Les Samaritains célèbrent la Pâque en sacrifiant le mouton

Auteur:
 
Par Michael SMITH - mont garizim (Territoires palestiniens) (AFP)
Publié le 19 avril 2019 - 00:11
Image
Des Samaritains égorgent des moutons pour la Pâque, sur le Mont Gazirim en Cisjordanie, le 18 avril 2019
Crédits
© Jaafar ASHTIYEH / AFP
Des Samaritains égorgent des moutons pour la Pâque, sur le Mont Gazirim en Cisjordanie, le 18 avril 2019
© Jaafar ASHTIYEH / AFP

L'unique et minuscule communauté des Samaritains a procédé jeudi au sacrifice annuel du mouton sur le Mont Garizim, en Cisjordanie, célébrant la Pâque et la libération de ses ancêtres de l'esclavage en Égypte.

Les juifs n'offrent plus d'agneaux sacrificiels pour commémorer la Pâque. Mais les Samaritains perpétuent le rite sur le Mont Garizim, leur site le plus sacré, situé à proximité de la ville palestinienne de Naplouse, en Cisjordanie occupée par Israël.

Peu avant la tombée de la nuit, des centaines de fidèles ont récité des prières, leurs voix s'élevant à l'unisson sous le regard attentif de touristes.

Vêtus d'une robe cérémonielle blanche, ils ont immolé une soixantaine de moutons avant de les faire rôtir, conformément aux préceptes du Livre de l'Exode.

Selon la Bible et le Livre de l'Exode relatant les Dix plaies d'Egypte, Dieu avait ordonné aux Israélites de sacrifier un agneau et de marquer leur porte de son sang pour que la peste passe au-dessus de leur maison sans que leur premier-né ne meure.

"C'est un jour très spécial pour tous les Samaritains", confie Sharon Yehoshua.

Une fois les moutons égorgés, les fidèles dont les habits ont été éclaboussés de sang, ont mis du sang sur leurs fronts, y compris les enfants. Une version moderne du marquage sur les portes.

Ils se sont ensuite embrassés en se souhaitant une bonne fête.

A proximité, neuf brasiers faits de bois d'olivier attendaient la viande fraîchement découpée qui était en train d'être nettoyée.

- 125e génération-

Il ne reste plus que 800 Samaritains environ, répartis entre les deux communautés du Mont Garizim et de la ville de Holon, en Israël, près de Tel-Aviv. Tous sont attendus sur leur site le plus sacré à l'occasion de la Pâque.

Les Samaritains font remonter leurs origines aux Israélites que Moïse a conduits hors d'Egypte et de l'esclavage, et qui se sont installés dans le royaume du nord d'Israël appelé Samarie. Le royaume du sud est connu sous le nom de Judée.

Les Samaritains partagent les mêmes croyances que les juifs mais ils révèrent le Mont Garizim, tandis que le site le plus sacré pour les juifs est le Mont du Temple à Jérusalem, également troisième lieu saint de l'islam connu sous le nom de Noble Sanctuaire.

Les Samaritains considèrent que leur grand prêtre est un descendant d'Aaron, le frère de Moïse.

Benyamim Tsedaka, membre éminent de la communauté, croit que sa génération est la 125e depuis Josué, chef des Israélites après Moïse.

La communauté a fait face à de nombreuses vicissitudes au cours des âges, et sa population a considérablement décliné, dit-il. Mais elle a rebondi et M. Tsedaka dit avoir foi en l'avenir.

"Je me souviens d'une époque où la communauté n'offrait que sept" moutons sacrifiés, se rappelle-t-il.

Chaque famille est censée en sacrifier un, mais celles qui n'ont pas les moyens peuvent se joindre à d'autres pour le faire.

"Le plus bas que nous ayons connu, c'était en mars 1919, quand il ne restait plus que 141 personnes dans le monde", dit M. Tsedaka.

- "Réel danger" -

Les Samaritains vivent aux côtés des Israéliens et des Palestiniens.

Nombreux sont ceux de part et d'autre qui ignorent leur existence, selon Shuki Friedman, spécialiste des relations entre la religion et l'Etat au think-tank Israel Democracy Institute.

La communauté des Samaritains croît "avec les années mais pas de façon spectaculaire", indique M. Friedman, selon qui il existe "un réel danger" qu'ils soient complètement assimilés aux autres groupes et perdent leur identité.

Mais "le fait qu'ils aient réussi, d'une certaine manière, à préserver environ 2.500 ans de traditions est remarquable", dit-il.

"Quelque soit votre âge, un an ou 100 ans, vous devez venir ici", dit Yiftah Tsedaka, 52 ans, expliquant que c'est un devoir pour chaque Samaritain.

"Vous ne pouvez pas être un Samaritain et manquer cette cérémonie", renchérit Itzik Tsedaka, 45 ans.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.