Les indigènes, au coeur du voyage du pape au Chili et au Pérou

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Par Paulina ABRAMOVICH - Santiago du Chili (AFP)
Publié le 10 janvier 2018 - 08:23
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Des portraits du pape François sur des pins vendus dans la rue, le 8 janvier 2018 à Santiago du Chili
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© Martin BERNETTI / AFP
Des portraits du pape François sur des pins vendus dans la rue, le 8 janvier 2018 à Santiago du Chili
© Martin BERNETTI / AFP

Du sud du Chili, où les Mapuches luttent pour récupérer leurs terres, à l'Amazonie péruvienne, affectée par une intense activité minière illégale, les peuples indigènes seront au coeur du voyage du pape François au Chili et au Pérou, du 15 au 21 janvier.

Après avoir donné, lors de ses précédents déplacements, sa bénédiction aux indiens du Mexique, d'Equateur, de Bolivie, du Paraguay et de Colombie, et demandé "pardon" pour l'exclusion dont ont été victimes les peuples indigènes, le pape va se rendre dans des zones sous tension, où les peuples autochtones se disent victimes d'abus et d'exclusion.

Côté chilien, François se rend le 17 janvier à Temuco, capitale de l'Araucania, région où les Mapuches se battent pour "récupérer" des terres ancestrales actuellement aux mains d'entreprises forestières.

A l'arrivée des conquistadors espagnols au Chili, en 1541, les Mapuches étaient établis sur un territoire qui s'étendait de la rivière Biobio, au centre de ce pays longiligne, à quelque 500 kilomètres au sud.

Cette frontière naturelle a continué d'exister durant la conquête, jusqu'à ce que la zone soit occupée durant une vingtaine d'années par l'armée chilienne à compter de 1961 afin de "pacifier" ce territoire.

Au fil des procès et des décisions de justice, ces indigènes ont été réduits à vivre sur près de 5% de leurs anciennes terres. Regroupés en petites communautés, sans espace suffisant pour cultiver le sol ou élever des animaux, nombre d'entre eux se sont vus obligés à renoncer à leur mode de vie traditionnel et à migrer vers les villes.

Depuis une vingtaine d'années, des groupes radicaux de Mapuches incendient des camions et des engins des entreprises forestières et affrontent la police. Une dizaine d'indigènes de cette ethnie y ont perdu la vie.

Privés de canaux de communication et critiqués par la majorité des Chiliens, les Mapuches espèrent que la visite du pape va permettre de "mettre en lumière" leur combat, bien que certains, peu enclins à négocier, disent ne pas en attendre grand chose de la visite du Saint Père.

"Ici, les transformations concrètes, nous allons les obtenir nous-mêmes avec nos propres efforts", estime ainsi Ramon Llanquileo, un des leaders de la Coordination Arauco Malleco (CAM), organisation radicale pro-Mapuche à qui l'on attribue la plupart des incendies.

Les organisateurs de la visite papale espèrent eux que cette dernière "contribue au rapprochement entre les Chiliens, dans cette région et le reste du pays", selon le coordinateur national, Fernando Ramos.

- Amazonie -

Après le Chili, le pape se rend à Puerto Maldonado, dans la région de Madre de Dios, au coeur de l'Amazonie péruvienne, où fleurit l'activité aurifère illicite.

"La présence du pape (dans la région de) Madre de Dios est liée à la pollution et l'exploitation de nos territoires, outre le manque de sécurité juridique pour les terres des communautés indigènes", déclare à l'AFP Julio Ricardo Cusuriche, président de la Fédération des natifs de la rivière de Madre de Dios, une association d'indigènes de la région.

Au Pérou, berceau de la culture inca, les indigènes d'Amazonie figurent parmi les populations les plus isolées du pays.

Quelque 350.000 personnes appartiennent à la cinquantaine de groupes ethniques de cette zone, dont certains ont été réduits à l'esclavage par des trafiquants ou ont été fortement impactés par le changement climatique.

"La situation des indigènes est inquiétante, mais ce qui est encore plus alarmant, c'est celle des peuples isolés à cause de l'exploitation de leur territoire", ajoute M. Cusuriche.

Dans une vaste salle de Puerto Maldonado, François doit se réunir avec les indigènes de l'Amazonie: 3.500 indiens sont attendus, dont certains en provenance de Bolivie et du Brésil.

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