Inde : la Cour suprême donne accès aux femmes à un grand temple hindou

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Par AFP - New Delhi
Publié le 28 septembre 2018 - 12:41
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Une Indienne en prière dans un temple hindou à Hyderabad, le 24 août 2018
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© NOAH SEELAM / AFP
Une Indienne en prière dans un temple hindou à Hyderabad, le 24 août 2018
© NOAH SEELAM / AFP

La Cour suprême d'Inde a révoqué vendredi l'interdiction faite aux femmes de pénétrer dans un grand temple du sud du pays, objet de vingt ans de bataille judiciaire, jugeant cette disposition discriminatoire.

La plus haute instance judiciaire du géant d'Asie du Sud a prononcé ces dernières semaines une série d'importants jugements progressistes, allant de la dépénalisation de l'homosexualité et l'adultère à la restriction de l'usage d'une gigantesque base de données biométriques.

L'Inde assiste depuis quelques années à la montée en puissance de campagnes de femmes pour avoir accès à des sites religieux qui leur sont interdits au nom de la tradition.

Le grand temple hindou Ayyappa à Sabarimala, dans l'État du Kerala (sud), bannissait ainsi les femmes en âge d'avoir leurs règles, soit entre 10 et 50 ans. Les femmes réglées sont souvent considérées comme impures dans cette société conservatrice et patriarcale.

Mais un panel de cinq juges de la Cour suprême a estimé que cette mesure était discriminatoire et enfreignait les droits des femmes. "Interdire les femmes viole le droit d'une femme à pratiquer le culte et la religion", a déclaré le président de la Cour suprême, Dipak Misra.

"Traiter les femmes comme les enfants d'un dieu inférieur revient à faire fi de la Constitution elle-même", a estimé pour sa part le juge D. Y. Chandrachud.

Si la plupart des temples hindous n'autorisent pas les femmes à entrer lorsqu'elles ont leurs règles, Sabarimala était l'un des rares à interdire toutes celles entre la puberté et la ménopause.

Seule femme du panel de juges de la Cour suprême, Indu Malhotra s'est opposée au verdict majoritaire de ses collègues. Elle a estimé qu'il n'était pas du rôle de la justice d'intervenir dans des sujets impliquant les "sentiments religieux profonds".

Cette affaire avait fait les gros titres de la presse le mois dernier lorsqu'un journaliste local avait attribué les inondations dévastatrices au Kerala aux femmes voulant entrer dans Sabarimala.

Selon le site internet du temple, les millions de pèlerins qui s'y rendent chaque année doivent s'abstenir de tout rapport sexuel durant les 41 jours précédant leur visite au sanctuaire. Certains d'entre eux empruntent une route ardue à travers la forêt pour atteindre le lieu, situé au sommet d'une colline à 1.200 m d'altitude.

En 2016, des centaines de femmes avaient obtenu la levée d'une interdiction similaire dans le temple Shani Shingnapur au Maharashtra (centre). La même année, un tribunal avait également autorisé aux femmes l'accès au sanctuaire du mausolée et mosquée Haji Ali Dargah à Bombay.

La décision de la Cour suprême "ouvre la voie à l'hindouisme pour devenir plus inclusif et non pas la propriété d'une seule caste ou d'un seul sexe", s'est réjouie la ministre du développement des femmes et enfants, Maneka Gandhi.

Des partisans de l'interdiction ont annoncé leur volonté de faire appel de cette décision. "Nous continuerons le combat car (ce jugement) affecte le cœur et la croyance mêmes des systèmes du temple", a déclaré l'activiste Rahul Easwar.

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