Procès sous tension à Chicago d'un policier blanc qui a tué un jeune noir

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Par Nova SAFO - Chicago (AFP)
Publié le 05 septembre 2018 - 21:05
Mis à jour le 06 septembre 2018 - 01:26
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Le policier de Chicago Jason Van Dyke, le 29 décembre 2015
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© SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives
Le policier de Chicago Jason Van Dyke, le 29 décembre 2015
© SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives

Seize balles, une vidéo accablante et des mois de manifestations: le procès d'un policier blanc de Chicago qui a abattu un adolescent noir en 2014 s'est ouvert mercredi sous tension, malgré les appels au calme lancés par la famille de la victime.

Jason Van Dyke, 40 ans, est poursuivi pour avoir tué Laquan McDonald, 17 ans, lors d'une confrontation un soir d'octobre dans la métropole du nord, une ville violente minée par le trafic de drogues et la guerre des gangs.

A l'ouverture de l'audience, le juge Vincent Gaughan a lu les 23 chefs d'inculpation visant le policier: six pour meurtre, un pour faute professionnelle et seize pour usage aggravé d'une arme à feu, soit autant que le nombre de balles ayant criblé le corps de Laquan McDonald.

Alors que le procès se poursuivait avec la sélection des jurés, des manifestants scandaient à l'extérieur du tribunal: "Seize balles, une affaire étouffée", accusant la municipalité d'avoir longtemps cherché à éviter le scandale.

"Il faut arrêter de couvrir les policiers quand ils ont tort", a déclaré à l'AFP Charles Edward Perry, 52 ans. "Nous en avons assez que l'on trouve des excuses aux gens qui tuent d'autres êtres humains", a renchéri une autre manifestante Mary Johnson, 85 ans.

Face à eux, des proches de l'accusé s'étaient également mobilisés pour lui apporter leur soutien.

Pour éviter tout débordement, la famille de Laquan McDonald a appelé à "une paix totale". "Nous ne voulons aucune forme de violence pendant ou après la décision de la cour", a déclaré mardi son grand-oncle Martin Hunter.

- "Code du silence" -

La diffusion en 2015 d'une vidéo montrant la mort de l'adolescent avait exacerbé la colère de la population, notamment des Noirs de Chicago, suscitant des mois de manifestations dans la troisième ville des Etats-Unis et une onde de choc dans tout le pays.

Ces images, tournées depuis un véhicule policier, montrent Jason Van Dyke tirer sur l'adolescent --armé d'un couteau-- qui se trouve à plusieurs mètres de distance et continuer à vider son chargeur même quand le jeune est au sol.

La diffusion de l'enregistrement, obtenue par un juge après un an de blocage par la municipalité, avait entraîné le limogeage du chef de la police de Chicago et l'ouverture d'une enquête fédérale sur les méthodes des forces de l'ordre de la ville.

Ses conclusions, publiées en février 2017, évoquent des abus policiers fréquents et un "code du silence" en vigueur chez les agents.

Accusé d'avoir voulu étouffer l'affaire, le maire démocrate Rahm Emanuel, un proche de l'ancien président Barack Obama, avait vu sa popularité s'effondrer. Mardi, à la surprise générale, il a annoncé qu'il renonçait à briguer un troisième mandat lors des élections de l'an prochain.

- "En danger" -

Jason Van Dyke, qui encourt jusqu'à 20 ans de prison, plaide non coupable. Dans un entretien, il a assuré la semaine dernière avoir tiré parce qu'il se sentait menacé par le jeune homme.

"Jamais je n'aurais utilisé mon arme si je n'avais pas pensé que ma vie ou celle d'un autre citoyen était en danger", a-t-il déclaré au Chicago Tribune.

L'issue de son procès sera vraisemblablement très suivie aux Etats-Unis, où la justice est plutôt clémente envers les policiers.

Environ un millier de personnes meurent chaque année sous les balles de policiers américains mais seulement 93 agents des forces de l'ordre ont été inculpés depuis 2005, selon Philip Stinson, criminologue à l'université de Bowling Green State. "Et seulement un tiers d'entre eux ont été condamnés", a-t-il ajouté à la radio NPR.

Plusieurs villes américaines se sont embrasées ces dernières années après des bavures policières dont les Noirs étaient les victimes, donnant naissance au mouvement "Black Lives Matter".

Un de ses militants, Ja'Mal Green, candidat à la mairie de Chicago, a réclamé "une condamnation" pour Jason Van Dyke. En cas d'acquittement, "des milliers de personnes descendront dans les rues", a-t-il prévenu.

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