La France a du mal à recruter ses profs, mais aussi à les former

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Par Isabelle TOURNE et Frédérique PRIS - Paris (AFP)
Publié le 11 juin 2018 - 19:01
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La formation des profs en France laisse à désirer et le vivier de recrutement manque de diversité sociale. Le constat n'est pas nouveau mais le sujet revient sur le devant de la scène avec des suggest
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© MYCHELE DANIAU / AFP/Archives
La formation des profs en France laisse à désirer et le vivier de recrutement manque de diversité sociale. Le constat n'est pas nouveau mais le sujet revient sur le devant de la sc
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La formation des profs en France laisse à désirer et le vivier de recrutement manque de diversité sociale. Le constat n'est pas nouveau mais le sujet revient sur le devant de la scène avec des suggestions de la Cour des comptes et de l'OCDE.

Selon une étude de l'organisation internationale publiée lundi, les professeurs des systèmes scolaires les plus performants --dont la France ne fait pas partie-- ont bénéficié d'"une période obligatoire et étendue d'expérience pratique pendant la formation initiale".

Les enseignants de ces 19 pays retenus par l'OCDE ont aussi participé à des ateliers de formation continue souvent réalisés au sein de leur établissement scolaire, afin que les séances répondent aux besoins réels des enseignants.

Or la France pêche sur ces deux aspects. La formation initiale des professeurs (du primaire comme du secondaire), rétablie en 2014 après avoir été supprimée en 2010, n'offre pas une préparation suffisamment concrète aux métiers de l'enseignement, indiquait la semaine dernière la Cour des comptes dans un rapport.

Après obtention de la licence, les étudiants qui se destinent au professorat intègrent un master de l'enseignement, de l'éducation et de la formation (MEEF). La deuxième année de ce cursus est critiquée pour la lourdeur de son programme: les jeunes doivent à la fois effectuer un mi-temps dans une classe, suivre des cours et rédiger le mémoire de fin d'études.

C'est donc en toute fin de parcours que les futurs profs font face aux élèves. "C'est souvent le choc de l'année du stage: la différence entre la perception du métier, lorsqu'on a été soi-même un bon élève, et la réalité", note Stéphane Crochet, secrétaire national du syndicat des enseignants SE-Unsa.

"On a besoin d'une première année de master qui mette plus l'accent sur la pédagogie et la pratique", ajoute-t-il. "Quand on est enseignant, si on veut durer, il faut évidemment se préoccuper de la réussite des bons élèves, mais il faut aussi faire quelque chose pour ceux qui sont en difficulté".

- Profs issus de milieux défavorisés -

La Cour des comptes préconise d'avancer à la fin de la licence certaines épreuves du concours du professorat, afin que les deux dernières années d'études soient plus amplement consacrées à une formation plus pratique. Une recommandation qui semble avoir les faveurs de Jean-Michel Blanquer.

Dans son livre "Construisons ensemble l'école de la confiance", le ministre de l'Education dit aussi vouloir développer "le pré-recrutement", par exemple en accompagnant les assistants d'éducation (appelés autrefois "surveillants") qui veulent devenir profs.

Un dispositif qui permettrait selon lui d'"élargir le vivier des futurs professeurs" et d'attirer plus de jeunes issus de milieux défavorisés qui hésitent actuellement à se lancer dans cinq années d'études.

Elargir ce vivier est devenu une nécessité: depuis plusieurs années, des académies peinent à recruter sur concours les instits tandis que des disciplines, dans le secondaire, manquent cruellement de candidats.

Les académies de Créteil et Versailles, jugées peu attractives, ont dû mettre en place un deuxième concours annuel de recrutement, pour pallier les manques. Mais ces mesures restent insuffisantes et rendent quasi certain le recours à des contractuels, selon le SNUipp, syndicat des enseignants du primaire.

Côté collèges et lycées, les premiers résultats des concours du CAPES 2018 signalent encore une fois un manque de vocations en lettres classiques, allemand et mathématiques notamment.

Pour les lettres classiques et l'allemand par exemple, il y a déjà moins de candidats admissibles que de postes ouverts cette année. Les étudiants hésitent en effet à devenir prof dans des disciplines jugées en perte de vitesse. Pour les maths, le professorat subit la concurrence de métiers très valorisés et mieux rémunérés.

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