Les enseignants américains ne se voient pas en agents de sécurité

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Par Chris Lefkow - Washington (AFP)
Publié le 22 février 2018 - 21:10
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Une jeune élève du lycée de Parkland, Julia Cordover demande au président Trump de "prendre les bonnes décisions" pour qu'une telle tragédie ne se reproduise pas, le 21 février 2018 à la Maison Blanch
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© MANDEL NGAN / AFP/Archives
Une jeune élève du lycée de Parkland, Julia Cordover demande au président Trump de "prendre les bonnes décisions" pour qu'une telle tragédie ne se reproduise pas, le 21 février 201
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La proposition iconoclaste de Donald Trump d'armer les enseignants pour éviter une nouvelle fusillade en milieu scolaire suscite les plus grandes réserves, voire le rejet, des professeurs qui s'imaginent mal en auxiliaires de sécurité.

"Les parents et les éducateurs rejettent massivement l'idée d'armer les personnels scolaires", a déclaré Lily Eskelsen Garcia, présidente de la National Education Association (NEA), le plus grand syndicat d'enseignants américain.

"Mettre plus de fusils dans nos écoles ne fera rien pour protéger nos élèves et nos éducateurs de la violence par armes à feu", a ajouté la représentante d'une organisation qui regroupe 3 millions d'enseignants.

Donald Trump a mis sur la table cette proposition hautement controversée mercredi en recevant à la Maison Blanche des familles de victimes de fusillades dans des écoles, dont celle du lycée Marjory Stoneman Douglas de Parland (Floride) qui a fait 17 morts la semaine dernière.

"Des enseignants/entraîneurs très bien formés et sachant manier les armes résoudraient le problème instantanément avant que la police arrive. GRAND POUVOIR DE DISSUASION!", a-t-il répété jeudi matin sur Twitter.

Randi Weingarten, de la Fédération américaine des enseignants, a répondu que la solution ne pouvait résider dans "une course aux armements" dans les écoles qui deviendraient des "forteresses militaires".

- 'Estomaquée'-

La proposition a aussi scandalisé les associations qui luttent pour un meilleur encadrement des ventes d'armes, comme "Moms Demand Action For Gun Sense In America" (les mamans qui demandent de l'action sur les armes).

"Je suis franchement estomaquée que le président utilise une réunion avec des rescapés de la violence pour soutenir les priorités législatives de la NRA et suggérer d'armer les professeurs", a-t-elle déploré.

La National Rifle Association (NRA) est le très puissant lobby des armes aux Etats-Unis. Elle défend le droit constitutionnel à porter des armes et soutient financièrement de nombreux hommes politiques, dont le président Donald Trump.

Pour la NRA, les fusillades à répétition dans les écoles n'ont rien à voir avec la dissémination des armes à feu dans le pays. "Nos banques, nos aéroports, nos matches de basket-ball, nos immeubles de bureaux, nos stars de cinéma, nos hommes politiques sont mieux protégés que nos enfants", a affirmé Wayne LaPierre, le dirigeant de la NRA.

"Pour arrêter un méchant qui est armé, il faut un gentil qui est armé", a-t-il assuré jeudi lors d'un rassemblement du mouvement conservateur américain, abondant dans le sens de Donald Trump.

C'est une proposition "ridicule", a réagi Melissa Falkowski, professeur au lycée Stoneman Douglas qui a caché ses élèves pendant que le tireur de 19 ans, Nikolas Cruz, vidait ses chargeurs dans l'établissement.

"Vais-je devoir être formée comme une policière en plus d'éduquer ces enfants ?" a demandé Ashley Kurth, une enseignante du même lycée. "Vais-je devoir porter un gilet en kevlar ?".

S'exprimant mercredi soir lors d'une réunion publique organisée par la chaîne CNN, le shérif du comté de Broward, qui était intervenu sur les lieux de la tuerie, a émis des réserves similaires.

"Je ne crois pas que les enseignants doivent être armés", a déclaré Scott Israel. "Je crois que les enseignants doivent enseigner".

"Mais c'est exactement ce qui ne va pas dans ce pays", a-t-il poursuivi. "Nous avons des gens à Washington, des représentants, des sénateurs qui disent aux professeurs ce qu'ils doivent faire sans leur demander ce qu'ils veulent faire", a-t-il ajouté.

Le sujet a en tout cas suscité beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux, dont certaines pleines d'ironie.

"Hello. Je suis enseignant. Je ne veux pas d'arme à feu. Par contre j'aurais besoin de feutres effaçables. Merci", a tweeté un enseignant. "Je suis prof, pas flic, nom d'une pipe ! Je n'arrive même pas à faire le point avec le rétroprojecteur !", a écrit un autre.

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