Le relais parental, un "outil" d'accueil pour aider les parents en difficulté
Il est ouvert en continu et accueille ponctuellement des enfants dont les parents ne se sentent plus capables de s'occuper: le relais parental d'Argenteuil, l'une des rares structures de ce genre en France, offre aux familles un répit pour leur permettre de rebondir.
Cinq enfants en bas âge jouent dans un salon où s'éparpillent jouets, poupées et dînette. Les murs peints en jaune et bleu pâle, le parquet, la cuisine et les machines à laver à l'autre bout de la pièce font presque penser à un appartement.
Leila Akrikch vient déposer son fils de sept mois pour lui épargner les travaux en cours chez elle. Déjà mère de trois enfants de 10, 7 et 6 ans dont elle s'occupe seule, elle a commencé à faire appel au relais parental en janvier, alors qu'elle était enceinte: "J'étais épuisée, déprimée, je n'arrivais plus à dormir et criais sans cesse. Ce n'était plus moi."
C'est l'hôpital, "lassé que j'annule tous mes rendez-vous car je devais m'occuper de mes enfants", qui l'a redirigée vers le relais. "Pour une fois, on m'a ouvert la porte". Ses enfants dormaient deux nuits par semaine et venaient certains jours "indispensables pour faire les courses, me reposer".
Géré par la Croix-Rouge, le relais Joly à Argenteuil (Val d'Oise), créé en 2014, peut accueillir jusqu'à 12 enfants le jour, cinq la nuit, pour quelques heures, une journée ou plus longtemps. Depuis mars, il est ouvert 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Près de 80 enfants y sont passés en 2018.
Il n'existe qu'une dizaine de relais en France, dont cinq tenus par la Croix-Rouge.
- Objectifs pour les parents -
Parents seuls dépassés, divorces difficiles, violences conjugales, hospitalisations poussent les parents à faire appel au relais. "Ces personnes n'ont pas un réseau de confiance sur qui s'appuyer", et pas les moyens financiers de faire garder leurs enfants, explique Karine Carabin, la directrice-adjointe de l'établissement.
"On n'est pas une crèche ou une garderie", insiste-t-elle: "l'accueil n'est qu'un des moyens pour améliorer la relation parent-enfant", le vrai objectif du relais.
Pour cela, chaque parent signe un contrat de deux mois, un délai suffisamment court pour que les familles restent mobilisées, avec au minimum un point d'étape après trois semaines. Ce contrat précise les horaires d'accueil de l'enfant mais aussi les objectifs des parents, comme faire des démarches pour une aide, apaiser un conflit.
Le relais n'entend pas les déresponsabiliser. "Nous sommes un outil, les parents sont les artisans: nous ne faisons pas les démarches à leur place", résume Mme Carabin.
Toutefois, "on n'impose pas des principes éducatifs, on est beaucoup dans l'écoute et la valorisation de leur rôle de parent", insiste Valentine Leboeuf, éducatrice de jeunes enfants et l'une des 10 salariées - toutes des femmes - de la structure. C'est l'aspect "prévention" qui l'a attirée: "on a la possibilité d'agir avant que les relations ne se brisent, contrairement aux solutions de placement".
Les dix salariées ont des diplômes différents (aide-soignante, éducatrice spécialisée, infirmière), pour apporter des "regards complémentaires", apprécie Anna Mclean, auxiliaire de puériculture.
Une complémentarité indispensable aussi pour "s'adapter" et "anticiper", les maîtres-mots du relais: les enfants, de 0 à 10 ans, sont rarement présents d'un jour sur l'autre. Ainsi, dans les chambres, s'empilent des lits de toutes tailles: "on essaie que chaque enfant retrouve +son+ lit à chaque fois", précise Lara Heitor, la responsable du service.
Le prix du relais pour les parents est très faible, puisque le total de leurs contributions rapporte "moins de 1.000 euros" par an et que l'essentiel du financement provient du département, compétent en matière d'aide sociale à l'enfance.
"Le tarif varie en fonction des revenus. S'ils ne peuvent rien payer, on accepte les dons de vêtements, jouets. Mais la participation est obligatoire", détaille Mme Carabin.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.