"Free State of Jones" : Matthew McConaughey, sudiste américain contre l'esclavagisme (VIDEO)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 08 septembre 2016 - 03:52
Mis à jour le 14 septembre 2016 - 15:13
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Matthew McConaughey Film Free State of Jones
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©Metropolitan FilmExport
Matthew McConaughey interprète avec force le personnage réel de Newt Knight.
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Dans les salles françaises ce mercredi, le film "Free State of Jones" raconte l'histoire vraie de Newton Knight, déserteur sudiste pendant la guerre de Sécession américaine qui se battit aux côtés des Noirs pour défendre leurs droits.

"Basé sur des faits réels", peut-on lire au générique de début: le film Free State of Jones (ce mercredi 14 sur les écrans français) raconte l'histoire de Newton Knight, un fermier blanc de l'État du Mississippi qui, pendant la guerre de Sécession, déserta l'armée pour se battre contre l'esclavagisme.

Matthew McConaughey interprète ce personnage historique, paysan pauvre de la région du comté de Jones dans l'État du Mississippi, l'un des 11 États confédérés du Sud opposés à l'abolition de l'esclavage et en guerre civile contre les États de l'Union.

On est en octobre 1862, la guerre de Sécession dure depuis un an et demi. "Newt" Knight ne possède pas d'esclaves et s'oppose moralement à la sécession et à l'esclavage, mais s'est engagé volontaire comme aide-soignant dans l'armée confédérée, pour s'assurer de servir dans le même régiment que ses proches et voisins.

Un jour, bouleversé de voir son neveu de 14 ans tué sous ses yeux sur le champ de bataille, démoralisé par le carnage des batailles et le caractère inique de la "Twenty Negro Law" –une loi permettant aux riches propriétaires d'au moins 20 esclaves d'échapper à la conscription–, Newt Knight prend la décision de ramener le corps de son neveu dans sa famille pour l'enterrer. Il devient ainsi déserteur.

Il rentre chez lui, dans sa modeste maison du comté de Jones, où il retrouve sa femme et son fils. Il commence à défendre ses voisins contre les soldats confédérés et les agents de la perception qui confisquent des biens –bêtes, coton, céréales– pour l'effort de guerre. Et, poursuivi pour désertion et promis au peloton d'exécution, il s'enfuit et se cache dans les marais, pris en charge par des esclaves noirs et d'autres paysans blancs déserteurs qui ont fui eux aussi. C'est là que, petit à petit, il va prendre la tête d'une rébellion contre l'armée, lutter contre l'esclavagisme et créer "The Free State of Jones", l'État libre du comté de Jones…

"Il existe une plaie profonde dans l'inconscient collectif américain –une blessure dans notre histoire presque impossible à cicatriser", souligne le réalisateur, Gary Ross, qui a réalisé notamment le premier Hunger Games en 2012. "Cette guerre a fait 600.000 victimes. Il a fallu plusieurs générations, pour ne pas dire un siècle tout entier, pour surmonter cet épisode et en comprendre les motivations profondes. Newt Knight a su percer à jour ce qui est au fondement de la guerre de Sécession, à savoir qu'il s'agit essentiellement d'un combat moral".

L'histoire de Newt Knight, épisode peu connu de la guerre de Sécession, intéresse probablement plus les Américains que les spectateurs français, qui trouveront peut-être quelques longueurs dans ce film de 2 heures 20. Aux horreurs de la guerre et à l'infamie de l'esclavage est opposé la vie rêvée de cet "État libre de Jones", petit paradis social où, comme dans un camp de pionniers, on s'organise, on ramasse du bois, on cultive du maïs, on lit, on danse, on joue de l'harmonica et du violon. Blancs et Noirs y sont égaux, et "ce qu'un homme cultive avec ses deux bras devrait lui appartenir", proclame sous les vivats Newt Knight.

Matthew McConaughey a beaucoup de charisme dans ce film un peu académique, qui prend quelques libertés avec la réalité historique et dresse de Newt Knight, personnage controversé de l'histoire américaine (qui mourut en 1922 à l'âge de 84 ans), un portrait bien sûr très favorable, entre Robin des Bois, Auguste Blanqui et Victor Schoelcher. L'esclavage sera aboli aux États-Unis en 1865 après la fin de la guerre de Sécession, mais la discrimination raciale fera encore des ravages pendant plus d'un siècle, parfois inscrite dans la loi.

Ainsi l'une des forces du film est d'entrecouper l'histoire de Newt Knight –qui épousa après la guerre une ancienne esclave noire, Rachel– par des séquences situées 85 ans plus tard. On y voit Davis Knight, arrière-petit-fils de Newt, lui-même blanc de peau, condamné pour avoir enfreint la loi du Mississippi en épousant une femme blanche: l'accusation partait du principe qu'en tant qu'arrière-petit-fils de Newt Knight, son arrière-grand-mère était probablement Rachel, qu'il avait donc du sang noir dans les veines, qu'il devait être considéré comme Noir et n'avait donc, à l'époque, pas le droit d'épouser une personne appartenant "à une autre race que la sienne". C'était en 1948, une époque moins éloignée de la nôtre que de la guerre de Sécession.

(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):

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