"Genius" : Jude Law et Colin Firth, histoire d'une amitié littéraire (VIDEO)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 11 juillet 2016 - 03:52
Mis à jour le 27 juillet 2016 - 18:10
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Jude Law Colin Firth Film Genius
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©Mars Distribution
Jude Law (à gauche) et Colin Firth interprètent l'écrivain Thomas Wolfe et son éditeur Maxwell Perkins, qu'une belle amitié unira pendant une dizaine d'années.
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La rencontre, dans les années 30, entre l'écrivain américain Thomas Wolfe et l'éditeur Maxwell Perkins, qui fut aussi celui d'Hemingway et de Scott Fitzgerald, est racontée avec subtilité et émotion dans le film "Genius", qui sort ce mercredi.

Il est moins connu qu'Ernest Hemingway ou Francis Scott Fitzgerald, mais avait au moins deux points communs avec eux: un talent fou et le même éditeur. Le film Genius (ce mercredi 27 sur les écrans français) permet de (re)découvrir l'écrivain américain Thomas Wolfe (1900-1938).

Le film raconte surtout la collaboration, la complicité, l'amitié de cet auteur original (interprété par Jude Law) avec cet éditeur d'exception, Maxwell Perkins (Colin Firth). Tout commence à New York en 1929, dans l'Amérique frappée par la Grande dépression. L'éditeur, un des responsables de la prestigieuse maison Scribner depuis une vingtaine d'années, reçoit un jour un pavé d'un millier de pages intitulé Ô, âme perdue.

Il commence à le lire dans le train qui le ramène chaque soir chez lui, et la beauté de ce texte le bouleverse. Quelques jours plus tard, un jeune homme de 28 ans débarque dans son bureau, très agité car il pense que, comme tous les éditeurs de New York, Scriber va refuser son livre. C'est Thomas Wolfe, l'auteur du livre.

"Monsieur Wolfe, nous allons publier votre livre", lui dit Maxwell Perkins, provoquant son explosion de joie. L'éditeur taille dans le manuscrit, change le titre pour L'ange exilé, et le livre est un succès. C'est le début d'une collaboration artistique et d'une relation humaine qui durera une dizaine d'années…

Le film s'intéresse autant à Maxwell Perkins qu'à Thomas Wolfe. Celui-ci, qui avait 16 ans de moins que lui, fut un peu le fils qu'il n'a jamais eu. L'éditeur, marié à la dramaturge Louise Saunders (Laura Linney), père de cinq filles, très attaché à sa famille, l'a pris sous son aile en lui apprenant notamment à faire plus court.

Thomas Wolfe faisait en effet des phrases longues à côté desquelles celles de Proust feraient office de tweets, il écrivait des pavés qui feraient passer Guerre et Paix pour une nouvelle. Quand il livra à Maxwell Perkins le manuscrit de son deuxième roman, Le temps et le fleuve, les 5.000 pages remplissaient dans trois gros cartons. L'écrivain plaidait parfois sa cause auprès de l'éditeur, en s'emportant contre lui: "Certains livres doivent être longs. Heureusement que Tolstoï ne t'a pas rencontré, il aurait écrit Guerre et… rien".

Exubérant, verbe haut, bavard, talentueux, joyeux, brillant, prolixe, passionné –et passionnant–, Thomas Wolfe, amateur de jazz, de bourbon et de filles, mort jeune d'une maladie après seulement quatre romans, est interprété avec fougue par Jude Law. Nicole Kidman joue sa maîtresse, Aline Bernstein, une décoratrice de théâtre réputée, mariée, mère de famille, de 18 ans son aînée, qui compta beaucoup pour lui.

Mais le personnage principal du film est sans doute l'éditeur Maxwell Perkins, incarné avec subtilité par Colin Firth, qui ne se sépare de son chapeau que dans la toute dernière séquence, la plus émouvante. On le voit recevoir dans son bureau un Francis Scott Fitzgerald (Guy Pearce) aux abois, ou poser pour la photo avec un Ernest Hemingway (Dominic West) rigolard sur un ponton de Key West au retour d'une pêche à l'espadon.

Délicat, émouvant, de haute tenue, le film évoque sans intellectualisme ou ennui les affres, mystères et grandeurs de la création littéraire. "Le personnage de Maxwell permettait de parler du processus de création, et de toute relation avec un artiste talentueux", explique le réalisateur Michael Grandage, metteur en scène de théâtre britannique dont c'est le premier long métrage.

Au-delà de cette histoire d'amitié littéraire, c'est l'œuvre (et la vie) d'un écrivain de talent mais peu connu du grand public que le film donne à découvrir. Pour cela, notamment, les extraits lus par Maxwell Perkins quand il travaille avec Thomas Wolfe sont si beaux qu'ils donnent, à la sortie de la salle, l'envie de se précipiter dans la première librairie pour acheter un des quatre romans de l'écrivain –s'ils sont encore disponibles.

(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):

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