Critique- "Mon cher enfant" : Daech au quotidien en Tunisie (vidéo)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 13 novembre 2018 - 08:29
Mis à jour le 14 novembre 2018 - 10:40
Image
Film Mon Cher Enfant
Crédits
©Bac Films
Le père croit connaître son fils, jusqu'au jour où celui-ci décide de partir pour la Syrie...
©Bac Films
CRITIQUE – Des parents tunisiens voient leur fils partir en Syrie pour rejoindre Daech, sans comprendre pourquoi. C'est le thème du film intimiste "Mon cher enfant", qui sort ce mercredi.

SORTIE CINÉ – C'est la chronique ordinaire d'un adolescent tunisien qui s'en va rejoindre les rangs de Daech: dans Mon cher enfant, qui sort ce mercredi 14 novembre sur les écrans français, les parents ne comprennent pas ce qui a poussé leur fils à faire cela.

Riadh, le père, s’apprête à prendre sa retraite de cariste au port de Tunis. Avec sa femme Nazli, enseignante, ils forment un couple de la petite bourgeoisie tunisienne uni autour de Sami, 19 ans, leur fils unique qui s’apprête à passer le bac.

Sami est secret, timide, peu expansif, il se confie rarement à ses parents ou ses amis. Ses migraines répétées inquiètent ses parents. Mais au moment où Riadh pense que son fils va mieux, à deux jours du bac, celui-ci disparaît, avec ses affaires et son ordinateur.

Il a laissé un message disant qu'il part en Syrie. Son père décide alors de partir en Turquie pour retrouver son fils, qui a rejoint les rangs de Daech…

Mon cher enfant est le deuxième long métrage du jeune réalisateur tunisien Mohamed Ben Attia, 42 ans, après Hedi, un vent de liberté, sacré meilleur premier film au festival de Berlin en 2016.

Il raconte avec pudeur et simplicité, sur un ton intimiste, le quotidien d'un couple de parents qui ne comprend pas la radicalisation islamiste de leur jeune fils, qu'ils n'ont pas vu venir. "J’ai compris très vite que ce qui m’intéressait n’était pas les raisons qui avaient poussé le fils au départ, mais plutôt le point de vue de ceux qui étaient restés, de ses parents qui n’avaient pas vu la chose venir, et d’associer leurs réactions à notre vécu, à notre quotidien", dit-il.

Le spectateur lui-même ne comprend pas pourquoi le fils décide de partir rejoindre les rangs des terroristes islamistes. La faute à la société? "Même pour un adolescent plutôt stable dans sa vie, grandissant dans un cocon familial aimant, dans un environnement sain et tout à fait normal, il y a toujours une pression: les études, la réussite, le travail à trouver, la famille à construire... Et on lui dit que c’est ça le bonheur", explique le réalisateur.

Le film fait froid dans le dos, même si la tonalité générale, tranquille, évite tout mélodrame ou toute envolée socio-politique lourdement démonstrative. Il y a une description de la vie quotidienne tunisienne, un certain suspense dans la seconde partie, et un acteur –Mohamed Dhrif, dans le rôle du père– qui occupe tout l'écran avec justesse, simplicité et humanité.

Et la fin, joliment mélancolique, évite tout jugement de valeur. "Il y a eu pas mal de films sur ce sujet, où les condamnations, un peu trop faciles, réduisaient le sujet à quelque chose de systématique", explique Mohamed Ben Attia. "On accusait la pauvreté, l’endoctrinement religieux, etc. Or, dès qu’on se penche sur la question, on voit bien que les choses sont beaucoup plus complexes et que les profils de ceux qui partent sont tellement différents qu’il est impossible d’en tirer une règle".

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.