"Pour faire valoir nos droits" : des couples gays passés devant le maire

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Par Ambre TOSUNOGLU - Paris (AFP)
Publié le 19 avril 2018 - 10:00
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Emmanuelle et sa compagne ne "rêvaient pas de la robe meringue", Richard et Benjamin n'en faisaient pas "un but en soi" : qu'importe, pour "faire valoir" leurs droits scellés par la loi sur le mariage
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© Kenzo TRIBOUILLARD / AFP/Archives
Emmanuelle et sa compagne ne "rêvaient pas de la robe meringue", Richard et Benjamin n'en faisaient pas "un but en soi" : qu'importe, pour "faire valoir" leurs droits scellés par l
© Kenzo TRIBOUILLARD / AFP/Archives

Emmanuelle et sa compagne ne "rêvaient pas de la robe meringue", Richard et Benjamin n'en faisaient pas "un but en soi" : qu'importe, pour "faire valoir" leurs droits scellés par la loi sur le mariage homosexuel et "construire une famille", un maire les a officiellement unis.

"Ca faisait onze ans qu'on était ensemble", raconte à l'AFP Benjamin, 36 ans. "On avait acheté notre appartement, on s'était pacsés pour se sécuriser l'un l'autre..."

Mais ils voulaient passer le cap. "Le mariage reste un marqueur social", estime ce responsable informatique à Paris. "On avait été invité aux mariages des amis, on voulait inviter à notre tour, réunir nos familles et nos amis."

"Avec toute la connerie des gens opposés au mariage, et après s'être autant battus pour que la loi passe, c'était une évidence", ajoute son époux Richard, 40 ans. Parce qu'"il fallait faire valoir nos droits", Richard demande la main de Benjamin à Capri, quelques mois après l'adoption de la loi.

En hommage à la ministre de la Justice qui a porté cette loi, ils demandent en août 2014 à l'adjointe au maire de lire une partie du discours de Christiane Taubira prononcé à l'Assemblée nationale, après l'adoption du mariage pour tous.

Le mariage, "c'était un super beau moment, quelque chose d'extraordinaire que je souhaite à plein de gens de vivre", dit Richard, encore ému.

Depuis, le couple fait tout "pour construire une famille" : "On s'est lancé dans le processus d'adoption quelques mois après le mariage, et on a obtenu l'agrément il y a presque trois ans. Depuis on attend", explique Richard.

- "Comme tout le monde" -

Emmanuelle, 36 ans, et sa compagne voulaient aussi "se marier parce qu'on en avait le droit, comme tout le monde", explique la première.

Même si Emmanuelle n'en a "jamais rêvé", "le mariage est important : c'est le droit de filiation, d'adopter, d'être reconnues", insiste cette chargée de mission auprès de personnes handicapées.

"J'élevais les enfants de ma compagne (nés d'une précédente union avec un homme, NDLR). Je m'en occupais, nous étions une famille et je n'avais aucun droit. On me demandait toujours qui j'étais... Cette façon de s'adresser à moi me gênait", confie Emmanuelle.

En autorisant le mariage homosexuel en France, la loi votée le 23 avril 2013 a ouvert le droit à l'adoption pour les couples gays.

Avant d'épouser sa compagne au Havre, Emmanuelle, encore "angoissée" après les débats houleux autour du mariage homosexuel, a voulu "attendre de voir comment les couples gays allaient être reçues à la mairie", avoue-t-elle. Le maire de l'époque, l'actuel Premier ministre Edouard Philippe, "s'était positionné ni pour ni contre", se souvient-elle.

En 2016, elles finissent par s'unir mais restent marquées par les débats qui ont profondément divisé la société. Aujourd'hui, elles veillent à être discrètes en public : "Au supermarché, par exemple, on ne marche pas près l'une de l'autre" pour ne pas susciter de remarques désobligeantes.

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