Inhumation à Prague du cardinal Beran mort en exil à Rome

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Par Jan MARCHAL - Prague (AFP)
Publié le 20 avril 2018 - 10:49
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La ville de Prague, le 7 avril 2010
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© JOE KLAMAR / AFP/Archives
La ville de Prague, le 7 avril 2010
© JOE KLAMAR / AFP/Archives

Les cloches de l'archidiocèse de Prague vont saluer vendredi l'arrivée du cercueil du cardinal tchèque Josef Beran, persécuté par les nazis et les communistes et décédé en 1969 en exil à Rome, qui sera inhumé dans sa patrie conformément à sa dernière volonté.

Figure emblématique de l'Eglise catholique tchèque, Mgr Josef Beran (1888-1969) dont le procès en béatification a été ouvert en 1998, fut le seul Tchèque enterré à la basilique Saint-Pierre, près des papes.

"Le pape François a autorisé ce rapatriement et le transfert de la dépouille depuis la crypte de la basilique Saint-Pierre vers la cathédrale Saint-Guy au Château de Prague", indique l'archevêché de Prague, dans un communiqué.

L'atterrissage de l'avion spécial affrété par l'armée est attendu vers 18 heures (16H00 GMT).

Etalée sur quatre jours, une série de cérémonies religieuses est ensuite prévue à l'issue de laquelle le cercueil sera déposé dans un sarcophage dans la cathédrale, au terme d'une messe solennelle, lundi.

- Refus de collaborer -

Né à Plzen dans l'ouest de l'actuelle République tchèque, Josef Beran a été ordonné prêtre en 1911.

Recteur du séminaire archiépiscopal à Prague depuis 1932, il a été emprisonné en 1942-1945 dans les camps de concentration nazis de Terezin et de Dachau, dans le cadre des représailles après l'attentat meurtrier commis en mai 1942 contre Reinhard Heydrich, gouverneur du pays occupé par le IIIe Reich.

Nommé archevêque de Prague en 1946 par le pape Pie XII, Josef Beran a refusé de se plier au nouveau régime communiste arrivé au pouvoir en février 1948. Il appelait les prêtres à ne pas collaborer avec le pouvoir totalitaire qui s'efforçait de créer au sein de la hiérarchie ecclésiastique un groupe de prêtres "progressistes" hostiles au Vatican.

"Je ne sais pas combien de fois je pourrai encore vous parler, mais à présent je déclare à haute voix: jamais, jamais je ne consentirai à un accord (avec le régime) dirigé contre les lois de Dieu et de la sainte Eglise", a-t-il souligné devant les croyants, le 18 juin 1949.

Le lendemain, le régime a mobilisé quelque 1.700 communistes zélés et membres de la police secrète StB qui ont pénétré dans la cathédrale Saint-Guy au moment d'une messe et ont hué l'archevêque, lors du sermon.

La StB l'a ensuite interné, d'abord au Palais archiépiscopal à Prague puis dans différents endroits du pays, pour le tenir isolé du monde extérieur pendant une quinzaine d'années.

Selon certains témoignages, la police secrète a essayé à plusieurs reprises de mettre des aphrodisiaques dans ses repas et ceux d'une religieuse qui l'accompagnait, dans l'espoir de pouvoir réaliser des photos compromettantes. La tentative s'est soldée par un fiasco pour la StB.

Nommé cardinal en 1965 par le pape Paul VI, Josef Beran a été autorisé à se rendre à Rome pour son installation.

Le pouvoir l'a ensuite empêché de regagner sa patrie et, depuis, il s'adressait à ses compatriotes sur les ondes de la radio Vatican, jusqu'à sa mort, le 17 mai 1969.

- Baisse de la pratique religieuse -

L'Eglise catholique ainsi que les autres Eglises en ex-Tchécoslovaquie ont subi de sévères persécutions incluant les confiscations des biens, jusqu'à la chute du régime totalitaire lors de la "Révolution de velours" de 1989.

Des centaines de prêtres ont été jetés en prison. Plusieurs d'entre eux ont été exécutés ou sont morts des suites de la torture.

Des prêtres opposés au régime ont exercé dans la clandestinité jusqu'en 1989, alors qu'une partie du clergé a collaboré avec le pouvoir, par le biais des organisations "Mouvement pacifique du clergé catholique" (1951-1968) et "Pacem in terris" (1971-1989).

Depuis la Seconde guerre mondiale, la pratique religieuse a fortement baissé dans ce pays marqué par une tradition hussite, anticatholique, mais aussi par la propagande communiste.

Le régime communiste dans l'ex-Tchécoslovaquie serait responsable de la mort d'environ 4.500 personnes. Plusieurs centaines de milliers de Tchèques et de Slovaques ont connu la prison entre 1948 et 1989 pour des raisons politiques.

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