"Et puis nous danserons" : LGBT en Géorgie (vidéo)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 07 novembre 2019 - 17:00
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Film Et Puis Nous Danserons
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©ARP Sélection
L'acteur principal Levan Gelbakhiani alterne énergie, dans les scènes de danse, et fragilité, dans les séquences plus intimes.
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CRITIQUE – Le film "Et puis nous danserons", qui sort ce mercredi, permet de découvrir la danse traditionnelle géorgienne, un des piliers culturels de cette ancienne république soviétique. Mais l'histoire raconte aussi la difficulté, pour les homosexuels, d'être acceptés par la société.

SORTIE CINÉ – Être danseur en Géorgie est un honneur et une fierté, être homosexuel est beaucoup plus difficile à vivre: c'est le message du film Et puis nous danserons, présenté en mai dernier à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes et qui sort sur les écrans français ce mercredi 6 novembre.

En Géorgie, ancienne république de l'URSS située dans le Caucase au nord de la Turquie et de l'Arménie, "trois choses sont considérées comme emblématiques de la tradition géorgienne et de l’identité nationale: l’église, le chant polyphonique traditionnel et les danses nationales traditionnelles", explique le réalisateur, Levan Akin, d'origine géorgienne mais qui est né et réside en Suède.

Son film raconte l'histoire de Merab (Levan Gelbakhiani), un jeune homme qui travaille le soir comme serveur dans un restaurant mais qui, le jour, s’entraîne depuis son plus jeune âge dans le cadre de l’Ensemble National Géorgien, avec une dizaine d'autres danseurs. Son rêve est de devenir danseur professionnel et, pour cela, il doit être sélectionné pour passer des auditions et s'entraîne dur, sous la férule d'un professeur sévère et perfectionniste.

Quand un nouveau danseur, Irakli (Bachi Valishvili), charismatique et très doué, débarque un jour dans le cours de danse, Merab est impressionné. Par son talent –le nouveau venu va devenir son principal rival– mais aussi par son charme, sa beauté, sa gentillesse…

C'est le troisième long métrage du réalisateur Levan Akin. Les deux premiers étaient en suédois mais ce troisième est en géorgien, une langue qu'il parle à peine puisque ses parents font partie de la diaspora géorgienne de Turquie, qu'il est né en Suède et n'est retourné en Géorgie qu'épisodiquement pendant sa jeunesse.

L'idée du film lui est venue, dit-il, "lorsque j’ai été témoin en 2013, à Tbilissi (capitale de la Géorgie), d’une Gay Pride où des jeunes gens courageux qui tentaient en vain de défiler ont été attaqués par une foule de milliers de personnes, une attaque qui était organisée par l’église orthodoxe. J’ai aussitôt ressenti le besoin d’aborder ce sujet".

Il est donc allé tourner –avec quelques difficultés– en Géorgie, où l'évolution des mœurs, et notamment l'acceptation de l'homosexualité, ne va pas aussi vite que dans les pays occidentaux. Dans le film, "la danse géorgienne incarne le monde ancien, conservateur, et l’amour naissant entre deux danseurs représente une nouvelle génération, qui a d’autres aspirations", explique-t-il.

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Il a tourné dans des décors naturels, avec de nombreux comédiens non-professionnels, et dit s'être inspiré d'histoires vraies. Mais les personnages principaux sont joués par des acteurs professionnels, notamment l'interprète de Merab, Levan Gelbakhiani, qui alterne énergie et fragilité et dont la présence à l'écran a visiblement impressionné le réalisateur, qui le filme torse nu la moitié du film, même dans certaines scènes qui n'ont pas de rapport direct avec la danse.

Si certaines de ces scènes de danse sont un peu longues et répétitives, comme d'autres de jeunes qui boivent et s'amusent, le film permet tout de même de découvrir ce double aspect de la société géorgienne –la danse traditionnelle et les difficultés de vivre son homosexualité–, avec des scènes réalistes accompagnant la fiction.

"Je raconte l’histoire de jeunes LGBT et leurs luttes à leur petite échelle, ce qui me permet de montrer l’histoire et la situation de la Géorgie contemporaine à plus grande échelle", explique le réalisateur. "Ce film permet de montrer une partie du monde que peu de gens connaissent, mais j’espère qu’il est aussi une façon très sincère de montrer combien il est crucial d’être libre".

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