Choix de la stabilité, Ferrand désigné haut la main pour le perchoir

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Par Jérémy MAROT - Tours (AFP)
Publié le 10 septembre 2018 - 06:00
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Un choix de stabilité et de "cohérence": Richard Ferrand est en passe de devenir le prochain président de l'Assemblée nationale après avoir décroché dès le 1er tour lundi l'investiture des députés LREM, épargnant ainsi à la macronie une autre crise en cette rentrée compliquée.

Ce Congrès de Tours n'aura donc pas fracturé la majorité, divisée sur les questions de renouvellement et de féminisation des hautes fonctions de l'Etat, mais qui a finalement accordé au patron de groupe Richard Ferrand une avance confortable (64,26%) sur sa principale challengeuse Barbara Pompili (29,21%).

Le député du Finistère a salué "un vote de confiance, un vote sur fond d'adhésion aux propositions" qu'il a pu faire. Il sera officiellement intronisé mercredi, après un vote dans l'hémicycle où la majorité absolue des députés LREM (312 sur 577) lui offre des certitudes sur son déménagement à l'hôtel de Lassay, succédant à François de Rugy parti au ministère de l'Ecologie.

"Effectivement, c'est un choix massif (...) c'est un choix de cohérence, les députés savent aussi ce qu'ils doivent à Richard Ferrand", un des tout premiers soutiens d'Emmanuel Macron et artisan d'En Marche!, s'est félicité le secrétaire d’État aux Relations avec le Parlement et délégué général de LREM Christophe Castaner.

Ce choix est aussi un soulagement pour l'exécutif, soucieux de ne pas déstabiliser la majorité à l'approche d'importants textes législatifs, mais il est très critiqué par l'opposition. "C'est problématique, d'avoir un gouvernement qui a choisi de faire de l'égalité homme-femme une grande cause nationale (…) et de se retrouver avec, dans les quatre premiers personnages de l'État, aucune femme", a déploré la candidate LFI au perchoir Mathilde Panot, en qualifiant les députés LREM de "béni-oui-oui aux ordres de l'Elysée".

"A cette élection il y avait un choix entre deux femmes et deux hommes. Le choix s'est porté sur moi, vous me pardonnerez de ne pas être une dame!", a réagi Richard Ferrand en se défendant d'être "un chouchou" de l'Elysée.

Futur quatrième personnage de l'Etat, M. Ferrand, âgé de 56 ans, a promis de "poursuivre le travail de modernisation" de l'Assemblée initié par François de Rugy. Surtout, son rôle sera crucial dans la négociation avec le président du Sénat Gérard Larcher lorsque l'examen de la révision constitutionnelle, interrompu en juillet, reprendra.

Seul nuage pour lui, l'affaire des Mutuelles de Bretagne, qui l'avait contraint à quitter le gouvernement dès le début du quinquennat et pèse encore comme une épée de Damoclès sur la suite de son parcours.

- Chaises musicales -

Candidate malheureuse, l'ancienne secrétaire d'État sous Hollande et actuelle présidente de la commission du Développement durable de l'Assemblée, Barbara Pompili (ex-EELV), "respecte le vote" mais "regrette de ne pas avoir réussi à convaincre (ses) collègues de l'immense opportunité qu'on avait là de lancer un très beau message vis-à-vis de l'extérieur". La députée de la Somme compte néanmoins poursuivre "cet énorme combat pour la transformation".

Dans un vaste jeu de chaises musicales, l'élection de M. Ferrand va déclencher une autre bataille: celle pour la tête du groupe LREM, pour laquelle "une inflation de candidatures" est crainte, selon plusieurs sources parlementaires. Le bureau du groupe devrait se réunir mardi matin à Tours afin de fixer les modalités d'une élection qui se tiendra selon toute vraisemblance mardi 18 septembre.

- Qui tiendra le groupe ? -

Pour l'heure, aucun profil n'émerge réellement et les conciliabules et spéculations allaient bon train lundi dans les coursives du palais des Congrès tourangeau en attendant les premières candidatures.

"Si Richard Ferrand s'en va, qui tiendra le groupe ?", ce collectif encore jeune et "animé de mouvements centrifuges", qui pourraient apparaître au grand jour lors de l'examen du budget à l'automne, s'interroge-t-on dans la majorité.

Dans le groupe, "il n'y a pas de lignes idéologiques fortes, pas de poids lourds", s'inquiète une source parlementaire en soulignant que Richard Ferrand, bien que souvent critiqué, "n'a jamais eu de remplaçant crédible, et personne ne s'est dressé contre lui avec un véritable projet alternatif".

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