"La Vie scolaire" : l'hommage de Grand Corps Malade à l'école de la République (vidéo)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 26 août 2019 - 10:33
Mis à jour le 27 août 2019 - 19:20
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Liam Pierron Film La Vie Scolaire
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©Gaumont
Comme ses copains, Yanis (Liam Pierron, à gauche) ne croit pas que l'école va lui permettre de trouver du travail dans le futur.
©Gaumont

CRITIQUE – Dans "La Vie scolaire" qui sort ce mercredi, son deuxième film comme réalisateur en association avec son ami Mehdi Idir, Grand Corps Malade raconte la vie quotidienne d'enseignants et d'élèves d'un collège de banlieue.

SORTIE CINÉ – Deux ans après son film Patients dans lequel il racontait son année passée dans un centre de rééducation suite à un accident qui a failli le rendre tétraplégique, Grand Corps Malade rend hommage à l'école de la République et aux enseignants de banlieue dans La Vie scolaire, qui sort sur les écrans ce mercredi 28 août, à quelques jours de la rentrée des classes.

Samia (Zita Hanrot) débarque de province pour occuper le poste de CPE (conseillère principale d'éducation) dans un collège "difficile" de Saint-Denis, en banlieue parisienne. Jour après jour elle y découvre les problèmes récurrents de discipline (règles à respecter, punitions, convocations des parents, explications, bagarres, téléphones portables, cantine) mais aussi l'incroyable vitalité et l'humour, tant des élèves que des enseignants et des surveillants.

Il y a le prof de maths respecté des élèves, autoritaire et chambreur; le prof d'histoire plutôt antipathique et qui souffre de l'indiscipline; le prof de musique d'abord coincé mais qui libère ses élèves par le rap; le prof de gym qui invente des exercices saugrenus. Il y a les deux surveillants (Moussa Mansaly et Alban Ivanov) qui font un concours à qui donnera les punitions écrites les plus stupides, comme celle-ci: "Non je ne suis pas exorciste et je n'ai aucune preuve que mon prof principal soit possédé".

Lire la critique – Patients: Grand Corps Malade revient sur l'accident qui a failli le paralyser à vie et sur sa rééducation réussie

Il y a surtout les élèves de la classe de 3ème SOP (sans options), celle dont un enseignant dit en plaisantant: "On a pris tous les cancres et on les a mis ensemble". Et parmi eux Yanis (Liam Pierron), un adolescent vif et intelligent, mais désabusé comme beaucoup d'autres et qui se cache derrière son insolence. Samia va tout faire pour l'aider, même malgré lui, à lutter contre un échec scolaire annoncé. "Je ne vais pas te lâcher. Là tu es sur une mauvaise pente et c'est trop dommage parce que moi je sais que tu vaux mieux que ça", lui dit-elle en début d'année. "Et si je ne valais pas mieux que ça?", lui répond-il (voir la bande-annonce ci-dessous)….

L'expression administrative "vie scolaire" désigne les droits et obligations au sein d'un établissement scolaire, aussi bien de ceux qui y travaillent (enseignants, surveillants, personnels divers) que de ceux qui y sont inscrits (les élèves). "On avait envie de traiter de l’école, mais sans idée préconçue. Puis on a choisi le collège parce qu’en dehors de l’aspect scolaire, c’est là où tu te construis, tu vis tes premiers flirts, tu t’affirmes…", explique Grand Corps Malade qui, comme pour Patients, a co-réalisé le film avec son ami Mehdi Idir, qui réalise ses clips de slam depuis une dizaine d'années.

Comme pour Patients, tous deux alternent dans le film humour et gravité, gags très drôles et réflexions sur le système scolaire, dans cette comédie sociale et humaniste, tranche de vie scolaire d'une année, qui évite les grands discours pontifiants sur l'échec scolaire ou les solutions miracles pour y remédier. "Pourquoi c’est si difficile? Pourquoi le système échoue encore trop souvent? On n’a voulu taper sur personne: ni les enfants, ni le personnel encadrant, ni les parents", dit Grand Corps Malade. "Quant au système, s’il est loin d’être parfait, on ne peut pas tout lui mettre sur le dos. Mais alors d’où vient le problème? Le personnage de Messaoud (le prof de maths) avance un début de réponse: «Le contexte est plus fort que nous»".

Le film, qui s'intéresse aussi, sans en faire une excuse à l'échec scolaire, à l'environnement social hors du collège dans ces quartiers difficiles (proches en prison, chômage, tentations diverses dans la cité, drogue et violence), est un hommage au dévouement de ces enseignants de l'école de la République symbolisé par ce personnage de Samia, CPE qui consacre toute son énergie et tout son cœur à son travail. "Un CPE traite 10 problèmes différents par heure. Il est en contact avec les parents, les élèves, le personnel administratif, les professeurs...", explique Mehdi Idir.

Le personnage est interprété joliment par Zita Hanrot, César du meilleur espoir féminin en 2016 pour Fatima, qui fait un duo convaincant avec son élève principal, Yanis, joué par le jeune débutant Liam Pierron, sosie de Kylian Mbappé jusque dans sa manière de parler.

Lire aussi – César 2016: Fatima, Marguerite et Mustang vainqueurs de la soirée

Si les autres comédiens interprétant les enseignants et surveillants sont tous excellents, ce sont surtout les jeunes adolescents non professionnels, habitants de la cité des Francs-Moisins à Saint-Denis où a eu lieu le tournage, qui donnent son authenticité au film et à leurs personnages insolents, turbulents, bêtes et méchants parfois, sympathiques souvent.

Ça sonne vrai, pas seulement par les dialogues incontournables des films sur les banlieues ("Gros", "Frère", "La vie de ma mère", "Wallah", "Ferme ta gueule", "J'm'en bats les couilles") mais, explique Grand Corps Malade, par "la fraîcheur de leur jeu. C'est la magie des gamins. Ils sont vifs, intelligents, comprennent vite, s'approprient le texte et amènent le rôle ailleurs. Je ne veux pas dénigrer le travail des pros, mais parfois on a le sentiment que certains acteurs comprennent ce que tu attends et te le servent. Les gamins eux, restent eux-mêmes".

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