Gaumont et le cinéma : premier rôle à succès

Auteur(s)
PP
Publié le 28 janvier 2015 - 17:37
Mis à jour le 29 janvier 2015 - 00:14
Image
Ingénieur de formation, Léon Gaumont rêvait d'une image "animée, en couleur, sonore et en relief".
Crédits
©Collection musée Gaumont
Ingénieur de formation, Léon Gaumont rêvait d'une image "animée, en couleur, sonore et en relief".
©Collection musée Gaumont
A la fin du XIXe siècle, Léon Gaumont, un passionné de cinéma, voit ce nouvel art se développer et décide de se lancer dans l’aventure. Un peu plus de 100 ans après, les "Actualités Gaumont", le logo en forme de marguerite et les chefs-d’œuvre produits par la maison ont fait de la firme –la plus ancienne société cinématographique au monde– un monument du cinéma mondial.

Personne en France n’imagine (encore) un monde sans salles obscures, qui sont solidement ancrées dans le paysage de nos villes. Pourtant, peu sont ceux qui savent que l’Hexagone héberge l’un des acteurs majeurs dans le développement mondial de l’industrie du septième art. Une société qui a vu le jour avec le cinéma, à la fin du XIXe siècle.

La L. Gaumont et Cie est fondée par Léon Gaumont, qui n’a alors que 31 ans, en 1895. Très au fait des avancées en matière cinématographique, le fondateur rêve d’une image "animée, en couleur, sonore et en relief", comme il l’écrit dans ses carnets, et compte bien la rendre accessible au grand public. La même année, le 28 décembre, les frères Lumière organisent dans les salons parisiens du Grand Café (place de la Madeleine) leur première séance publique. 

En une dizaine d’années seulement, la société étend son activité à la fabrication, la vente, la distribution de films et leur exploitation avec l’ouverture de nombreuses salles. Léon Gaumont se fait un nom notamment grâce à ses ingénieurs, très en pointe. En 1903, il dépose sa marque. Ce sera la Elgé, tout simplement car ce sont ses initiales (LG). Le logo en forme de marguerite, lui, vient du prénom de sa mère, à laquelle il veut rendre hommage.

Toujours en 1903, la secrétaire de Léon Gaumont, Alice Guy, lui propose d’agrémenter la présentation des appareils vendus par la maison par des saynètes filmées. Léon Gaumont accepte, mais à une seule condition: que les tournages se fassent en dehors des heures de bureau… C’est ainsi qu’Alice Guy devient la première femme réalisatrice. Au total, elle tourne environ 300 films et expérimente même les productions sonores. 

Le cinéma n’en est alors qu’à ses prémices. Par exemple: l’un des premiers films de la Gaumont serait La Biche au bois, un (très) court métrage de quelques secondes seulement, dont les images ont étés coloriées à la main les unes après les autres. De spectacle forain un brin artisanal, le septième art se perfectionne au fil des ans et mute en une véritable industrie. Devenu un acteur incontournable du cinéma, Gaumont développe ses bureaux installés dans la capitale et surnommés la "cité Elgé". On y fait tout: caméras, décors (dont une scène de 30 mètres de long et 43 de haut), prises de vues, impression des affiches et des programmes…

Les "Actualités Gaumont"

Alors que la société surfe sur le succès, le Gaumont-Palace est ouvert en 1910, rue de Clichy dans le nord de Paris. Ancien hippodrome de Paris devenu salle obscure, il s’agit à l’époque du plus grand cinéma du monde: 3.500 fauteuils et de quoi accueillir 5.500 spectateurs! Car dans la galerie et les promenoirs, les clients restent debout. Dans ce gigantesque cinéma, qui fait salle comble, sont diffusées les productions maison. Le Tout-Paris, les titis et les ouvriers s’y mélangent pour voir les drames et vaudevilles tournés sur fond de décors peints, sans oublier les célèbres "Actualités Gaumont".

Par le passé, la société a déjà réalisé ponctuellement des documents d’actualité, mais c’est en 1910 –un an après son rival Pathé– qu’elle lance son journal cinématographique. Entre la marque et Pathé, son principal concurrent, c’est alors la course à l’information. Conséquence directe: les deux firmes développent agences et succursales à l’international et dans l’Hexagone, afin de couvrir au mieux chaque événement.

120 ans et (presque) toutes ses dents

Changement d’ambiance en 1930. Léon Gaumont quitte la société, le cinéma parlant émerge et la crise fait rage. Puis c’est la Seconde guerre mondiale, qui marquera un coup d’arrêt à l’expansion de la firme française, et l’avènement du cinéma américain porté par Charlie Chaplin, les frères Marx et Ernst Lubitsch.

Face aux puissants maîtres d’Hollywood, Gaumont –tout comme Pathé– perd des parts de marché. S’en suivent diverses fusions, notamment avec la Metro-Goldwyn-Mayer. Dans les années 1950, et par la suite, la société n’est peut-être plus aux tout premiers plans du cinéma mondial, mais elle en reste un acteur important, notamment en France et en Europe.

De nouveau dirigée par un Français, Nicolas Seydoux, depuis 1975, Gaumont développe son nombre de salles et met l’accent sur la production, avec laquelle la société a renoué dans les années 1960. Les Tontons flingueurs, La Folie des grandeurs, Le Grand bleu, Le Cinquième élément, Le Dîner de cons ou plus récemment OSS 117, ne sont que quelques-uns des films les plus célèbres produits et diffusés par Gaumont, qui renoue avec le succès.

 

 

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.