Les femmes se pressent en nombre record aux portes du Congrès américain

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Par Elodie CUZIN - Washington (AFP)
Publié le 09 août 2018 - 08:45
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Un nombre record de femmes est en lice pour entrer au Congrès américain en novembre, une poussée qui survient après une année marquée par le mouvement #MeToo et la défiance envers le président Donald Trump.

"L'élection du président Trump a retenti comme un signal d'alarme pour les femmes à travers le pays", a lancé Rashida Tlaib, après sa victoire à des primaires démocrates mardi, dans une circonscription du Michigan quasi-acquise à son parti.

"C'est comme si nous nous étions dit: +c'est notre heure, nous devons avancer et nous ne pouvons plus rester hors du ring. Nous devons vraiment nous présenter aux élections et exiger d'avoir notre place à la table, parce qu'il est évident que tout le reste s'effondre+", a confié sur CNN mercredi cette quadragénaire qui devrait devenir la première musulmane, et la première Américano-Palestinienne, à entrer à la Chambre des représentants.

Elle n'est pas seule à vouloir pousser la porte du Congrès.

"C'est officiel", s'est réjoui mercredi le centre d'études spécialisé Center for American Women and Politics (CAWP), "nous avons battu le record de femmes nommées sous la bannière de grands partis pour la Chambre".

Il était jusqu'ici de 167. Mercredi, 185 femmes étaient candidates à la chambre basse et de nouvelles primaires pourraient encore augmenter leur nombre.

"Autre record. 2018 compte le plus de femmes nommées pour les élections à des postes de gouverneur", avec au moins onze candidates après les primaires de mardi, a ajouté l'organisme indépendant sur Twitter. "Le précédent record, établi pour la première fois en 1994, était de dix".

Dès le 1er juin, le plafond avait été dépassé pour les candidates au Sénat américain, avec 42 femmes --24 démocrates et 18 républicaines-- contre 40 en 2016, toujours selon le CAWP.

Et pas question cette fois de reléguer systématiquement les candidates dans des élections perdues d'avance, histoire de se donner bonne figure.

Les candidates sont "en plus en lice dans certaines des courses les plus serrées de ce cycle" électoral, écrivait alors la directrice du CAWP, Debbie Walsh.

Les élections du 6 novembre attribueront les 435 sièges de la Chambre des représentants, 35 sièges de sénateurs sur 100 ainsi que les postes de gouverneurs de 36 Etats.

- "Résistante, Indigène" -

Comme Rashida Tlaib, plusieurs candidates bien parties pour remporter un siège sont issues de minorités encore sous-représentées au Capitole.

C'est le cas d'Alexandria Ocasio-Cortez, jeune Hispanique déjà devenue, à 28 ans, grande figure de l'aile progressiste démocrate depuis sa victoire surprise à une primaire de New York en juin.

"Forte, Résistante, Indigène", peut-on lire sur le tee-shirt que porte Sharice Davids sur sa vidéo de campagne. Amérindienne, avocate et pratiquant les arts martiaux mixtes (MMA), la jeune femme a remporté mardi sa primaire dans les terres conservatrices du Kansas.

"C'est dur d'être une femme ici", dit-elle dans son spot qui la montre en pleine séance d'entraînement. "Et il est évident que Trump et les républicains à Washington s'en fichent de moi et de ceux qui me ressemblent ou de tous ceux qui ne pensent pas comme eux".

"C'est un jour historique pour les femmes de couleur et pour toute l'Amérique", s'est réjoui après sa victoire une autre candidate amérindienne à la Chambre, Deb Haaland, depuis le Nouveau-Mexique.

Aucune amérindienne "n'a jamais été élue au Congrès américain", souligne le CAWP.

- Encore minoritaires -

Anciennes combattantes, enseignantes, économistes ou serveuses, ces candidates se présentent au coeur de la présidence de Donald Trump, qui avait été accueilli à la Maison Blanche par une manifestation historique de défense des droits des femmes, la Women's March, en janvier 2017.

Cette vague de femmes ponctue également plusieurs mois tourmentés par les accusations en cascade de harcèlement et de viol contre des personnalités.

Mais avec 24% de candidates déclarées pour la Chambre cette année et 20% seulement d'élues au Congrès, la parité reste loin d'être atteinte.

Et l'élan n'est pas le même dans les deux partis, avec 42 républicaines et 143 démocrates sur les 185 candidates à la Chambre.

Lors d'un débat sur Twitter mercredi, l'association indépendante She Should Run, poussant les femmes à se présenter, a toutefois jugé que l'effet 2018 était là pour durer.

"Nous en verrons les répercussions dans les vingt prochaines années, avec des petites filles grandissant en pensant qu'elles peuvent aussi se présenter aux élections".

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