Maroc : l'adolescente victime d'un viol collectif est "solide mais perturbée"

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Par AFP - Beni Mellal
Publié le 29 août 2018 - 23:58
Mis à jour le 30 août 2018 - 10:12
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Photo prise le 21 août 2018 de l'adolescente marocaine Khadija Okkarou, dont le visage est flouté, dans le village de Oulad Ayad, dans la région de Beni Mellal
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© STRINGER / AFP
Photo prise le 21 août 2018 de l'adolescente marocaine Khadija Okkarou, dont le visage est flouté, dans le village de Oulad Ayad, dans la région de Beni Mellal
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Khadija Okkarou, l'adolescente de 17 ans qui a dit avoir subi un viol collectif et des tortures, perpétrées par des hommes de son village, dans le centre du Maroc, "est solide mais perturbée", a déclaré à l'AFP un médecin qui l'a auscultée.

"Elle doit bénéficier d'un accompagnement psychiatrique car elle est solide mais perturbée", a déclaré le Dr Abdenbi Halmaoui dans un entretien avec l'AFP.

Me Brahim Hachane, l'avocat de l'adolescente, compte demander "une expertise médicale pour définir ses séquelles psychiques et physiques" quand le juge d'instruction chargé de l'affaire au parquet de Beni Mellal (centre) organisera la première audition, le 6 septembre prochain.

L'avocat affirme avoir lui-même "constaté des brûlures et des tatouages sur son corps".

Le témoignage video dans lequel la jeune femme affirme avoir été enlevée, séquestrée, violée, tatouée de force et martyrisée pendant deux mois par une quinzaine d'hommes dans son village de Oulad Ayyad (centre) a suscité une grande mobilisation sur les réseaux sociaux.

Khadija a réussi à s'échapper vers la mi-août et a déposé plainte.

Une pétition pour lui venir en aide et obtenir "justice pour elle" a recueilli plus de 50.000 signatures en quelques jours. Des propositions d'interventions médicales gratuites ont afflué, selon la NSAT, une association d'aide aux femmes victimes de violences qui a décidé de la soutenir.

Douze hommes, âgés de 18 à 28 ans, ont été placés en détention préventive, avec différents chefs de poursuite, comme "traite d'être humain sur mineure", "viol", "menace de meurtre", "torture et usage d'arme causant des blessures et séquelles psychiques", "constitution d'une bande organisée, enlèvement et séquestration", "non-dénonciation de crime" et "non-assistance à personne en danger", selon les informations obtenues par l'AFP auprès d'une source judiciaire.

L'un des suspects "a un casier judiciaire" lié à des questions de drogue, selon Me Hachane.

Les viols sont doublement douloureux pour les victimes, souvent considérées au Maroc comme les premières coupables par une société empreinte de valeurs traditionnelles.

Ces derniers jours, les parents des suspects ont multiplié les déclarations à la presse marocaine en accusant Khadija de mensonge et en dénonçant son mode de vie, selon eux, "dépravé".

"De toutes façons, la vie de Khadija est déjà finie. Ruinée. Personne ne voudra d’elle. Personne ne voudra s’approcher d’une pestiférée marquée à vie dans sa propre chair", s'indigne dans une tribune l'écrivain marocain Abdellah Taïa.

Plusieurs personnalités comme Leila Slimani, Tahar Ben Jelloun ou Mahi Binbine ont signé le texte intitulé "Viol de la fille aux tatouages : qui va sauver les femmes marocaines ?" et publié dans différents médias en France et au Maroc.

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