Israël : la police démantèle un réseau de vente de cannabis en ligne

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Par Stephen WEIZMAN - Jérusalem (AFP)
Publié le 12 mars 2019 - 17:13
Un Israélien fume un joint à Jérusalem le 20 avril 2017 lors d'un rassemblement destiné à faire pression pour une légalisation de la consommation de marijuana.

La police israélienne a indiqué mardi avoir démantelé à l'aide d'agents infiltrés un réseau de vente de cannabis en ligne qui se servait d'une application en vogue pour mettre la drogue à portée d'écran pour les consommateurs.

"Après plusieurs mois d'enquête, 42 suspects ont été arrêtés ce matin en Israël et à l'étranger pour être interrogés pour trafic présumé de différents types de drogues", a dit la police dans un communiqué.

Les transactions opérées par le réseau sur la plateforme Telegrass, accessible grâce à l'application de messagerie cryptée Telegram, se sont élevées à "des centaines de millions de shekels", soit au moins des dizaines de millions d'euros, a dit la police.

En dehors d'Israël, le réseau avait des ramifications en Ukraine, en Allemagne et aux Etats-Unis, et ne se livrait pas seulement au trafic de marijuana, mais aussi d'ecstasy et de cocaïne, a dit la police.

Parmi les personnes arrêtées figurent le chef présumé du réseau, Amos Dov Silver, un Israélo-Américain fondateur de Telegrass, a dit sur la radio publique Avi Maiberg, chef de l'unité de police contre la cybercriminalité qui a mené l'enquête.

Amos Dov Silver a été arrêté mardi en Ukraine, a-t-il précisé sans divulguer l'identité d'autres suspects.

La police a publié l'organigramme du réseau, qu'elle appelle "organisation criminelle 420", avec un chef à sa tête et des cadres responsables du financement, des infrastructures ou de la sécurité.

- "100% idéologique" -

"Les salaires du personnel et des responsables de l'organisation étaient payés en espèces, en Bitcoins, ou en drogues, alors que la source des fonds restait clandestine", a indiqué la police, ajoutant avoir coopéré avec ses homologues dans les autres pays concernés.

L'idée de Telegrass, fondée en 2017 par Amos Dov Silver et lancée d'abord en Israël avec l'objectif de se développer à l'international, était de mettre le cannabis à portée de doigts via l'application Telegram.

Sur son smartphone, il suffisait de quelques clics pour découvrir tout un monde de vendeurs postant des photos de leur produit. Les acheteurs envoyaient aux vendeurs un message, qui s'effaçait ensuite de lui-même, pour fixer un rendez-vous et prendre livraison.

Il s'agissait pour un utilisateur d'acheter du cannabis à moindre risque.

M. Silver assurait que sa motivation consistait non pas dans l'argent, mais dans la légalisation de l'usage du cannabis en Israël.

"Ma motivation est 100% idéologique et l'objectif, c'est la légalisation", disait-il en 2017 dans une communication en ligne avec l'AFP.

La plateforme alarmait policiers et éducateurs depuis un certain temps.

Telegrass (jeu de mots à partir de "grass", "herbe" en anglais) était surveillée depuis des mois par la police, qui s'inquiétait de son succès, a dit Avi Maiberg.

"Nous avons vu le nombre de vendeurs passer d'un seul coup de quelques centaines à plusieurs milliers et celui des utilisateurs de 80.000 à environ 200.000", a-t-il dit.

- Cannabis dans l'isoloir -

"Jour noir", proclamait en hébreu le site de Telegrass.

"Espérons que vous ne connaîtrez jamais la douleur de vous lever le matin pour apprendre que vos amis ont été arrêtés", était-il écrit.

L'Etat d'Israël a donné son feu vert à l'exportation de cannabis médical mais la production, la vente, l'achat et l'utilisation pour des usages récréatifs restent des infractions pénales.

Selon l'Autorité de lutte contre la drogue, 27% des Israéliens fument au moins une fois par an du cannabis, mais ce pourcentage grimpe à 41% parmi les 18-25 ans.

L'opération policière contre Telegrass intervient alors que la question de la légalisation du cannabis a émergé contre toute attente comme un thème de la campagne en cours en vue des législatives du 9 avril.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé lundi soir sur la chaîne YouTube de son parti qu'il allait "se pencher sur la question" de la légalisation, en réponse à un internaute.

M. Netanyahu réagissait ainsi apparemment à la concurrence inattendue créée sur le sujet par le parti de droite Zehout, de l'ancien député Moshe Feiglin. M. Feiglin semble avoir trouvé des oreilles attentives chez les électeurs en disant faire de la légalisation du cannabis la condition sine qua non à sa participation à une coalition gouvernementale après le scrutin du 9 avril.

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