A l'écurie Seconde Chance, un nouveau départ pour les chevaux réformés des courses

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Par Fanny LATTACH - Combrée (France) (AFP)
Publié le 02 avril 2019 - 11:52
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Pas assez performants sur les hippodromes, ces pur-sang ont bénéficié d'une reconversion professionnelle à l'écurie angevine Seconde Chance, qui depuis dix ans revend des réformés des courses à des ca
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Pas assez performants sur les hippodromes, ces pur-sang ont bénéficié d'une reconversion professionnelle à l'écurie angevine Seconde Chance, qui depuis dix ans revend des réformés
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Sissi Queen, Arriviste et Equateur d'Aurcy ont un point commun: pas assez performants sur les hippodromes, ces pur-sang ont bénéficié d'une reconversion professionnelle à l'écurie angevine Seconde Chance, qui depuis dix ans revend des réformés des courses à des cavaliers amateurs.

Sur la piste cavalière d'un ancien hippodrome qui sillonne les prairies généreuses de l'Anjou, trois chevaux galopent allégrement, sans chercher la gagne. A l'arrivée, point de parieurs exaltés ni de remises des prix, juste un retour au pas vers l'écurie installée sur un site de 40 hectares, loin de l'effervescence du turf qu'ils ont connue dans leur précédente vie d'athlète.

"A l'entrainement, le cheval vivait dans un box, quand il arrive ici le but est de le remettre en phase avec la nature. Dans son mental il va se poser et on va réguler son énergie", explique Sylvain Martin, cogérant de cette structure située à Combrée (Maine-et-Loire).

"Le cheval n'oublie jamais complètement son passé mais on cherche à lui faire découvrir quelque chose de nouveau" et à "instaurer des codes pour mieux se comprendre", ajoute le cavalier, bottes en cuir aux pieds.

En 2009, cet ancien jockey amateur a décidé de lancer une activité de réforme des chevaux qui ne courent plus parce que pas assez bons, trop âgés ou blessés. "Il manquait une démarche professionnelle, chaque entraineur bricolait dans son coin", retrace-t-il. Les plus chanceux atterrissaient dans une nouvelle famille, les autres prenaient la direction des abattoirs...

Une décennie plus tard l'écurie, qui compte cinq salariés, est devenue une référence nationale: les clients viennent de France, mais aussi de Belgique et de Suisse. En 2018, 250 chevaux réformés ont été revendus, à prix attractifs, à des cavaliers amateurs.

- "Nouveau job" -

Ces pur-sang et trotteurs, âgés de 3 à 8 ans, sont d'abord achetés quelques centaines d'euros, voire donnés par leurs propriétaires quand ils nécessitent des soins particuliers. Leur reconversion dure environ six semaines: travail en main et monté, saut d'obstacles, sorties en balade...

Les réformés apprennent "un nouveau job" alors qu'"ils n'ont pas été sélectionnés et entrainés pour l'équitation classique", précise Amélie Martin, cogérante aux côtés de son mari.

Pour prétendre acquérir ce type de monture, un brin délicate, les futurs propriétaires doivent avoir un niveau d'équitation confirmé et s'engager, par contrat, à respecter plusieurs critères relatifs au bien-être du cheval. "Les gens sont bien intentionnés mais on essaie de cadrer pour que la seconde chance soit durable", glisse Mme Martin.

Depuis son ouverture, l'écurie a reconverti quelque 1.700 chevaux et poursuit sa croissance liée à une prise de conscience progressive de la filière hippique, encore épinglée en décembre 2018 dans une vidéo choc sur l'abattage de chevaux de courses jugés inaptes.

"On est dans du très haut niveau de compétition... Ce n'est pas parce qu'un Teddy Riner ou des gens comme ça ont une tendinite qu'ils sont foutus toute leur vie !", compare Gilles Baratoux, vétérinaire associé de la clinique équine de Meslay (Mayenne), venu rendre visite aux pensionnaires.

Son travail consiste à faire un état des pathologies, souvent des tendinites ou d'anciennes fractures. "On essaie de sauver un maximum de chevaux. Toute pathologie est soignable, le tout c'est de prendre son temps", assure-t-il.

Certains réformés brillent même en compétition dans d'autres disciplines équestres. Car après tout, "il y a encore des choses à faire... C'est comme un salarié qui se fait licencier à 50 ans", lance Gabriel Leenders, étoile montante de la nouvelle génération des entraineurs, basé à Jarzé (Maine-et-Loire).

En cinq ans, il a convaincu ses propriétaires d'envoyer une vingtaine de pur-sang à Seconde Chance. "Il n'y aura pas un camion de la boucherie qui prendra mes chevaux ! On se lève tous les matins parce qu'on les aime donc être pas bons ou vieux, ce n'est pas une excuse viable pour s'en débarrasser", tonne ce spécialiste des courses d'obstacles, convaincu que dans le milieu "beaucoup ont pris conscience qu'ils avaient le droit à une seconde vie".

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