Ilhan Omar, emblème du rêve américain au coeur de vives polémiques

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Par Elodie CUZIN - Washington (AFP)
Publié le 15 avril 2019 - 21:34
Mis à jour le 16 avril 2019 - 02:42
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Ilhan Omar vêtue aux couleurs des Etats-Unis au discours sur l'état de l'Union, le 5 février 2019
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© SAUL LOEB / AFP/Archives
Ilhan Omar vêtue aux couleurs des Etats-Unis au discours sur l'état de l'Union, le 5 février 2019
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Arrivée enfant aux Etats-Unis, devenue l'une des deux premières femmes musulmanes élues au Congrès, Ilhan Omar semblait incarner le rêve américain au jour de sa victoire, mais elle navigue depuis de controverse en controverse, alimentées par ses propos et l'hostilité de certains conservateurs.

La polémique a pris un tournant plus dramatique ces derniers jours avec une multiplication des menaces de mort contre l'élue de la Chambre des représentants.

Cette recrudescence fait suite, selon elle, à un tweet de Donald Trump qui a repris vendredi un montage vidéo donnant l'impression qu'elle minimisait les attentats du 11-Septembre.

Une manipulation incendiaire et "répugnante", se sont indignés les plus grands noms démocrates et plusieurs associations.

"J'ai prêté serment pour défendre la Constitution. Je suis aussi Américaine que les autres", avait proclamé Ilhan Omar dès mercredi sur CBS.

Sourire lumineux, voile bleu, chemise rouge et ensemble blanc, la démocrate de 37 ans avait fièrement porté les couleurs de l'Amérique au soir du grand discours annuel du président républicain, en février.

Son histoire a tout du fameux "rêve américain": née en Somalie en 1981, elle a fui la guerre avec sa famille lorsqu'elle était enfant. Après quatre ans dans un camp de réfugiés au Kenya, elle est arrivée aux Etats-Unis à 12 ans et sa famille s'est installée dans le Minnesota. Mariée, elle a trois enfants.

L'élection en novembre 2018 à la chambre basse de la première musulmane à porter le voile au Congrès avait été largement célébrée. Mais depuis qu'elle a pris ses fonctions en janvier, les polémiques se succèdent.

- Accusée d'antisémitisme -

C'est avec des propos fleurant l'antisémitisme, selon certains jusque dans son propre camp, qu'Ilhan Omar avait provoqué de premiers remous en début d'année.

Elle a été épinglée en février pour avoir affirmé que le lobby pro-Israël Aipac payait les responsables politiques américains pour qu'ils soutiennent ce pays du Proche-Orient. Puis elle avait provoqué une levée de boucliers en affirmant que cette controverse avait grossi à cause des financements distribués par l'Aipac, un commentaire perçu comme jouant avec les stéréotypes antisémites sur l'argent.

Elle s'était alors excusée.

Puis elle a de nouveau été la cible de vives critiques après avoir dénoncé le fait que certains lobbies poussaient à faire "allégeance à un pays étranger", dans une autre référence à l'Aipac.

Beaucoup, dont de nombreux démocrates, s'étaient élevés contre ces propos rappelant, selon eux, le stéréotype sur la "double allégeance" supposée des juifs, qui ne seraient pas "loyaux" envers le pays où ils vivent.

Le président républicain Donald Trump martèle depuis que les démocrates sont devenus un parti "anti-juifs".

Puis vendredi, il a retweeté la vidéo d'un discours d'Ilhan Omar sur le 11-Septembre qui a été visionnée plusieurs millions de fois depuis mars sur les réseaux sociaux.

On y voit un extrait du discours --prononcé en mars lors d'une conférence du groupe de défense des droits des musulmans américains (CAIR)-- dans lequel elle parle des atteintes aux droits de tous les musulmans après ces attentats, lorsque "certaines personnes avaient fait quelque chose".

- "Cibles politiques" -

Donald Trump a encore martelé lundi sur Twitter qu'Ilhan Omar était l'auteure de commentaires "antisémites, anti-Israël", "haineux et ingrats" contre les Etats-Unis.

Hasard du calendrier, il s'est justement rendu sur les terres de l'élue du Minnesota lundi, pour une table ronde.

Portant des pancartes où était écrit "Nous soutenons Ilhan", plusieurs dizaines de manifestants l'ont attendu à Burnsville, au sud de Minneapolis. Des supporteurs de Donald Trump étaient aussi au rendez-vous.

Le président républicain n'a cette fois pas évoqué directement Ilhan Omar.

Mais, selon l'élue, les menaces violentes se sont multipliées depuis qu'il a publié la vidéo. Avant même cette dernière polémique, dit-elle, un homme avait été arrêté le 5 avril pour avoir appelé son bureau en menaçant: "Je vais lui mettre une balle dans la tête".

Au célèbre présentateur Stephen Colbert qui lui demandait sur CBS mercredi pourquoi elle s'attirait autant de foudres, Ilhan Omar avait répondu que les immigrés, les réfugiés, les femmes de couleur et les musulmans étaient souvent utilisés comme des "cibles politiques".

Et de ponctuer: "Il se trouve que j'incarne toutes ces identités".

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