"Brooklyn Secret" : le rêve américain d'une immigrée philippine transgenre sans papiers (vidéo)

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FranceSoir
Publié le 28 juin 2020 - 09:10
Mis à jour le 29 juin 2020 - 19:48
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Brooklyn Secret Film
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Olivia (Isabel Sandoval) et Alex (Eamon Farren) vont tomber amoureux l'un de l'autre.
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SORTIE CINÉ – Comment vivre dans l'Amérique de Donald Trump quand on est une immigrée philippine transsexuelle sans papiers: a priori, le scénario de Brooklyn Secret a tout pour effrayer. Mais il ne faut pas se fier aux clichés, le film –qui sort ce mercredi 1er juillet sur les écrans français– est d'abord une histoire d'amour délicate qui évite les poncifs politico-mélodramatiques.

C'est le troisième film de la réalisatrice philippine Isabel Sandoval, 38 ans, installée à New York et elle-même transgenre. Elle interprète elle-même le personnage principal de ce film dont elle a assuré la réalisation, le scénario et le montage.

Brighton Beach, quartier de Brooklyn

Elle est Olivia, qui travaille comme aide à domicile auprès d’Olga, une grand-mère russe juive ashkénaze de Brighton Beach, quartier de Brooklyn à la pointe sud de la ville de New York. La vieille dame n'a plus toute sa tête et Olivia s'occupe d'elle avec dévouement et gentillesse.

Comme d'autres copines immigrées, Olivia a payé un Américain pour organiser un mariage blanc, afin d'obtenir des papiers pour rester aux États-Unis. Mais au dernier moment celui-ci se rétracte, et Olivia se retrouve dans l'angoisse d'une immigrée sans permis de séjour.

Histoire d'amour

C'est à ce moment qu'elle rencontre Alex (l'acteur australien Eamon Farren), petit-fils d'Olga, employé par son oncle dans un abattoir et qui vient s'occuper lui aussi de sa grand-mère, en alternance avec elle. C'est un garçon plutôt gentil et attentionné, et petit à petit une attirance réciproque naît entre lui et Olivia. Celle-ci, toujours obsédée par l'histoire de ses papiers, va se laisser aller à vivre enfin une vraie histoire d'amour. Mais sans vouloir, dans l'immédiat, révéler son passé à Alex…

"Je crois que je voulais montrer le prix à payer pour vivre le rêve américain. Vu des Philippines, s’envoler pour les Etats-Unis est synonyme de réussite. Beaucoup de familles aux Philippines nourrissent le souhait que leurs proches aillent gagner leur vie aux Etats-Unis. Brooklyn Secret dépeint l’envers de ce rêve mais, je l’espère, d’une manière mélancolique et teintée d’espoir", explique la réalisatrice.

Subtil et délicat

Son film est subtil et délicat, c'est avant tout une histoire d'amour tout en délicatesse. Il met davantage l'accent sur l'aspect immigrée sans papiers du personnage que sur sa personnalité transgenre. Et, même s'il est jalonné de spots de radios et de télés faisant référence aux tourments des immigrés dans l'Amérique d'aujourd'hui, ce n'est pas un film lourdement militant ou engagé.

Lire la critique:

> Girl: le plaidoyer transgenre primé à Cannes

Pourtant la réalisatrice, qui explique avoir fait ce film après ce qu'elle appelle sa "transition" d'homme à femme (après ses deux premiers films en 2011 et 2012 sous le nom de Vincent Sandoval), avoue que "le fait d’être une immigrée et une femme trans pesaient lourd dans mon existence à ce moment-là, précisément quand Donald Trump est devenu président des Etats-Unis".

Angoisse et inquiétude

"Donc Brooklyn Secret est le résultat de mon état d’esprit de l’époque. Quand je l’écrivais, j’éprouvais de l’angoisse et de l’inquiétude. Je me sentais vulnérable par rapport à ma situation aux Etats-Unis. Je ne suis pas sans-papiers comme mon personnage. Je possède une Green Card avec mon prénom et mon sexe féminin", raconte-t-elle. "En revanche, j’ai un passeport qui correspond à mon identité masculine d’avant. Quand je vais à l’étranger et que je reviens aux Etats-Unis, j’ai toujours peur de subir un interrogatoire lorsque je passe les contrôles et d’être retenue dans une pièce pendant des heures, ce qui n’est pas impossible vu le climat politique actuel".

Une fin bien maîtrisée

Même si le personnage principal lui ressemble, la réalisatrice précise que le film n'est pas autobiographique. Il y a du suspense psychologique, on se demande si cela va bien ou mal finir, la fin traîne un peu en longueur. Mais c'est raconté sans outrance mélodramatique, simplement, une histoire d'amour comme une autre –ou presque–, avec une fin bien maîtrisée.

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