Rentrée éprouvante dans un lycée endeuillé de Floride

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Par Cyril JULIEN - Washington (AFP)
Publié le 27 février 2018 - 19:49
Mis à jour le 01 mars 2018 - 00:58
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Une affiche en faveur de l'interdiction des armes semi-automatiques est posée sur les grilles du lycée Marjory Stoneman Douglas High School de Parkland (Floride), le 27 février 2018
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© RHONA WISE / AFP
Une affiche en faveur de l'interdiction des armes semi-automatiques est posée sur les grilles du lycée Marjory Stoneman Douglas High School de Parkland (Floride), le 27 février 201
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Deux semaines après avoir vu mourir sous les balles leurs camarades de classe, les élèves d'un lycée de Floride ont repris mercredi le chemin des cours, dans l'émotion et l'espoir que leur pays agisse enfin contre les armes à feu.

"Je me sens tendue, mais nous sommes vraiment soutenus par tout notre entourage", confiait Emily Quijano, une adolescente de 16 ans.

"L'ambiance est relativement triste parce que nous connaissions les personnes qui sont mortes. C'est triste parce qu'une telle chose n'aurait jamais dû arriver", poursuivait l'élève du lycée Marjory Stoneman Douglas, dans la ville de Parkland.

Le 14 février, jour de la Saint-Valentin, un jeune homme qui avait été renvoyé de l'établissement a ouvert le feu dans les classes. Nikolas Cruz, 19 ans, a abattu 17 personnes et fait 16 blessés.

Un carnage qui aurait pu être pire: le fusil d'assaut semi-automatique qu'il avait acheté légalement se serait enrayé, selon des sources d'enquête citées par CBS.

"J'ai entendu dire que le président (Trump) voulait armer les professeurs et je pense que ce n'est pas envisageable. Il faut se débarrasser des armes, ne plus en apporter une seule!", ajoutait Emily, alors que de nombreux policiers étaient déployés autour du lycée pour cette rentrée éprouvante.

- Entreprises sous pression -

Le drame au lycée Marjory Stoneman Douglas s'est inscrit dans une longue liste de tueries similaires dans des écoles américaines. Mais, cette fois, les lycéens rescapés ont pris la tête d'un mouvement spontané exigeant un durcissement du régime d'acquisition et de détention des armes.

Ils sont parvenus à relancer un débat qui, par le passé, s'est souvent révélé stérile. Ils ont remis sous pression les entreprises et responsables liés à la National Rifle Association (NRA), le premier lobby des armes qui a soutenu dans sa campagne le président Donald Trump.

Dernier signe que les choses ont recommencé à bouger, l'une des plus grandes chaînes de distribution d'articles de chasse, pêche et activités de loisir en plein air des Etats-Unis, Dick's Sporting Goods, a annoncé mercredi cesser la vente de fusils d'assaut.

La firme a précisé qu'elle ne proposerait plus de chargeurs à grande capacité ni d'armes aux moins de 21 ans.

- 'Colère' -

Sur le plan politique, les rescapés de Stoneman Douglas voient leurs espoirs initiaux d'une législation ambitieuse menacés par la dure réalité de l'inaction d'un Congrès où les élus redoutent de payer dans les urnes des mesures qui seraient dénoncées comme attentatoires au droit constitutionnel d'être armé pour se défendre.

Le président Trump a toutefois envisagé différentes pistes d'action en réunissant mercredi après-midi à la Maison Blanche des législateurs démocrates et républicains, lors d'une discussion apparemment à bâtons rompus retransmise en direct à la télévision.

Il a appelé le Congrès à dépasser ses divisions pour adopter une loi exhaustive. "Il nous faut stopper cette situation absurde", a-t-il déclaré en assurant en avoir parlé avec les responsables de la NRA.

"Je suis un grand fan de la NRA", a-t-il ajouté en même temps qu'il a semblé reprocher à Pat Toomey, un sénateur de son propre parti, d'être timoré sur le sujet des armes. "Vous avez peur de la NRA", a lancé M. Trump, en riant de sa pique.

Jamais à court d'un paradoxe, le président a répété ses critiques de la police de Floride, en estimant qu'elle aurait dû désarmer le tireur. "Je pense qu'ils auraient dû lui retirer immédiatement (ses armes), qu'ils en aient le droit ou pas", a-t-il confié.

"Prenez les armes d'abord et allez en justice ensuite", a insisté M. Trump, sans préciser ce qu'il entendait par là.

- Croix blanches -

En Floride, Etat où se trouve Parkland et où la NRA exerce une forte influence, la question de l'âge légal restait d'actualité, mais l'hypothèse d'interdire les fusils d'assaut semblait vouée à l'échec.

Parmi les élus républicains --majoritaires dans l'Etat-- le sénateur Marco Rubio a vu sa popularité fondre selon un sondage Quinnipiac, ses électeurs lui reprochant d'être soit trop éloigné soit trop proche de la NRA.

"Ce qui me rend le plus en colère, c'est que deux semaines après tout cela pas un seul texte de loi n'a été adopté, ni par l'Etat ni au niveau fédéral", regrettait David Hogg, un des élèves les plus en vue dans la contestation.

Au coin du lycée de Parkland, ville située au nord de Miami, dix-sept croix blanches ont été érigées en mémoire des victimes.

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