Les espaces sauvages se réduisent comme peau de chagrin selon une étude

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Par Patrick GALEY - Paris (AFP)
Publié le 31 octobre 2018 - 20:00
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Le fleuve Colorado traverse le Grand Canyon, en Arizona, le 20 avril 2018
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© Eric BARADAT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives
Le fleuve Colorado traverse le Grand Canyon, en Arizona, le 20 avril 2018
© Eric BARADAT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives

Les territoires vierges d'activité humaine ont fondu en un siècle et les espaces restants sont en grande partie concentrés dans cinq pays, parmi lesquels les Etats-Unis, le Brésil et la Russie dont les politiques inquiètent les protecteurs de l'environnement.

Les espaces sauvages, terres et mers préservées par l'expansion humaine et l'exploitation des ressources naturelles (forêts, énergies fossiles, terres arables...) à une échelle industrielle, représentent aujourd'hui 23% de la terre, selon un article publié mercredi dans la revue Nature.

Il y a un siècle, c'était encore 85%. Entre 1993 et 2009, une surface équivalente à l'Inde a été perdue.

Ils constituent des refuges vitaux pour des milliers d'espèces menacées par la déforestation ou la surpêche. De plus les forêts et les océans stockent de grandes quantités de carbone et constituent un auxiliaire essentiel pour lutter contre le réchauffement climatique. Ils sont aussi essentiels pour les populations indigènes qui y vivent.

Cette étude montre que plus de 70% de ces territoires préservés (hors Antarctique) se concentrent dans cinq pays: la Russie, le Canada, l'Australie, les Etats-Unis et le Brésil. La France se classe en sixième position grâce à ses espaces maritimes.

"Pour la première fois, nous avons cartographié les zones de nature vierge à la fois terrestres et maritimes et montré qu'il ne reste pas grand-chose", explique à l'AFP James Watson, professeur à l'université du Queensland et auteur principal de l'étude.

"Un petit nombre de pays détiennent une part importante de ces territoires et ont une énorme responsabilité pour préserver les dernières régions sauvages."

- "Besoin d'une pause" -

Les chercheurs se sont appuyés sur des données partagées pour mesurer l'impact humain sur la vie sauvage à travers huit indicateurs, dont les espaces cultivés, les infrastructures ou encore l'urbanisme.

Pour les océans, ils ont utilisé des données sur la pêche, le transport maritime et la pollution. Résultat, seuls 13% des mers sont peu ou pas affectés par les activités humaines, principalement dans les pôles.

Cette étude suit la publication du rapport "Planète vivante" du WWF. Sous la pression humaine, la Terre a vu ses populations de vertébrés sauvages décliner de 60% entre 1970 et 2014, a annoncé mardi le Fonds mondial pour la nature.

"Comme l'extinction des espèces, l'érosion des espaces sauvages est globalement irréversible", constatent les chercheurs.

La Russie, les Etats-Unis et le Brésil, qui vient d'élire le président d'extrême droite Jair Bolsonaro, ne font pas de la protection de l'environnement leur priorité.

La taïga russe et le permafrost, le sol gelé pendant deux ans d'affilée, sont de formidables puits de carbone. Mais la Russie reste vague concernant leur protection et son président Vladimir Poutine a remis en cause en 2017 la part de l'homme dans le changement climatique.

La Russie mise beaucoup sur le développement de la route maritime du Nord de l'Arctique, rendu plus praticable avec la fonte des glaces causée par le réchauffement climatique.

Donald Trump a signifié le retrait les Etats-Unis de l'accord sur le climat de Paris et Jair Bolsonaro, soutenu par le puissant lobby de l'agro-business, veut fusionner les ministères de l'Agriculture et de l'Environnement, ce qui pourrait remettre en cause la protection de la forêt amazonienne.

"Pour préserver les contrées sauvages, il faut juste stopper l'industrie et interdire aux gens d'y pénétrer", affirme James Watson.

"Les pays doivent légiférer et ne pas laisser l'industrie y pénétrer. La nature a besoin d'une pause", insiste-t-il.

Les scientifiques plaident pour une législation plus stricte afin de protéger ces terres des visées industrielles et une réforme des financements pour mieux protéger les forêts.

"Nous ne pouvons exploiter partout et ces pays ont encore ces bastions de terres sauvages. Je pense que le monde apprécierait qu'ils résistent et disent +nous allons prendre soin de ces régions+".

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