en Californie, des milliers d'employés de Google à travers le monde avaient observé la semaine dernière un arrêt de travail pour dénoncer l'omerta et exiger des changements.

Appelés à se rassembler devant leurs locaux, certains étaient munis de pancartes affirmant que "L'heure est venue pour la +tech+" ("Time's Up Tech"), une référence au mouvement "Time's Up" de défense des personnes victimes de harcèlement sexuel, né dans la foulée de #MeToo.

Tout en "saluant" ces annonces, les organisateurs de la manifestation de jeudi dernier ("Google Walkout for a Real Change") ont regretté dans un communiqué que certaines demandes concernant l'égalité au sens large aient été ignorées, comme l'amélioration de la représentation de la diversité au conseil d'administration.

"L'entreprise doit s'attaquer au racisme et à la discrimination systémiques, notamment les inégalités salariales et les taux de promotion et pas seulement au harcèlement sexuel", ont-ils ajouté, appelant à créer "une culture vraiment équitable" promouvant aussi les minorités ethniques.

L'ONG "Project Include", qui promeut la diversité dans la "tech" et qui est très active sur les questions de harcèlement et d'égalité, a elle aussi appelé Google a élargir son action au delà de ce sujet. "A quand le fait de s'attaquer à la culture Google ?", a relevé l'organisation sur Twitter.

Le mouvement de jeudi dernier était parti d'un article du New York Times: le quotidien affirmait que l'entreprise avait couvert ces dernières années des cas de harcèlement sexuel impliquant des hauts responsables, dont Andy Rubin, créateur du système d'exploitation mobile Android, parti du groupe en 2014 avec une indemnité de 90 millions de dollars. M. Rubin a nié ces allégations.

Après cet article, Sundar Pichai avait envoyé un courriel aux employés indiquant que 48 salariés, dont 13 hauts responsables, avaient été renvoyés pour harcèlement sexuel ces deux dernières années, sans indemnité.

Mais quelques jours plus tard, le groupe annonçait le départ d'un nouveau haut responsable, Rich DeVaul. Il faisait partie des hauts cadres "protégés" par Google alors que le groupe les savait accusés de harcèlement, selon le journal new-yorkais.

Avant même le mouvement mondial #MeToo, des femmes --comme Ellen Pao, co-fondatrice de "Project Include" ou Susan Fowler, ingénieure chez Uber-- avaient dénoncé le sexisme et une culture du harcèlement, vus comme largement répandus dans la "tech", secteur largement dominé par les hommes, et majoritairement blanc.

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