"La Marseillaise" : 30 nuances de bleu-blanc-rouge pour la nouvelle tour de Jean Nouvel

Auteur:
 
Par Olivier LUCAZEAU - Marseille (AFP)
Publié le 24 octobre 2018 - 21:35
Mis à jour le 25 octobre 2018 - 14:08
Image
La Marseillaise, tour bleu-blanc-rouge de Jean Nouvel à Marseille, le 24 octobre 2018
Crédits
© GERARD JULIEN / AFP
La Marseillaise, tour bleu-blanc-rouge de Jean Nouvel à Marseille, le 24 octobre 2018
© GERARD JULIEN / AFP

"Une aquarelle, un courant d'air, un bâtiment un peu caméléon": du haut de ses 135 mètres, avec ses 30 nuances de bleu-blanc-rouge, la tour "la Marseillaise", née sous le crayon de Jean Nouvel, est désormais incontournable dans l'horizon de la cité phocéenne.

A la veille de l'inauguration officielle de sa dernière création, l'architecte du musée du Louvre d'Abou Dhabi ou de l'Institut du monde arabe à Paris est revenu mercredi sur la genèse de cette tour face à la Méditerranée, au coeur du quartier portuaire d'Arenc, hérissé de grues et d'immeubles en chantier, à deux pas des ferries en partance pour la Corse ou l'Afrique.

"En fait, la +Marseillaise+, c'est un jeu de mots, un jeu d'idées", explique-t-il de sa voix douce, dans un entretien à l'AFP: "Tout le monde voit l'hymne national et donc le bleu-blanc-rouge du drapeau. Mais ici c'est le bleu du ciel, de la mer, de l'OM, le blanc c'est l'horizon, l'écume, et le rouge, la couleur des toits du Panier", un quartier populaire près du Vieux-Port.

Immeuble de bureaux de 35.000 mètres carrés sur 31 niveaux, au coeur du gigantesque quartier EuroMéditerranée construit sur les friches des anciens docks de Marseille, la Marseillaise a mis quatre ans pour sortir de terre, construite par le groupe Vinci pour un budget de quelque 200 millions d'euros.

Mais le projet de Constructa était en fait dans les cartons dès 2006. "C'était un peu un défi, car Marseille n'a pas la réputation d'être un marché porteur en termes d'immobilier de bureau", explique à l'AFP Marc Pietri, président de ce groupe français indépendant de services immobiliers.

Quant au choix de Jean Nouvel pour dessiner la tour, ce fut très vite une évidence: "J'aimais son approche contextuelle, l'idée de respecter le territoire, sans l'agresser. En fait, cette tour, depuis la mer, elle disparaît presque...", observe M. Pietri.

- Le ballet de deux tours -

Le contexte, pour Jean Nouvel, c'était bien sûr Marseille. Ses couleurs. Ses habitants. Mais aussi les 147 m de la tour voisine, siège de l'armateur français CMA-CGM, dessinée par Zaha Hadid, l'architecte irako-britannique.

"En fait, la Marseillaise danse avec la tour de Zaha, explique Jean Nouvel. Cet immeuble me fait penser à une robe de mariée avec une traîne et je suis là pour porter la traîne. Les deux tours sont comme dans un ballet. Elle est sombre, nerveuse, la mienne évanescente, claire. Elle est noire et blanche, la mienne en couleurs".

Panneaux solaires sur le toit pour alimenter le restaurant d'entreprise, thalasso-thermie via une boucle d'eau de mer permettant d'utiliser l'eau de la Méditerranée pour la climatisation, terrasses et toit végétalisés avec pins, oliviers et figuiers: derrière son camaïeu de couleurs et ses façades hérissées de brise-soleil qui ont permis de tapisser le bâtiment de verre clair, la Marseillaise se veut exemplaire.

Avec 96% des déchets recyclés durant le chantier et l'utilisation de bétons éco-certifiés, issus de scories, le second gratte-ciel de Marseille a d'ailleurs obtenu la certification environnementale HQE au niveau "excellent".

Quant aux occupants de la tour, ils ne sont encore que quelques dizaines déjà installés, sur les 2.500 attendus à terme. Ce sont les salariés de Haribo France qui sont arrivés les premiers, en septembre. Vont suivre les 900 employés de la métropole Aix-Marseille-Provence qui vont occuper 12 étages, ceux de la ville de Marseille, d'Orange et de Swiss Life, l'un des propriétaires de la tour.

"C'est vrai que nous avons essuyé les plâtres", avec quelques petites fuites d'eau, explique en souriant Pauline Milion, responsable achats chez le producteur des fraises Tagada (Haribo). "Mais, ajoute-t-elle, c'est si agréable de travailler avec cette vue à 360 degrés, face à la mer, la Bonne mère ou l'Estaque..."

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.