Réforme du bac : Pierre Mathiot, un "homme à l'écoute" pour un dossier explosif

Auteur:
 
Par Isabelle TOURNÉ - Paris (AFP)
Publié le 21 janvier 2018 - 12:27
Image
Pierre Mathiot, rapporteur mandaté par le gouvernement pour réfléchir à la refonte du Bac, à Paris le 12 janvier 2018 January 12, 2018 during an academic orientation fair in Paris.
Crédits
© FRANCOIS GUILLOT / AFP/Archives
Pierre Mathiot, rapporteur mandaté par le gouvernement pour réfléchir à la refonte du Bac, à Paris le 12 janvier 2018

January 12, 2018 during an academic orientation fair in Paris
© FRANCOIS GUILLOT / AFP/Archives

C'est un homme de l'ombre en charge d'un dossier explosif: classé à gauche, l'ex-directeur de Sciences Po Lille Pierre Mathiot a piloté la réflexion sur la réforme minée du bac en se mettant à l"écoute" d'une communauté éducative sur le qui-vive.

Depuis mi-novembre, ce diplômé de Sciences Po a multiplié les rencontres, une centaine au total, et va se retrouver sur le devant de la scène mercredi en publiant une série de propositions dans lesquelles le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, pourra piocher pour concocter sa réforme.

Agrégé en science politique, M. Mathiot espère que certaines de ses pistes seront "prises en compte", même s'il sait qu'il ne fera pas l'unanimité. "Il ne faut pas sous-estimer la difficulté de faire bouger une institution napoléonienne", indique ce grand sportif au débit rapide.

Le calendrier est serré: la réforme sera annoncée vers la mi-février et le bac nouvelle formule est prévu en 2021, avec des répercussions sur la classe de seconde dès la rentrée prochaine.

Cette réforme était une promesse de campagne d'Emmanuel Macron, qui souhaite "resserrer" les épreuves finales autour de quelques disciplines (avec du contrôle continu pour les autres matières) et redonner du sens à cet examen bicentenaire.

Pierre Mathiot "pourrait faire des propositions acceptables comme base de départ", parie Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa, un des acteurs auditionnés. Le syndicaliste a perçu en son interlocuteur "quelqu'un de réellement ouvert et désireux de construire un nouveau bac".

Le sujet est pourtant ultra-sensible. Les tentatives multiples, de droite comme de gauche, d’instaurer du contrôle continu ont toutes avorté.

"Il semble que c'est plutôt dans l'air du temps de penser que le lycée et le bac doivent évoluer", se rassurait M. Mathiot il y a quelques jours.

- "Méritocratie républicaine" -

Originaire de Franche-Comté, cet ancien prof de 51 ans a rencontré Jean-Michel Blanquer dans les années 1990, quand le ministre enseignait le droit à l'Institut d'études politiques (IEP) de Lille.

Issu d'un milieu modeste, Pierre Mathiot est surtout connu pour son engagement dans les programmes de démocratisation des grandes écoles. En 2007, il a mis en place un programme d'études intégrées qui a permis l'accompagnement de milliers de lycéens défavorisés vers les concours d'entrée aux IEP et vers l'enseignement supérieur.

"Il était conscient que pour beaucoup d'entre nous, c'était la découverte d'un nouveau milieu social et qu'au début cela pouvait nous déstabiliser. Donc il faisait en sorte qu'on se sente à l’aise et à notre place", témoigne une ancienne élève qui en a bénéficié. "C’était un directeur qui se montrait très cool et proche de ses étudiants".

En 2011, il soutient Martine Aubry pendant la primaire socialiste. Vers la fin du quinquennat Hollande, la ministre de l'Education de l'époque, Najat Vallaud-Belkacem, le nomme délégué ministériel aux "parcours d'excellence", un dispositif dédié aux élèves défavorisés des collèges d'éducation prioritaire.

Il se rapproche ensuite d'En Marche! au point d'être investi dans le Nord par le parti macronien pour les sénatoriales, avant de renoncer pour des raisons personnelles.

"Le fait qu'il se rapproche de Macron a pu susciter une certaine incompréhension dans son milieu universitaire", admet son ami Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques à Lille et chargé de cours à Sciences Po.

"Il est resté fidèle à ses valeurs et sa volonté profonde de démocratiser l'enseignement supérieur. Pur produit de la méritocratie républicaine, il a aussi gardé une simplicité liée à ses origines populaires", insiste-t-il.

Cheveux grisonnants, allure jeune et barbe de trois jours, ce père de quatre enfants lit "dix livres en même temps", se dit féru de musique et de course à pied. Il a bouclé le dernier marathon de Paris en 03H09.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.