"Dawson City" : les films disparus de la Ruée vers l'or (vidéo)

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FranceSoir
Publié le 30 juillet 2020 - 13:46
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Film Dawson City
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©Théâtre du Temple
La ville de Dawson a vu sa population passer de quelques centaines à 40.000 habitants au moment de la Ruée vers l'or à la fin du XIXe siècle.
©Théâtre du Temple

SORTIE CINÉ – À travers l'histoire d'une petite ville du grand nord canadien envahie par les chercheurs d'or à la fin du XIXe siècle, c'est une émouvante plongée dans l'histoire des débuts du cinéma muet que propose le film Dawson City: Le Temps suspendu. Réalisé en 2016 et diffusé sur Arte en 2017, ce documentaire américain avait été présenté à la Cinémathèque et au Centre Pompidou et sort pour la première fois en salles le 5 août.

Il raconte les conséquences de l'étonnante découverte faite en 1978 à Dawson, petite ville de 1.500 habitants du Territoire du Yukon, dans le nord-ouest du Canada, située à 560 kilomètres au sud du cercle polaire arctique, non loin de la frontière avec l'État américain de l'Alaska. Lors de travaux destinés à construire un centre de loisirs, le conducteur d’une pelleteuse fit surgir de terre des centaines de bobines de films miraculeusement conservées dans le sol gelé.

Ruée vers l'or pour 40.000 personnes

Le documentaire explique l'origine de ces films oubliés. Fondée en 1897, Dawson a vu sa population passer de quelques centaines à 40.000 habitants au moment de la Ruée vers l'or à la fin du XIXe siècle. Hôtels, banques, commerces, théâtres, cinémas, cabarets, casinos, maisons closes ont surgi de terre pour accueillir tous ces immigrants, avant que la folie ne retombe et que Dawson, épuisée et désenchantée, ne retrouve son calme et ne se vide de ses nouveaux habitants, partis poursuivre leur chasse à l'or vers l'Alaska.

Bobines de films enterrées dans le sol gelé

C'est après cette vague humaine que les films ont commencé à arriver à Dawson, par centaines, parfois deux ou trois ans après leur sortie. Comme la ville était au bout de la chaîne de distribution, une fois les projections terminées dans les cinémas, les distributeurs n’eurent pas envie de payer pour faire rapatrier les bobines, qui se sont donc accumulées.

Elles ont ensuite été soit jetées dans la rivière, soit enterrées dans le sol gelé, sous la piscine municipale. C'est là qu'on les a découvertes en 1978: en tout 533 bobines, confiées aux Archives nationales du Canada et à la bibliothèque du Congrès américain, qui parviendront à restaurer les vestiges de 372 films muets.

Le documentaire, accompagné d'une musique légèrement envoutante, n'a pas recours à la voix off mais est composé de quelques interviews, de nombreux extraits des 372 films et d'une multitude de photos avec des phrases explicatives. Les films, muets et en noir et blanc, dont certains avaient disparu, sont parfois des extraits d'actualités de l'époque (par Pathé, Universal, Fox ou le British War Office) ou des documentaires: Birth of Flowers (1911), A Trip to Palestine (1907), Elephant Racing at Perak (1911), A Winter's Visit to Central Park (1912). On y voit l'accueil de clients par les prostituées d'une maison close, un combat de boxe ou un match de baseball, des joueurs de cartes, des incendies de bâtiments, la guerre des tranchées, des manifestations syndicales, et bien sûr des images de la Ruée vers l'or.

Films de fiction de 1903 à 1929

Mais la plupart des extraits –certains endommagés par l'eau lors de leur long séjour sous terre– sont ceux de films de fiction, réalisés entre 1903 et 1929, bluettes sentimentales ou histoires mystérieuses, aux titres poétiques ou évocateurs: Temperance Town (1916), A Girl's Folly (1917), The New Woman and the Lion (1912), His Madonna (1912), The Half-Breed (1916), The Frog (1912), The Stolen Paradise (1917), Pearl of the Army (1917), The Impardonable Sin (1916), A Soul For Sale (1917), The Kiss (1914), The Martyrs (1912), The Salamander (1916), It Happened to Adele (1917), The Strange Case of Mary Page (1917)…

C'est une plongée intéressante et nostalgique dans l'histoire du cinéma muet qu'apporte ce Dawson City, parfois un peu longuet au début mais très documenté et passionnant pour les amoureux du 7e art. "Les personnes qui ont enterré les films n'essayaient pas de les conserver. En fait, elles essayaient de s'en débarrasser. Ils représentaient une menace pour la ville car ils étaient hautement inflammables. Ils sont tombés par inadvertance sur l'un des moyens les plus sûrs de stocker le film de nitrate: le geler et l'enfouir, de sorte qu'il n'y ait pas de circulation d'air autour de lui", explique le réalisateur, Bill Morrison.

"Un miracle"

Il ajoute que "seul un petit pourcentage des films qui sont passés par cette ville ont été enterrés. La grande majorité d'entre eux ont été jetés dans le fleuve Yukon ou ont subi d'énormes incendies, intentionnels ou accidentels. Ce petit lot a été préservé car c'était un moment où il y avait de la place disponible sous terre et qu’ils cherchaient à privilégier l'enfouissement. C'est donc plus qu’une chance que ces films aient été sauvés, et qu'ils existent encore aujourd'hui: un miracle".

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