La "taxe soda" fonctionne : exemple spectaculaire à Philadelphie

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Par Ivan Couronne - Washington (AFP)
Publié le 14 mai 2019 - 23:08
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Les ventes de boissons sucrées et édulcorées ont chuté de 38% à Philadelphie depuis qu'une taxe spéciale y a été imposée en janvier 2017, selon une étude qui justifie, selon ses auteurs, la propagation de ces taxes pour lutter contre l'obésité, notamment dans les milieux modestes.

Sept villes américaines, la France, le Mexique et d'autres juridictions ont imposé ces dernières années des taxes visant à dissuader la consommation de boissons dont la teneur en sucre est liée aux problèmes de santé publique comme l'obésité et le diabète, en particulier chez les enfants et adolescents.

La taxe est plus ou moins élevée selon les lieux. A Philadelphie, ville de 1,6 million d'habitants sur la côte Est des Etats-Unis, elle est d'environ 50 cents de dollar par litre (1,5 cent par once liquide).

Les grandes surfaces, supermarchés et petits commerces ont plus ou moins répercuté la taxe, et dans les rayons, les prix des bouteilles et canettes ont augmenté en moyenne de 24 à 53 cents l'unité, selon le type de magasin.

Les ventes à Philadelphie ont chuté de moitié en volume en 2017 par rapport à 2016, montre l'analyse, fondée sur des données de caisses dans des magasins représentant le quart des ventes de boissons dans la ville, et publiée mardi dans le Journal de l'académie américaine de médecine (Jama).

Les consommateurs ont partiellement compensé en se rendant dans les magasins frontaliers, où les ventes ont augmenté. En prenant ces achats en compte, la baisse nette des ventes est estimée à 38%.

Pour s'assurer que la baisse est bien due à la taxe, les chercheurs ont comparé Philadelphie à Baltimore, sans taxe: là-bas, les ventes sont restées stables.

Les chiffres confirment une des bases de la théorie économique: si le prix d'un produit augmente, les gens en achètent moins.

Les économistes "peuvent être rassurés sur leur théorie", s'amuse Christina Roberto, professeure de politique de santé à l'université de Pennsylvanie.

"Taxer les boissons sucrées est l'une des stratégies les plus efficaces pour réduire la consommation. Cette politique de santé publique est selon moi une évidence", dit-elle à l'AFP.

- Taxe variable en France -

L'objectif ultime est bien sûr de réduire l'obésité, les caries, les cas de diabète... Ce que les auteurs n'ont pas mesuré; cela reste à faire.

Mais ils estiment que la réduction de la consommation de sucres ajoutés est un pas dans la bonne direction.

Aux Etats-Unis, les enfants consomment 17% de leurs calories par des sucres ajoutés au lieu des 10% recommandés, et la moitié de ces sucres vient de boissons.

Les enfants de familles pauvres, ainsi que les enfants et adolescents noirs, sont beaucoup plus consommateurs de boissons fruitées et sucrées que les plus riches et les Blancs aux Etats-Unis.

"Les preuves actuelles sont d'ores et déjà suffisantes pour encourager l'adoption de ces taxes, tout en surveillant les conséquences", ont écrit des médecins et experts de santé publique dans un éditorial publié par Jama.

L'Association américaine des boissons a réagi en dénonçant des taxes qui "font du mal aux gens qui travaillent, aux petites entreprises et à leurs salariés".

Selon le porte-parole William Dermody, l'industrie a créé des boissons moins ou pas sucrées, et des formats plus petits.

A Philadelphie, c'est surtout dans les grandes surfaces que la baisse s'est concentrée, parmi les grandes bouteilles "familiales" et les packs. Peut-être est-ce en partie dû au fait que des affichettes d'information sur la taxe l'aient rendue plus "visible" pour le client.

Aucun effet de substitution avec de l'eau n'a été observé.

La taxe de Philadelphie s'est révélée plus dissuasive que dans la petite ville de Berkeley, où elle est plus basse (1 cent par once liquide). Les taxes les plus élevées sont à Boulder (2 cents) et à Seattle (1,75 cent).

La France a adopté une taxe soda en 2013, mais ses résultats étaient mitigés.

Elle a donc été modifiée et depuis l'été dernier, elle varie selon le taux de sucre, tout en restant généralement inférieure aux taux américains. Elle est de l'ordre de 15 centimes d'euros (17 cents de dollars) par litre de Coca Cola, par exemple. D'autres marques ont préféré baisser la teneur en sucre.

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