"Ema" : danse moderne et désir de maternité (vidéo)

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FranceSoir
Publié le 02 septembre 2020 - 20:38
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Film Ema
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©Potemkine Films
Ema (Mariana Di Girolamo) et Gaston (Gael García Bernal) forment un couple mouvementé.
©Potemkine Films

SORTIE CINÉ – Les tourments conjugaux et le désir inassouvi de maternité d'une jeune femme sont au centre d'Ema (ce mercredi 2 septembre sur les écrans), le nouveau film du talentueux réalisateur chilien Pablo Larrain, dont le biopic sur Jackie Kennedy en 2016, Jackie, avait été très remarqué.

Ema (Mariana Di Girolamo) est une jeune danseuse d'un ballet moderne mariée à Gaston (Gael García Bernal), un chorégraphe de renom plus âgé qu'elle. Leurs relations sont mouvementées, orageuses, tour à tour empreintes de passion et de froideur.

Gaston est un chorégraphe avant-gardiste, sûr de lui et charismatique, qui contrôle sa troupe avec autorité mais est contesté par les danseurs, qui le trouvent dépassé et loin des nouvelles attitudes de ceux qui dansent spontanément dans la rue. Dans son couple aussi cela ne se passe pas très bien, Ema se joignant à la contestation d'autres danseuses qui veulent des chorégraphies plus authentiques.

Désir d'enfant

Surtout, la jeune femme est hantée par les conséquences d'une adoption qui a mal tourné: le couple a rendu l'enfant de six ans qu'il avait adopté, notamment parce qu'il avait brûlé la moitié du visage de sa tante et mis un chat vivant dans le congélateur. Gaston est stérile et le désir d'enfant d'Ema est plus fort que jamais, c'est pourquoi la jeune femme décide de transformer sa vie…

C'est le 8e film depuis 2006 de Pablo Larrain, 44 ans, le cinéaste chilien qui monte et qui s'est fait connaître du grand public par ses deux derniers films en 2016, deux biopics: Neruda, sur le poète et sénateur communiste chilien Pablo Neruda décédé en 1973, et surtout Jackie, sur Jackie Kennedy interprété par Nathalie Portman et tourné aux États-Unis.

Lire la critique:

> Jackie: Natalie Portman, exceptionnelle First Lady

Avec Ema, le réalisateur voulait parler de l’adoption. "Je pense que l’adoption est une des choses les plus généreuses qu’une personne peut faire, mais, étrangement, elle est souvent idéalisée. Les parents traversent beaucoup de situations problématiques, et l’enfant porte parfois avec lui un traumatisme parce qu’il a été maltraité", dit-il.

Et d'ajouter, pour préciser l'idée de son scénario: "Dans quelques cas, des parents «rendent» l’enfant qu’ils ont adopté. On appelle cela une «adoption ratée». Dans ces cas-là, une logique bureaucratique se met alors en place: si j’abandonne l’adoption de mon fils, cette personne n’est plus mon fils et prend un nom différent, et si une famille adopte cet enfant, il devient alors leur fils. Et s’ils le rendent à leur tour, il est à nouveau orphelin. Il change à nouveau de nom et n’a jamais été le fils des personnes précédentes".

Esthétisme et audace

Entrecoupé de scènes de danse sur fond de soleil géant orange ou bleu, avec des dialogues un peu décalés, des décors et éclairages soignés, son film est brillant, parfois envoûtant, parfois déroutant, parfois gratuit, parfois prétentieux. La mise en scène fait preuve d'un certain esthétisme et d'audace, avec scènes de sexe, lesbianisme et réflexion sur le triptyque danse-musique-orgasme.

Une belle histoire

Mais c'est une belle histoire, puissante et universelle malgré le caractère parfois marginal des personnages, traversée d'accents féministes. Au-delà de la question de la maternité et du désir d'enfant, il y est question de la faiblesse des hommes –face aux femmes, à la sexualité, à la paternité, à leur relation avec leur mère–, mais tout en faisant de Gaston un personnage fort et intéressant, pas caricatural.

Bref, Ema est un film qui sort de l'ordinaire et confirme le talent de Pablo Larrain, avec une jolie fin, entre happy end inattendue et conception originale et non-conventionnelle du couple et de la famille.

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