Un nouveau président de la Conférence des évêques de France pour réformer une Eglise en crise

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Par Karine PERRET - Paris (AFP)
Publié le 04 avril 2019 - 14:14
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Eric de Moulins-Beaufort, alors évêque auxiliaire de Paris, le 25 mars 2016 à Paris
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© JACQUES DEMARTHON / AFP/Archives
Eric de Moulins-Beaufort, alors évêque auxiliaire de Paris, le 25 mars 2016 à Paris
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L'évêque de Reims, Eric de Moulins-Beaufort, 57 ans, a été élu à la tête de la Conférence des évêques de France pour réformer une Eglise catholique "en perte de crédibilité considérable" après les scandales de pédophilie.

"Nous sommes dans un temps délicat de l'Eglise", a-t-il reconnu d'emblée jeudi lors de déclarations retransmises par la chaîne KTO TV. Cet évêque, qui remplace l'archevêque de Marseille Mgr Georges Pontier, a été élu mercredi pour trois ans lors d'une assemblée plénière réunissant plus d'une centaine d'évêques à huis clos à Lourdes.

"Il y a une perte de crédibilité considérable", a-t-il souligné, notant "du désarroi, même chez les catholiques (...) les plus convaincus".

Si le président de la conférence épiscopale n'est pas le chef de l'Eglise catholique en France - chaque évêque étant maître dans son diocèse sous l'autorité du pape -, il incarne toutefois la première confession de France auprès des autorités et de la population.

Et la tâche qui l'attend, à partir du 1er juillet, ne sera pas simple à un moment où fidèles et membres du clergé sont troublés par les affaires de pédocriminalité à travers le monde ces derniers mois.

Le refus par le pape d'accepter la démission du cardinal Philippe Barbarin, condamné à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation des agressions sexuelles d'un prêtre, a aussi suscité en France beaucoup d'incompréhension.

Pour autant, selon Eric de Moulins-Beaufort, un "pas a été franchi pour de vrai par les évêques" quand ils ont décidé en novembre de créer une commission d'enquête sur les agressions sexuelles dans l'Eglise.

Ils avaient aussi lancé quatre chantiers: éventuel geste financier pour les victimes, prévention, mesures pour les auteurs d'agressions sexuelles et travail de mémoire auprès des victimes. "Ce travail-là, il faut le poursuivre", a-t-il dit.

Les mesures de réparation financière sont très attendues par les associations de victimes.

"Nous sommes obligés de regarder en face le fait que trop de prêtres ont pu pendant des années faire du mal, (...) sans être vus ou en étant vus sans être rendus inoffensifs", a-t-il dit. "Il y a quelque chose à reprendre dans notre système, dans les relations entre prêtres, dans la formation", a-t-il encore souligné, jugeant que l'ensemble des évêques étaient désormais "d'accord" sur ce constat.

- "Classique mais pas réactionnaire " -

Eric de Moulins-Beaufort avait créé, quand il était évêque auxiliaire à Paris, une commission pour prévenir les agressions sexuelles en 2016, au moment des premières actions en justice de l'association La Parole Libérée à l'encontre du cardinal Barbarin à Lyon. Il a également mené, à cette époque-là, des auditions de personnes accusant le prêtre et "psychanalyste" Tony Anatrella d'agressions sexuelles.

Né en 1962, "EMB", diplômé de Sciences-Po, a suivi le séminaire français de Rome, a été directeur au séminaire de Paris et enseignant, notamment à la Faculté de théologie Notre-Dame. Ce fils d'officier dit avoir découvert sa vocation à 11 ans.

Ordonné prêtre en 1991, ce prélat a notamment été secrétaire particulier de Mgr André Vingt-Trois (2005- 2008), archevêque de Paris. Auparavant, il avait été curé de la paroisse Saint-Paul-Saint-Louis, dans la capitale, pendant cinq ans.

Son entourage loue "un esprit brillant, fin, et une patience infinie", son "sens de l'écoute" et sa capacité de travail. Cet homme de grande taille, qui court, nage, se déplace à vélo électrique, peut donner à première vue une image de raideur, mais cache un humour "très british", selon des proches l'ayant cotoyé à Paris.

Il est "conventionnel, classique, mais pas réactionnaire". "Il fait partie de ceux qui regardent en face la gravité de la crise et veulent la traiter", estime Christine Pedotti, directrice de la rédaction de Témoignage chrétien.

La tâche s'annonce ardue. François Devaux, le président de l'association Parole libérée à l'origine des révélations sur le scandale qui a secoué le diocèse de Lyon, a affirmé jeudi n'attendre "plus rien" de l'Eglise. Il projette de lever des fonds, pour recenser toutes les victimes d'agressions sexuelles, au-delà de l'Eglise.

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